Scola Corsa

Aiò ch’hè ora !

Le lancement de la filière d’enseignement immersif Scola Corsa était une urgence véritable. Sans cet outil performant de transmission de la langue à nos enfants par l’école, tous les discours sur l’avenir de la langue corse resteraient illusoires.  Il en est la condition sine qua non.

La rentrée 2021 en sera le lancement ; deux premières classes de maternelle ouvriront en septembre à Biguglia et à Bastia Toga. Puis il faudra bâtir progressivement un réseau dense d’écoles maternelles, puis des écoles primaires, puis dans le secondaire, collège puis lycée, pour pouvoir proposer cette offre éducative aux parents et aux élèves volontaires dans toute la Corse. Ceux qui entrent en maternelle cette année entreront en collège dans huit ans et passeront leur bac dans quinze ans. D’ici là, tout est à construire : enseignants à former, classes à ouvrir, écoles à bâtir, puis collèges, puis lycées. La tâche sera immense, l’entreprise est ambitieuse et le défi collectif, s’il est relevé, participera à forger le peuple corse de demain dans sa lutte pour préserver son identité, sa langue, sa culture, alors que des décennies de jacobinisme n’ont eu de cesse que de le faire disparaître.

Le « système jacobin » n’a pas désarmé, loin s’en faut. Preuve en est le sort réservé à la loi Molac par le Conseil Constitutionnel à l’instigation du ministre de l’Éducation Nationale, Jean Michel Blanquer. Cette décision de censurer la loi Molac s’oppose à l’enseignement par immersion qui est le cœur même du modèle que Scola Corsa veut développer en suivant les exemples du réseau Eskolim. Autant dire que chaque étape du déploiement de ce projet de longue haleine sera l’enjeu d’un rapport de forces avec l’appareil d’État qui voudra freiner de toutes ses forces.

Le « mur jacobin » est bel et bien là, dressé par la nomenklatura de l’État français, alors même que les débats, tant au Sénat qu’à l’Assemblée Nationale, ont montré que la représentation élue du pays, et l’opinion française en général, nous sont désormais favorables.

Parmi les lignes de tension entre l’État et la Corse, perceptibles désormais à chaque session de l’Assemblée de Corse, la montée en puissance de notre réseau d’enseignement immersif en langue corse sera appelée à devenir un dossier phare. C’est en le menant à terme, sans faiblir, que l’on accomplira, en grande partie, la révolution démocratique de l’émancipation du peuple corse.

Pour y parvenir, les Corses devront redoubler d’engagement, y compris en termes de soutien financier, et s’engager à fond. Semu, per avà, à l’iniziu di sta « tamanta strada » ! •