Justice pour Maxime Beux

Enfin un procès aux Assises !

Christophe Mercier, suspecté d’avoir porté le coup qui a handicapé à vie Maxime Beux le 13 février 2016*, sera jugée en Cour d’Assises. Cinq ans après les faits, enfin un début de reconnaissance juridique dans cette affaire scandaleuse où tout a été fait pour décrédibiliser la victime.

 

Ce 13 février 2016, le Sporting Club de Bastia remporte sa première victoire à l’extérieur. C’est un exploit! Après le match, un groupe de supporters bastiais qui regagne le bus est suivi puis agressé par les policiers de la BAC rémoise qui profèrent des insultes au relent de racisme anti-corse. «Sans raison apparente, parce qu’on n’était en train ni de chanter ni de dégrader quoi que ce soit, ni menaçants, ni masqués, ni armés, ils ont lancé une première charge qui a amené à ce qu’on fuit» raconte Maxime. «La deuxième charge était un véritable guet-apens, les voitures sortaient de tous les côtés, des voitures-béliers qui essayaient de faire tomber des jeunes qui fuyaient, des policiers armés jusqu’aux dents, des matraques, des flashballs, des scènes assez violentes. C’est le moment où un policier me met en joue, je le vois du coin de l’œil du côté gauche alors que je suis en train de fuir, je ressens l’impact instantanément, la douleur était horriblement intense, je perds énormément de sang, je m’écroule, les policiers me passent à tabac, je prends des coups au sol et je suis menotté alors que le choc reçu ne permettait bien évidemment pas que je me débatte, je suis amené directement au commissariat.»

 

Interpellé avec une dizaine d’autres supporters qui réclament qu’on s’occupe de lui, Maxime continue à perdre beaucoup de sang, mais reste menotté, les secours ne seront appelés qu’au bout de 40mn lorsqu’il perd connaissance. Transporté à l’hôpital, les policiers «moqueurs» et «insultants» reviennent le chercher le lendemain, mais un médecin intervient. Sa blessure est trop grave et réclame une intervention d’urgence pour tenter de sauver son œil.

Pour la vue, c’est trop tard. Il en a perdu définitivement l’usage.

Sa version a été largement corroborée par les vidéos-surveillance et les témoignages, au point que la justice a été contrainte de revenir sur les déclarations scandaleuses du procureur et du ministre de l’intérieur de l’époque, puisque le policier incriminé a été mis en examen trois ans plus tard, en avril 2019.

Il a fallu deux années d’instructions supplémentaires pour conduire à un renvoi aux Assises. «Le ministre de l’Intérieur présente Maxime comme un hooligan, déclare en mars 2016 Maître Eric Dupond-Moretti**, alors avocat de Maxime, le procureur de Reims nie l’utilisation d’un Flash-Ball, et déclare que c’est en tombant qu’il a perdu l’usage de son œil. Il y a eu une série de mensonges de la police et surtout du parquet. (…) Je ne suis pas expert médico-légal mais je sais qu’au-dessus d’un œil, il y a une arcade sourcilière, et qu’au-dessous, il y a une pommette. Si on tombe sur un poteau, ça ne crève pas un œil. Par contre, si vous recevez une balle de Flash-Ball, c’est de nature à vous le faire perdre. (…) Dans un premier temps, le parquet a dit qu’il n’y avait pas eu de tir. Puis il a dit qu’il y en avait eu un, que Maxime avait été touché au ventre, et que c’est en se cognant contre un poteau qu’il a perdu son œil. C’est complètement faux. J’envisage d’ailleurs de demander au juge d’instruction la possibilité d’entendre le procureur de Reims sur ses déclarations. (…) Ce n’est pas la première fois que la dangerosité de cette arme est mise en cause. Il y a de trop nombreuses victimes pour en attester, parfois à titre posthume. (…) Maxime Beux est victime d’une infirmité permanente. En droit français, c’est un crime. (…) Il y a quand même quelque chose d’incroyable dans cette affaire: le ministre de l’Intérieur, qui connaît parfaitement les règles de séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire, s’autorise des déclarations qui ne vont pas dans le sens de cette séparation.»

Le futur Garde des Sceaux ne mâchait pas ses mots à l’époque…

 

Le 20 février 2016, plusieurs milliers de personnes défilent dans le calme à Bastia, mais c’est encore Maxime (pourtant à peine rentré en Corse) et ses amis qui sont montrés du doigt. Quelques heures avant cette manifestation des accusations de velléités de violence sont portées par les forces de l’ordre qui invoquent avoir trouvé un sac d’explosifs comportant leurs empreintes… Avant de démentir peu de temps après par la voix du procureur! Aucun élément n’a pu incriminer les supporters dont sept ont été pourtant condamnés à des amendes. De là à penser que l’on cherchait à décrédibiliser le jeune Maxime et ses amis…

Souhaitons que le procès lève le voile sur la vérité et rende enfin justice à Maxime, sa famille et ses amis. •

ARRITTI.

* Un tir de flashball selon Maxime, une chute sur un poteau selon la police, mais le procureur semble avoir désormais retenu un coup de matraque.
** Source Le Point.