Furiani

29 ans après, plus de match le 5 mai

Le soir du 5 mai 1992, la finale de la coupe de France de football entre le SC Bastia et l’Olympique de Marseille au Stade Armand Cesari prenait une tournure tragique à quelques minutes du coup d’envoi avec l’effondrement d’une tribune provisoire. On déplore ce soir-là 2357 blessés et dix-neuf morts.

 

Plus aucun match de Ligue 1, de Ligue 2, de Coupe de France ou de Trophée des champions ne sera désormais joué un 5 mai. Vingt neuf ans après le début de la lutte pour la reconnaissance de la mémoire des victimes, c’est une victoire pour le Collectif des victimes de la catastrophe de Furiani. Ce 14 octobre, le Sénat a voté à main levée et sans modification la proposition de loi de Michel Castellani, adopté en février 2020 par l’Assemblée nationale visant à interdire la tenue des matchs de foot à la date anniversaire de la catastrophe de Furiani intervenant quelques mois avant le trentième anniversaire du drame. Le dispositif concernerait alors huit journées de championnats d’ici à 2040.

Le texte prévoit alors par son unique article que « En hommage aux victimes du drame national survenu en marge de la rencontre de Coupe de France disputée au stade Armand‑Cesari de Furiani le 5 mai 1992, aucune rencontre ou manifestation sportive organisée dans le cadre ou en marge des championnats de France professionnels de football de première et deuxième division, de la Coupe de France de football et du Trophée des Champions n’est jouée à la date du 5 mai. »

 

Si l’accord du 22 juillet 2015 qui avait signé l’engagement de ne pas disputer de match de football les 5 mai tombant un samedi a constitué une étape importante dans la reconnaissance de la catastrophe de Furiani, cet aménagement du calendrier sportif n’était pas suffisant pour l’accomplissement du devoir de mémoire. Les matchs continuaient alors à être programmé le 5 mai lors de certaines saisons comme celle de 2009-2010 ou encore celle de 2011-2012. La Fédération professionnelle de football, qui avait choisi de commémorer le drame de Furiani par des évènements, des hommages et des actions de sensibilisation s’était opposé à la vision du Collectif des victimes du 5 mai 1992, préférant le recueillement.

Cependant, la proposition de loi Castellani avait enfin trouvé de multiples soutiens alors que sur les huit groupes que comptent l’hémicycle, un seul s’est exprimé contre. « C’était un jour attendu, important et décisif pour le collectif. C’est l’aboutissement d’une démarche qui dure depuis des années, c’est un véritable soulagement. C’est un poids énorme qui est enlevé et le collectif pourra se recentrer sur autre chose comme de la sensibilisation aux valeurs du sport et la mise en place de nouveaux projets », s’est félicité Josepha Guidicelli, présidente du collectif du 5 mai.

La date du 5 mai est aujourd’hui sacralisée et les victimes enfin reconnues, enfin. •

Pauline Boutet-Santelli.

 

E reazzioni

Collectif des Victimes du 5 mai. « Enfin ! Merci à vous de nous avoir soutenus dans notre démarche ! Notre engagement va se poursuivre à travers des actions de sensibilisation, de commémorations pour que le souvenir et le devoir de mémoire demeurent. #ÙnCappieremuMai. #PerElli » •

Miché Castellani. « Je suis soulagé, je suis heureux, même si le terme est impropre, d’être arrivé au bout de cette procédure avec l’aide du groupe, l’aide de beaucoup de gens au Sénat aussi, et parce que c’est une promesse que j’avais faite au moment de la campagne électorale. C’est un devoir de mémoire qui est rempli, je pense que derrière le texte désincarné, il y a beaucoup de gens qui ne sont plus ici, beaucoup de gens qui souffrent tous les jours, c’est à eux que je pense à cet instant, c’est pour eux que nous nous sommes tous battus pour arriver à cette reconnaissance. Je trouve qu’il est bien qu’à côté de ce qu’est le football, avec des athlètes de très haut niveau, avec beaucoup d’argent qui circule, qu’au moins une journée par an, il y ait une autre dimension, qui est une dimension humaine, une dimension éthique du sport et du football en particulier. C’est aussi ça cette loi du 5 mai. » •

Paulu Santu Parigi. « Trent’anni chè n’aspettàvamu a dignità, a ricunniscenza, a mimoria pè i nostri morti di Furiani. Populu corsu, a lege hè passata. Oghje sì intesu è sta vittoria hè toia. Ricordu eternu à i morti di Furiani. » •

Gilles Simeoni. « Près de 30 ans après, la promesse faite aux victimes devient enfin réalité. Il n’y aura plus de match le 5 mai. Merci aux parlementaires qui ont porté cette loi et ceux qui l’ont votée. Bravo au Collectif du 5 mai 1992 pour son combat titanesque. Pinsemu oghje à e vìttime è à e so famiglie. » •

Jean Félix Acquaviva. « Le gel des matchs pro le 5 mai devient enfin réalité après le vote conforme du Sénat. Le travail du Collectif du 5 mai 1992 a payé. Réparation est faite, Merci à tous les soutiens. En particulier Paulu Santu Parigi, les écologistes au Sénat, Michel Castellani, le groupe Liberté et Territoires, Jean Jacques Panunzi. Victoire collective. » •

Paul André Colombani. « Adoption de la loi Castellani sur le gel des matchs le 5 mai au Sénat. Moment d’émotion historique qui consacre enfin la demande portée par le collectif des victimes de la catastrophe de Furiani. Désormais le devoir mémoriel passera avant les logiques économiques. » •

François Alfonsi. « Super travail parlementaire et magnifique résultat ! Ce combat de nombreuses années pour la dignité a trouvé, grâce à Michel Castellani et les groupes Liberté et Territoires à l’Assemblée et Écologistes au Sénat, une reconnaissance justifiée. » •

Sporting Club de Bastia. « Le SCB se félicite du vote, ce jour, du Sénat qui a entériné le gel des matchs professionnels le 5 mai ! L’ensemble du club a aujourd’hui une pensée émue pour toutes les victimes et pour le Collectif du 5 mai 1992. #PasDeMatchLe5Mai » •