Présidence française de l’Union Européenne

Les Verts et l’ALE interpellent Emmanuel Macron

Mercredi 19 janvier dernier au Parlement Européen, Emmanuel Macron a prononcé un discours devant les parlementaires européens réunis à Strasbourg, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour une période de 6 mois à compter du 1er janvier 2022. L’occasion pour Yannick Jadot et Jordi Solé du groupe Verts /Alliance Libre Européenne, d’interpeller le président de la République sur sa politique au plan national, contraire aux objectifs de l’Europe sur la question environnementale comme des droits des minorités.

 

Lors de son discours, Emmanuel Macron a notamment déclaré qu’il souhaitait que le droit à l’avortement et la protection de l’environnement soient intégrés dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Il faut « actualiser cette charte pour être plus explicite sur la reconnaissance du droit à l’avortement et sur la protection de l’environnement », a lancé le Président français, alors que les eurodéputés viennent d’élire une Présidente opposée à l’IVG, Roberta Metsola.

Pour rappel, le 9 décembre 2021, Emmanuel Macron a annoncé les objectifs de la France à la présidence du Conseil de l’Union européenne : sécurité, plan social, environnement, fiscalité… Mais, sachant que sa présidence ne sera effective que deux mois, du fait de l’élection présidentielle française qui neutralisera son action à compter du 1er mars, son discours est un catalogue de bonnes intentions aux allures de vœux pieux.

Aussi, suite à son allocution, le Président français a-t-il été apostrophé par certains eurodéputés dont Yannick Jadot, eurodéputé du groupe Verts/ALE, et candidat écologiste à l’élection présidentielle française. « Vous avez incontestablement fait un beau discours ! », a lancé d’entrée Yannick Jadot, « mais vous êtes comptable d’un bilan pour la France et d’un bilan pour l’Europe » a-t-il poursuivi, « vous resterez dans l’histoire le Président de l’inaction climatique ! » L’eurodéputé écologiste a également reproché au président français de « chercher à sauver un nucléaire condamné à la faillite…, signer des armistices avec les lobbys » et de « procrastiner, fantasmer sur des solutions dans dix, quinze ou vingt ans ! » Il a poursuivi son intervention en mettant en doute ses orientations pour l’Europe, au vu de sa politique nationale, lui reprochant de « décider chaque jour d’arracher les tentes des migrants à Calais. » « Notre Europe ne sera jamais la vôtre, celle du renoncement climatique, celle du glyphosate, celle de la circulation sans entrave des biens, des services et de la finance, mais des murs, des barbelés et des miradors et des humiliations pour les femmes et les hommes », a-t-il conclu. Applaudi dans ses rangs, il a été bien sûr très critiqué dans les rangs de la macronie.

 

Jordi Solé, eurodéputé catalan, membre du groupe Verts/ALE, a également interpellé Emmanuel Macron à propos des droits politiques et linguistiques de tous les peuples. « Il y a plusieurs façons de rendre l’Union Européenne plus forte, une d’entre elle est de pleinement respecter la diversité… nous ne pouvons pas avoir peur de la diversité » a plaidé l’eurodéputé d’Esquerra Republicana de Catalunya, invitant le président français à être plus courageux sur la question linguistique : « En France, des langues comme l’occitan, le corse, le breton, l’alsacien, le basque et le catalan sont toujours considérées de deuxième classe, soyez courageux pour que ces langues aient le droit et les ressources qu’elles méritent comme d’ailleurs le voulait initialement la loi Molac ! »

Rappelons que cette loi du nom du député breton qui l’a déposée, Paul Molac, adoptée à une large majorité le 8 avril 2021 par l’Assemblée Nationale française, traite de la protection patrimoniale et de la promotion des langues régionales dans l’enseignement et les services publics. Elle a été censurée par le Conseil Constitutionnel à la demande du gouvernement français et de son ministre de l’Éducation nationale, Jean Michel Blanquer, notamment sur la question de l’enseignement immersif. Face à la réprobation de tous les territoires qui défendent une langue régionale, le Premier Ministre a alors pris une directive pour tenter de rassurer sur la possibilité de poursuivre l’enseignement immersif associatif ; pour autant, cet enseignement reste expérimental dans le public, contrairement à la volonté de la loi Molac d’en faire la promotion.

L’intervention de Jordi Solé a été particulièrement appréciée dans les rangs nationalistes de l’ALE. Jean-Félix Acquaviva, député de la deuxième circonscription de la Haute-Corse depuis 2017, a qualifié son discours « d’excellent plaidoyer ».

Clara Maria Laredo.