Pascale Bona pour Tavignanu Vivu

« Signez notre appel ! »

Que dénoncez-vous ?

En 2015 dans un contexte de crise des déchets et de manque d’exutoire pour les terres et déchets amiantés, une société privée, Oriente Environnement, dépose un projet de création de deux centres d’enfouissement pour 80.000 t de déchets ménagers par an durant 30 ans, et 102.000 t de terres amiantifères et déchets amiantés durant 12 ans.

Le terrain choisi, propriété de l’un des porteurs de projet, cumule les contre-indications : situé dans un méandre du Tavignanu, second fleuve de Corse, la zone est instable. On l’appelle « la montagne qui marche », c’est tout dire ! Les captages pour l’eau potable et l’eau d’irrigation sont situés en aval immédiat du site, classé Espace Stratégique Agricole du Padduc, dont une partie en Zone Natura 2000 et Znieff de type 1 abritant une biodiversité remarquable.

4M de m3 d’eau sont prélevés chaque année pour desservir la population et les besoins agricoles de la plaine orientale. C’est dire l’importance de ce fleuve pour toute vie. Vie économique aussi car la région accueille des activités de loisir liées au tourisme vert.

Le Collectif exige que le site du lieudit Fajo soit rendu à sa vocation première : l’agriculture. Nous sommes déterminés à empêcher la réalisation de ce projet totalement aberrant. Adhérez au Collectif !

 

Quelle a été votre action jusqu’ici ?

La forte opposition de la population donne naissance au collectif Tavignanu Vivu en janvier 2016. En novembre, pour toutes les raisons invoquées le préfet Alain Thirion refuse l’autorisation d’exploiter. En janvier 2017 la société Oriente Environnement fait appel. Le 3 octobre 2019 le Tribunal Administratif autorise le projet. Le Collectif fait appel rejoint par l’association U Levante et la Collectivité de Corse. Mais le 4 juillet 2020, la Cour d’appel de Marseille confirme l’autorisation, idem le Conseil d’État le 21 avril 2021.

Le Collectif a pourtant fourni de nombreuses expertises dont celle de Paul Royal ingénieur géologue expert auprès des tribunaux. Nous avons participé à l’enquête publique avec plus de 600 contributions de citoyens, élus, communes voisines, scientifiques, les services de l’Etat ont fait part de leurs inquiétudes. L’enquêtrice publique a émis un avis défavorable. Le Coderst également. Rien n’y a fait.

 

Et l’État n’a pas poursuit sur son premier avis…

Contre toute attente, l’État n’a pas défendu sa décision (mémoire succinct et absence à l’audience). L’entreprise a produit une expertise biaisée et les juridictions successives ne sont jamais revenues sur le fond de l’affaire malgré la présence de la Collectivité de Corse. Une carte élaborée par les services de l’État et l’Office de l’environnement situant le projet dans une zone d’exclusions règlementaires et à enjeux environnementaux forts aurait dû peser. C’est incompréhensible. Le préfet Ravier a conditionné l’autorisation de prescriptions eu égard à la dangerosité du site. Elles ont été attaquées en justice par l’entreprise. Le jugement est en attente. C’est dire le culot et le soutien incompréhensible qu’obtient cette société.

 

Comment parvenez-vous à la déclaration des Droits du Tavignanu ?

En septembre 2019, Valérie Cabanès, juriste internationaliste, donne une conférence sur les droits de la nature en présence de nombreux élus de la région. Le Collectif entrevoit une autre façon de défendre le Tavignanu. S’ensuit une prise de contact avec les juristes de Notre Affaire à Tous ainsi que l’eurodéputée Marie Toussaint et nous rédigeons la déclaration des Droits du Tavignanu.

 

Quels en sont les objectifs ?

Il s’agit à court terme de porter le combat au-delà de la Corse, sur le plan national et européen, pour protéger ce fleuve. À moyen terme, initier une démarche citoyenne pour peser sur le plan politique et obtenir que soient mieux prises en compte la protection de la nature face aux projets industriels. À long terme, contribuer à la création d’une législation pour l’environnement qui reconnaîtra les droits de la nature et dans laquelle les entités naturelles auront une personnalité juridique par la voie constitutionnelle.

Le collectif Tavignanu Vivu est rejoint dans cette démarche par les associations Umani et Terre de liens Corsica qui cosignent la déclaration. Plusieurs élus européens, locaux ou citoyens l’ont également cosignée et chacun peut le faire. Elle est en ligne depuis le 29 juillet et nous approchons les 3000 signataires. Un appel est lancé, rejoignez notre combat ! •

 

Signez !
https://www.tavignanu.corsica/ declaration-des-droits-du-fleuve-tavignanu