I messaghji d’Edmond Simeoni

Appertura

« Certains Corses, pas trop nombreux heureusement, considèrent que le peuple corse est au centre de l’Univers !!! Ils devraient cesser de regarder et d’adorer leur nombril, car cela rend narcissique, égoïste et obtus. Si on admet que nous sommes une parcelle de terre infiniment petite et que notre très, très petite influence joue seulement à l’intérieur de nos 8.700 km², alors on devient modeste, enclin au partage et ouvert. Il n’y a pas photo entre les deux choix. L’un conduit au rabougrissement et l’autre à la plénitude »… écrivait sur sa page Facebook Edmond Simeoni le 26 novembre 2018. S’il exprimait ce besoin de rappeler la dimension du nationalisme corse, un nationalisme d’ouverture, de partage et de tolérance, évoluant dans une vaste interdépendance, c’est que la tentation, surtout pour une île, du repli sur soi, est un des dangers qui guette continuellement. « J’ai toujours profondément cru à l’échange et à l’intelligence collective » disait-il encore. C’est vrai dans le berceau qui est le nôtre, à la fois méditerranéen et européen, vrai au sein de notre société, vrai au sein même du nationalisme et vrai aussi à l’intérieur des partis et de l’engagement militant.
À plus de 20 ans d’intervalle, dans son livre* « Corse, la volonté d’être » paru en 1995, il exprime dans le préambule ce besoin impérieux de s’ouvrir aux autres. C’est dire la force de la philosophie qui l’animait. Une constante de sa vision de la Corse. Extraits.

 

 

«Pour éclairer et comprendre l’île, il faut toujours la situer, même brièvement, dans son environnement général dont il peut sembler commode soit par aveuglement, soit par choix délibéré de vouloir l’abstraire. En effet, comment peut-on effectuer une démarche rationnelle, essayer de réfléchir à l’avenir de la Corse sans connaître son Histoire, sans l’intégrer dans la démarche beaucoup plus large de l’évolution des sociétés et de leurs faits marquants ? Peut-on raisonnablement nier l’influence ici de l’économie mondiale, de l’évolution des mœurs, de la densité et de la rapidité de l’information, des acquis technologiques ? Que la qualité de la mer qui nous baigne dépend d’abord et surtout du niveau de vie de centaines de millions de riverains ? Que si nous sommes les enfants de la Méditerranée, la France joue toujours un rôle déterminant en Corse, et que demain, en dépit d’une évolution politique désormais inéluctable, elle y jouera encore un rôle important ? Que l’Europe conditionne chaque jour davantage notre vie ainsi que les évolutions de la France en dépit des réticences de celle-ci ? Nier la complexité et l’interdépendance des problèmes, c’est se réfugier dans un nombrilisme stupide, prélude à l’échec ; c’est pourquoi j’ai toujours essayé d’éviter ce piège grossier qui débouche sur le gouffre des démarches solitaires et désincarnées, des recherches vaines de solutions, des tentations détestables de repli ou de chauvinisme ; les progrès des idées et des hommes, donc des sociétés, ont reposé et reposeront chaque jour davantage sur l’échange, la solidarité et le métissage ; l’évolution de la démographie mondiale en particulier montre à l’évidence qu’il n’y a pas d’autre solution sauf à admettre le sous-développement, la faim, la misère et/ou les guerres. » •

 

*Paru aux Editions Albiana.
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