Prisonniers politiques

Castex botte en touche !

Le 19 octobre dernier, le député Jean Félix Acquaviva a interpellé le Premier Ministre sur le rapprochement et la libération de Petru Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna. Celui-ci a botté en touche en mentant de façon éhontée. Il a annoncé sa venue en Corse qui risque bien d’être agitée.

 

Question au gouvernement

« Monsieur le Premier Ministre, pour la deuxième fois consécutive, Pierre Alessandri, un des trois membres du commando dit Erignac vient de se voir refuser sa libération conditionnelle en appel. Celui-ci a effectué sa peine, il a même dépassé de plus de 4 ans sa période de sûreté de 18 ans. À chaque fois, son projet de réinsertion a été validé par tous les experts, toutes les commissions locales de l’administration pénitentiaire, de même que par les juges en première instance, mais à chaque fois le Parquet antiterroriste a fait appel pour in fine aboutir à un refus obstiné. Les motifs invoqués par la Cour d’Appel cette fois-ci de « troubles à l’ordre public ayant déstabilisé durablement les institutions de la République » démontrent qu’à l’instar d’Alain Ferrandi et de Yvan Colonna, le traitement du prisonnier Alessandri est politique et motivé par une vengeance aujourd’hui décomplexée. Cette même logique vous avait déjà conduit, en janvier dernier, à refuser la levée fondée du statut de Détenu Particulièrement Surveillé, empêchant tout rapprochement dans l’île et pénalisant encore les familles par la double peine. Toute la Corse respecte profondément la douleur de la famille Erignac. Respecter la douleur des familles endeuillées ne peut conduire en aucun cas à accepter la vengeance d’un État profond qui fait tout pour qu’au détriment des droits les plus élémentaires de ces hommes et de leurs familles, une peine de mort déguisée se cache derrière une perpétuité réelle et à tout prix. Montesquieu écrivait « il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice. » Alors que nous venons de commémorer les 40 ans de l’abolition de la peine de mort, la tyrannie et la haine manifestées dans ce dossier viennent scier les fonds baptismaux des principes démocratiques et républicains. Monsieur le Premier Ministre, quand allez-vous permettre le rapprochement de ces hommes en Corse, de même que l’exercice de leurs droits à la réinsertion, et tourner le dos à la vengeance et la haine, consolidant enfin les voies de la paix construite dans l’île ? » •

 


 

À cette interpellation, le Premier Ministre affirme que la cour d’Appel confirme le jugement de première instance. Ce qui est faux ! La première instance a décidé la mise en liberté conditionnelle et c’est bien le parquet anti-terroriste, donc le ministère public, c’est à dire l’État, qui fait appel de cette décision. En s’appuyant sur la seule justice, Petru Alessandri aurait dû être libéré.

Le Premier Ministre botte en touche en renvoyant à l’avis de la prochaine commission de levée du statut de DPS qui doit décider « en toute impartialité » dit-il. Or, en décembre 2020, l’avis de la commission était favorable et c’est lui-même, Premier Ministre se substituant au Garde des Sceaux, qui est allé contre cet avis en maintenant le statut de DPS qui empêche tout rapprochement. On est donc bien devant une décision politique et une vengeance d’État dont le gardien reste le gouvernement.

« Il serait temps que l’on sorte définitivement de cette impasse et que le gouvernement prenne une fois pour toute ses responsabilités, plutôt que de vendre des artifices et des leurres en termes de discours et maintenir cette vengeance d’État intolérable » a encore dénoncé Jean Félix Acquaviva. « Plus personne n’est dupe. La paix se construit, elle ne se décrète pas. Hè più chè ora. Per elli è e so famiglie. »