FLNC

Un procès à contretemps

Les faits se sont déroulés en 2012, et ont constitué la dernière vague d’attentats menée par le FLNC contre des résidences secondaires. Deux ans après, le FLNC décidait l’arrêt définitif de son action, tandis que le commando était arrêté suite à un travail policier fondé sur la sonorisation de lieux fréquentés par des personnes surveillées.

Puis la machine judiciaire a décidé d’incriminer Pierre Paoli comme donneur d’ordre au nom de l’organisation clandestine. Cette incrimination repose plus sur sa réputation que sur des faits avérés, et, après 18 mois de détention préventive, il a été remis en liberté.

La question que devra évaluer le tribunal est celle du contexte. Celui des attentats n’est plus celui du verdict, et c’est tout le paradoxe de ce procès qui vise des militants, notamment Pierre Paoli, qui ont justement oeuvré à l’évolution du contexte corse depuis l’arrêt définitif des attentats par le FLNC.

En fait ce procès à contretemps conforte la nécessité d’arriver à une amnistie pour les auteurs de faits de nature politique dès lors que la violence est abandonnée. C’est ce que les « grands témoins » de ce procès, Gilles Simeoni et Jean Guy Talamoni, désormais à la tête de la Collectivité de Corse, sont venus expliquer à la Cour. Peut-on vouloir contribuer à la Paix en Corse, et, dans le même temps, ne tenir aucun compte du contexte nouveau qui est désormais celui de la Corse ?

La nécessité d’arriver à une loi d’amnistie est en fait le principal enjeu du « dernier procès » du FLNC. Il sera particulièrement focalisé sur la sentence qui sera prononcée à l’encontre de Pierre Paoli. Jean Charles Orsucci, Conseiller Territorial d’opposition, chef de file des soutiens à Emmanuel Macron dans l’île, a adressé à cet effet une lettre au tribunal où il écrit : « Pierre Paoli a toujours été un interlocuteur de grande qualité et un artisan infatigable de la construction d’une paix durable. Il n’est pas possible de travailler pour la paix en continuant à incarcérer des personnes comme lui ».

Avec ce procès, la Corse réalise qu’elle a tourné une page et que les évolutions politiques du mouvement nationaliste plaident pour l’apaisement.

Les autorités judiciaires françaises auront-elles la même lucidité ? D’ici la fin du mois, le verdict nous le dira.

 F.A.

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