Vie chère et gilets jaunes

Résolution solennelle de l’Assemblée de Corse

Ce 29 novembre, la session de l’Assemblée de Corse s’est tenue avec l’ordre donné par le Président du Conseil Exécutif de Corse d’ouvrir les grilles de la Collectivité de Corse aux gilets jaunes venus saisir les élus de leurs inquiétudes et de leurs attentes. Ils ont été reçus par les deux présidents qui ont proposés dans la foulée au vote des élus une résolution solennelle associant tous les groupes de l’Assemblée, relative au climat social, au coût de la vie et au problème du prix du carburant en Corse.

 

Malgré les casseurs, malgré les tentatives de récupération politiciennes, notamment de mouvements d’extrême droite, malgré les accusations de jemenfoutisme par rapport à la crise climatique planétaire, malgré l’anarchie parfois d’une grogne qui n’est organisée par aucun parti, aucune formation syndicale, née spontanément à partir d’un ras-le-bol exprimé sur les réseaux sociaux, malgré enfin le réveil tardif du gouvernement, tentant en vain de désamorcer la crise, les actions de blocage des gilets jaunes se poursuivent sur le Continent.

 

Elles se durcissent même lors des rendez-vous parisiens, et amplifient les revendications selon les catégories de population qu’elles mobilisent, retraités, chômeurs, salariés, mal logés, transporteurs… on est désormais loin de la révolte concernant la seule hausse du prix du carburant, et l’État est aujourd’hui confronté à une crise sociale comme il n’y en avait pas eu depuis longtemps en France.

Ce grand mouvement touche aussi notre île, bien évidemment, mais la Corse et les Corses y expriment une colère peut être encore plus justifiée. La vie y est nettement plus chère. À commencer par le carburant, 6,5 % plus chère en moyenne que sur le continent, avec des pics de surcoût 8 à 9% plus élevés, selon la Préfète de Corse, alors que la TVA du prix du carburant est moins élevée dans l’île (13% contre 20% sur le continent) ! Régulièrement, en 2003, 2012, 2013, 2016, 2017, l’Assemblée de Corse s’est penchée sur cette anomalie. Et la majorité nationaliste a pris plusieurs mesures en trois ans pour lutter contre la précarité.

Plan de lutte contre la précarité, carta Ritirata, Pattu Ghjuventù, Territoire zéro chômeur longue durée, baisse du coût du transport dans le maritime et l’aérien, soutiens aux petites entreprises, etc, mais le retard accumulé est si fort qu’il ne peut être comblé à la hauteur des attentes des classes les plus touchées.

20% de la population en situation de précarité, plus de 80 % est éligible au logement social* (c’est dire si les revenus sont bas en Corse), les présidents du Conseil Exécutif et de l’Assemblée de Corse ont souligné dans leur proposition la souffrance sociale, les appels en faveur de la justice sociale, la préoccupation des prix à la consommation, qu’il s’agisse des prix de l’énergie, des denrées alimentaires ou d’autres produits de consommation. « Le niveau général des prix en Corse est supérieur à celui du continent alors même que le revenu annuel des ménages situe la Corse parmi les régions les plus défavorisées de France » et « le coût plus élevé du carburant relevé par l’étude –diagnostic sur les prix des carburants en Corse rendue en septembre 2012 – contribue à affecter considérablement le pouvoir d’achat de la population de la Corse et à fragiliser de nombreux secteurs de l’économie insulaire, notamment celui des transports » ont dénoncé les élus : en juillet 2018, +12,88 centimes d’euros de différence entre le prix moyen par litre pour le SP 95 et +11,55 centimes d’euros de différence pour le gazole. (source : Corsica statistica – observation des prix des énergies – juillet 2018).

Aussi, toutes tendances confondues, les élus demande solennellement au gouvernement le gel de la hausse du carburant en Corse et la mise en oeuvre d’une Conférence sociale pour se pencher sur cette situation générale afin de prendre des mesures associant tous les acteurs institutionnels et collectifs de citoyens. Ci-contre la résolution adoptée à l’unanimité.

F.G.

* Fiscalité sociale. L’Assemblée de Corse a également adoptée à l’unanimité une motion déposée par Femu a Corsica associant l’ensemble des groupes à propos de la TVA construction pour le logement social, augmentée de 5,5% à 10% depuis le 1er janvier 2018, et qui impacte la capacité à construire ou à réhabiliter. Encore une fois, on touche les plus pauvres alors que la Corse est en grande demande de logement social (plus de 6000 foyers en attente). Et c’est d’autant plus injuste, que du fait de cette précarité et du handicap de l’insularité, la Corse a toujours eu un différentiel de TVA. Différentiel désormais purement et simplement gommé, tant vis-à-vis du continent que vis-à-vis du logement libre. Un scàndalu !

 

 

LA RÉSOLUTION

« L’ASSEMBLEE DE CORSE CONSTATE un différentiel illogique, injuste et incompréhensible des prix des carburants entre la Corse et le continent.

 

SOUHAITE mettre un terme à cette situation dans les plus brefs délais.

 

INSTALLE une conférence sociale qui se réunira au moins deux fois par an. Elle sera ouverte à tous les acteurs institutionnels, consulaires, sociaux et collectifs de citoyens.

 

DIT que les premiers travaux de cette conférence sociale seront consacrés à la question de la cherté du prix des carburants et aux façons de la corriger.

 

SOUHAITE que la conférence sociale mène les échanges relatifs à la question des carburants à leur terme dans un délai de trois mois afin d’établir un diagnostic partagé.

 

DEMANDE solennellement au Premier ministre d’annoncer, avant sa visite prévue du 9 au 11 décembre, le gel de la hausse du carburant en Corse, prévue en janvier 2019, jusqu’ à la mise en oeuvre du mécanisme de régulation et de correction des prix qui aura été validé sur le fondement du diagnostic adopté par la conférence sociale. »