Pour vivre et se loger au pays

Actions en Bretagne et au Pays Basque le 20 novembre

Nil Caouissin présente le Manifeste pour un statut de résident en Bretagne.
Nil Caouissin présente le Manifeste pour un statut de résident en Bretagne.

Le 20 novembre prochain, sous le mot d’ordre « Vivre et se loger au Pays / Espekulaziori ez », les Basques organisent à Bayonne une manifestation à l’appel du collectif Alda qui s’est emparé de cette problématique du logement. L’explosion des prix du foncier, la difficulté à se loger, les phénomènes de dépossession, la menace sur les terres agricoles préoccupent les Basques comme les Corses. Ces problématiques communes doivent créer des solidarités car, on le voit dans les joutes au Palais Bourbon, l’État reste obstinément fermé à nos revendications. EHBai, parti nationaliste basque, organisait le 18 septembre dernier une conférence sur ce thème à laquelle j’ai eu l’honneur de participer (lire également : « Une action commune pour une problématique commune »).

En Iparralde (Pays Basque Nord), le grand salon agricole organisé par Lurzaindia (chambre d’agriculture associative créée par le mouvement alternatif basque) et le syndical agricole basque ELB, s’est délocalisé cette année à Arbonne pour protester contre la spéculation sur les terres agricoles. Des agriculteurs constitués en collectif occupent 15 ha de terres agricoles convoitées par un acheteur parisien qui en proposait quatre fois le prix fixé par la Safer (3,2 M d’euros contre 800.000 €). Au terme de 80 jours, la transaction a été annulée, mais l’occupation se poursuit car le terrain reste en vente.

 

Le mouvement alternatif basque, dont Alda est l’un des derniers-nés, est très actif en Iparralde et ses revendications sont communes à la Corse : encadrement des loyers, construction massive de logements sociaux et d’hébergement d’urgence, préemption du foncier par les communes, sanctuarisation du foncier agricole, Bail Réel Solidaire… Les propositions de nos députés sont en phase. Les Basques veulent jouer sur la pression fiscale pour réduire les résidences secondaires qui bloquent l’accession au logement des Basques et revendiquent à l’instar des Corses ou des Bretons l’octroi d’un statut de résident et de mesures spécifiques pour freiner la spéculation. « Il y a des actifs, notamment de jeunes ménages, qui ont du mal à acheter et à louer, alors qu’en Bretagne 250 000 logements sont vides 9 mois sur 12, c’est absurde » explique Nil Caouissin, de l’Union Démocratique Bretonne, qui a rédigé un manifeste en faveur du statut de résident en Bretagne. « Cela conduit à l’étalement urbain, plus de constructions, qui consomment des terres agricoles. Cela pose aussi des problèmes de réseau d’eau et d’assainissement, avec des stations d’épuration qui sont dépassées, des réseaux disproportionnés au cours de l’année pour faire face au pic estival. Il faut rationaliser le parc de logements. La secondarisation de la côte pose des problèmes plus indirects : des travailleurs ne peuvent pas se loger, car ils sont en concurrence avec de riches retraités, donc les prix sont inabordables pour des gens au salaire moyen. Dans le Morbihan, certains font des trajets de 30 km depuis l’intérieur des terres pour aller travailler : c’est une perte de temps et de budget, et une pollution évitable. Enfin, il y a la perte de lien social. Ceux qui restent à l’année sont plus isolés. »

 

Les 20 et 21 novembre, en écho avec ce qui se passe en Iparralde, une quinzaine d’associations et de partis politiques, dont l’UDB, les collectifs Dispac’h ou Droit à la Ville, lancent dans plusieurs villes bretonnes une campagne pour le droit au logement et contre le développement des résidences secondaires.

Ces thèmes communs aux différents partis de la Fédération Régions & Peuples Solidaires sont à mettre en avant et à porter de manière solidaire. C’est un combat prioritaire. Il faut faire grandir la protestation partout. •

Fabiana Giovannini.