Nadine Nivaggioni, présidente de la Commission du Développement Économique

« Nous entendons les revendications du monde économique »

Depuis 2004 à l’Assemblée de Corse, Nadine Nivaggioni est une élue d’expérience qui préside la Commission du Développement économique pour Femu a Corsica. Militante très active, elle est également Présidente de la SEM Corse Bois Énergie où elle s’emploie à offrir des opportunités pour structurer la filière bois, et, par sa profession, responsable de Formation à l’AFPA, secteur clé du développement. Elle est donc à toutes les tâches pour faire face à la crise économique.

 

La formation est une des clés du développement de toute société. Quel défi va-t-il falloir relever dans la Corse d’après-confinement ?

Les organismes de formation devront faire preuve d’inventivité face à cette situation économique et sociale inédite. Plusieurs cas de figure vont se présenter : des personnes qui exerçaient jusqu’au 16 mars une activité professionnelle, avec de vraies compétences et des expériences, ne retrouveront pas leur emploi à l’issue du chômage partiel ; d’autres qui avaient travaillé à l’élaboration d’un projet professionnel et qui, après l’obtention d’une qualification, devaient intégrer un emploi saisonnier ou plus pérenne, voient toutes perspectives d’embauche se dissiper ; des étudiants qui, grâce à un petit job d’été, parvenaient à financer leurs études bon an mal an, seront contraints de les interrompre, faute de moyens suffisants et bifurqueront sur la formation professionnelle ; pour les personnes déjà inscrites au chômage, depuis plus ou moins longtemps, la situation va s’obscurcir encore plus.

Toutes ces situations générées ou amplifiées par la crise, nous obligent à ingénieriser dès à présent, de nouveaux dispositifs d’accompagnement et de formation, où les aspects psychologiques et de redynamisation seront tout aussi fondamentaux que l’apprentissage d’un métier lui-même.

Les situations sociales vont évidemment s’en trouver fortement dégradées.

Notre défi, à moyen terme, sera de co-construire avec tous les acteurs économiques, des systèmes alternatifs de rebonds, d’accompagner par la formation, les entreprises les plus agiles à prendre de nouvelles orientations et de former les personnels sur de nouvelles compétences.

 

Le Bois énergie est une filière essentielle de notre développement économique. Comment se porte la SEM Corse Bois Energie ?

Elle se porte bien. Depuis 4 ans, j’honore ma fonction par un engagement sans relâche quotidien, et le souci permanent de la bonne gestion d’une structure dont on m’a confié la responsabilité. Nous produisons des plaquettes de bois à Aghjone à partir de grumes extraites exclusivement des forêts corses. Nous en assurons la vente sur toute la Corse. Nous produisons et acheminons de la chaleur et du froid par un réseau urbain à Corti. La SEM est un outil que, son Directeur M. Calendini et moi-même, avons complètement assaini, restructuré et renouvelé. Nous devons poursuivre nos investissements pour remplacer des équipements vieillissants ; il s’agit de matériels roulants très onéreux, plusieurs dizaines de milliers d’euros chaque fois.

La SEM est prête désormais à prendre une nouvelle orientation d’envergure en matière de production énergétique. La haute saison pour CBE s’étale de novembre à fin avril. La SEM a subi une baisse d’activité sur le dernier mois et demi, du fait de la fermeture de nombreux établissements que nous fournissons. Certains de nos salariés ont été mis en chômage partiel. Nous travaillons à des solutions pour compenser cette perte d’activité et notamment à la commercialisation de produits dérivés.

 

Au sein de la Commission Développement Économique vous avez fort à faire ?

Nous avons décidé le Président de la Commission des Finances, Guy Armanet et moi-même, d’auditionner les acteurs économiques et institutionnels, socio-professionnels, Chambres consulaires, les banques, les assurances, les syndicats, les tribunaux de commerce, les experts comptables… sur l’efficacité des mesures mises en œuvre pour compenser la perte d’exploitation des entreprises, sur le repérage des catégories d’entreprises qui ne sont pas prises en compte, sur la redémarrage d’activité, et sur les ajustements à apporter au modèle économique en vigueur.

Nous les entendons sur leurs revendications ; l’annulation des charges fiscales, la mise en place de plans de relance sectoriels et l’évolution du Plan de Garanti de l’État sont leurs attentes les plus fortes, pour l’instant. Ces contributions alimenteront ensuite l’Exécutif. Nous prenons pleinement conscience par le menu du désespoir et des situations réelles des entreprises et de leurs salariés.

 

Le rapport du Président du Conseil Exécutif « Vince contr’à u Covid19 », appelle à un sursaut de tous les acteurs. Votre avis de militante politique ?

Cette crise radicale accentue le niveau de précarité et de pauvreté de notre région. De façon massive, le sens de la solidarité qui caractérise les Corses est démontré une fois de plus. Toutefois, si la saison touristique démarrait tardivement, les solidarités de tous ordres et les subventions aux entreprises ne suffiront plus pour palier la dégradation générale.

La France doit demander rapidement l’annulation de certaines de ces dettes publiques à la Banque Centrale Européenne pour réinjecter plus massivement encore en direction des ménages et des entreprises et abonder les budgets des régions. Or ce gouvernement a perdu très majoritairement la confiance des français et des Corses. Le mensonge d’Etat, les déclarations contradictoires, l’attitude irresponsable de la Ministre de la Santé jusqu’à sa démission, l’infantilisation des citoyens, les conséquences de l’obstination du Président de la République à tenir le scrutin municipal, etc, etc, ont démontré que la France n’a pas été à la hauteur de la situation sanitaire. Le bilan est lourd.