Base syrienne bombardée

Les USA maîtres du jeu

Lors d'un rassemblement contre l'action militaire américaine en Syrie, le 7 avril 2017.

Avec l’attaque massive décidée par Donald Trump contre Bachar El Assad – une rafale de 69 missiles Tomawak s’abattant soudainement sur une base aérienne de l’armée syrienne –, le conflit syrien vient de prendre une nouvelle tournure. De quoi demain sera-t-il fait ?

l’armée syrienne a-t-elle recouru aux armes chimiques ? Car, là, aucun doute n’est possible : ils sont les seuls à disposer à la fois d’une aviation et d’un arsenal de cette nature.

La logique de cette attaque est probablement celle de « représailles », dont l’exemple historiquement le plus célèbre est celui d’Oradour sur Glane, quand l’armée nazie battant en retraite décidait d’exterminer la population entière d’un village. Même quand elle est rendue au comble de l’horreur, la barbarie veut toujours aller plus loin dans l’escalade de la terreur pour tenter d’écraser son opposition. Le recours aux armes chimiques est sans doute un effet de cette escalade punitive qui fait basculer un acte de guerre en un crime contre l’Humanité qu’il était nécessaire de sanctionner.

La sanction que ce bombardement américain constitue n’est pas que symbolique. Elle a détruit une base de l’armée de l’air syrienne sur la dizaine encore en activité, et plusieurs de ses avions de combat. L’allié russe du régime syrien a été soigneusement épargné par le raid, et même prévenu à temps pour qu’il puisse se mettre aux abris. Sans doute a-t-il eu le temps de prévenir aussi les syriens, ce qui a limité les pertes humaines, sans laisser le temps d’activer les défenses anti-aériennes. La sanction est là, et bien là, et ô combien méritée, après un nouveau crime contre l’Humanité qui, s’il n’avait pas été sanctionné, en aurait appelé d’autres.

 

Le contre-pied que constitue la décision de Donald Trump après une campagne consacrée en grande partie à critiquer le parti pris anti-Bachar El Assad de Barack Obama a surpris tous les observateurs.

L’effet en retour sur l’élection présidentielle française est d’ailleurs assez cocasse.

Plusieurs candidats avaient applaudi à la victoire de Donald Trump et à sa ligne réputée conciliante avec la Russie de Vladimir Poutine. Marine Le Pen avait été la plus bruyante, jusqu’à bénéficier d’une réception officielle au Kremlin.

François Fillon, lobbyiste pro-russe intéressé à ses moments perdus, avait mis la Russie au premier rang des partenaires privilégiés de son hypothétique future présidence. L’un comme l’autre sont pris à revers par le brusque changement de cap de leur champion à Washington.

 

Probablement, Donald Trump a surpris Vladimir Poutine aussi. En une salve de missiles, les USA ont montré qu’ils pouvaient reprendre la main à tout moment sur le théâtre d’opérations grâce à leur puissance militaire. Un chiffre pour illustrer la réalité des rapports de forces : sur environ 8.000 bombardements effectués en Syrie, essentiellement pour lutter contre l’Etat Islamique, 95 % ont été effectués par les Américains ! En fait, le reste de la coalition, dont la France, n’a qu’un rôle marginal, et les USA décident seuls.

Placé entre les mains du seul Donald Trump, ce pouvoir sans partage inquiète à juste titre. Les cartes sont rebattues, mais la perspective de paix est toujours aussi lointaine.

« In tempu di guerra, bucie quant’è terra» : les mensonges sont la règle et la vérité bien difficile à percevoir quand les guerres se déchaînent. Quel est l’agenda caché de Donald Trump et de ses stratèges du Pentagone ? Quelle sera la réaction de Vladimir Poutine ? Quelle sera celle de l’Iran engagée à la fois avec les USA en Irak, et contre les USA en Syrie ?

Au lendemain du bombardement de la base d’Al Chaarayate, la confusion est à son comble et les USA s’imposent comme les maîtres du jeu.

François Alfonsi.

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