Peuple Corse

Comment être à la hauteur d’un sauvetage historique ?

Max Simeoni
par Max Simeoni
Après la première séance de mise en place de l’Exécutif, celle de jeudi/vendredi sera destinée aux nombreux organismes de la CdC, 250 depuis la fusion en 2018 des ex-Conseils généraux, dans le statut Caseneuve.

 

Certains organismes de la CdC ont des pouvoirs influents, comme les Syndicats d’énergies qui ont de gros budgets et distribuent des kilomètres de câbles et ont à faire à tous les maires et administrés. Celui de Corse du Sud, selon Corse Matin de ce lundi 19 juillet, est donc rattaché à la CdC, et Jean Biancucci en deviendrait le président. Gros enjeux de pouvoir, « les leviers d’action de la Collectivité », les directions des Agences et Offices, puis les Sociétés d’économies mixtes où la CdC est majoritaire (Sitec, Air Corsica, CFC, SEM Bois Énergie) puis les syndicats mixtes (Smac, PNRC, les deux SIS, l’ancien Creps : CSJS.)

 

On a aucun mal à imaginer l’enchevêtrement des apartés, des conciliabules, des plans secrets pour « en faire partie », ou des plans B pour trouver des moyens de rebondir et rester dans le jeu des élus, ou dans celui de carrières administratives dépendant des élus majoritaires actuelles ou à venir…

Laurent Marcangeli, leader de la Droite, sera vigilant. Il se voulait celui capable de battre les natios. Il attend et prépare un retour. Il pensait, maire et président de la CAPA sans concurrent, qu’il avait ses chances dans l’Île en regroupant les divers mécontents. Ministres et préfets l’ont poussé mais il est battu.

Les deux autres natios en attente ont des problématiques différentes. Paul Félix Benedetti, sur une ligne indépendantiste non entachée de tractations pour la coalition, a conduit huit de Core in Fronte à siéger à l’Assemblée grâce à des militants convaincus actifs et soudés. Réaliste il sait que désormais il faut trouver une place dans les Institutions sans perdre en cohérence mais avec évidemment souplesse et diplomatie. Il met pour le moment en avant les 68 % de votants pour les natios, suggère sans jouer au donneur de leçon que la logique est de les garder et de les organiser pour le Rapport de force avec l’État jacobin. Peu importe si pour l’heure Gilles Simeoni a tout seul, une majorité absolue. Bref il joue le réalisme et la confiance. Il fait savoir qu’il y est, lui prêt.

Pour Jean Christophe Angelini, la situation est différente. Il est sceptique mais exprime une demande qu’il considère comme un droit démocratique celui d’avoir des sièges au prorata du nombre d’élus… « comme 3e groupe de l’Assemblée de Corse »… « des postes dans les commissions et quelques conseils d’administration assez stratégiques (sic)… ». Il avait la part du lion après les élections de décembre 2017 pour l’Assemblée nouvelle de Caseneuve deux mois après la fusion décidée à l’unanimité au Congrès de Corti d’octobre 2017. La Commission qui avait 6 mois pour préparer cette fusion et proposer des statuts n’a pas réussi et est devenue lieu d’échange politique durant 8 mois supplémentaires pour sortir du blocage donc 14 mois avant que Gilles Simeoni ne lance Fà Populu Inseme, « la porte restant ouverte ».

Les critiques faites par l’opposition emploient des vocables identiques. Laurent Marcangeli : « volonté hégémonique avec risques des dérives »… « j’y veillerai pendant toute la mandature »… « ce n’est pas 40 % de toute l’opinion qui va tout régenter »… il attend sa part « démocratique » de pouvoir, il est furieux à l’idée d’avoir à cheminer 7 ans les bras ballant…

Jean Christophe Angelini parle au nom du groupe. Il est sceptique. « L’Exécutif par nature concentre l’essentiel des pérogatives »… Par nature ou par la Loi ? Il est à priori pour le dialogue mais avec deux considérations préalables. La première : « pas de négociations, des sièges et des postes nous reviennent naturellement au prorata du nombre des élus… pas de simples associés ou accepter des pourboires »…

Paul Félix Benedetti fait référence à la bible du Code des collectivités territoriales (vote secret dans certains cas d’individualisation de décisions ou vote proportionnel intégral au plus fort reste… si on y déroge il faut auparavant voter un autre règlement…). Paul Giacobbi dit-il associait au-delà de l’arithmétique pour un consensus large et si la majorité s’impose par le vote numérique on est, dit-il, dans une majorité technique et non plus politique.

 

L’institution du temps de Paul Giacobbi n’avait pas l’importance de cette Assemblée ni d’Exécutif responsable. La démocratie peut permettre un vote avec retour devant l’Assemblée au suffrage universel pour la renverser et le débat contradictoire devient public, intentions et responsabilités plus transparentes.

En réalité, les ex-coalisés veulent retrouver la coalition qui les avaient portés à des pouvoirs qu’offraient le nouveau statut spécial de Caseneuve pour agir et pour tenir l’Exécutif en laisse. L’esprit est électoraliste augmenté du fait que les autonomistes non pas réalisés la fusion alors qu’ils ont la même analyse et le même objectif, obtenir la reconnaissance du Peuple Corse et l’Autonomie interne pour le sauver de la disparition. Où est le différent ? Certains aspects tactiques ? Lesquels ? Caractère de leurs leaders, égos ? Je ne vois pas.

Imaginons les autonomistes fusionnés, il reste deux tendances : eux et les indépendantistes. Le FLNC a suspendu la lutte armée, le mouvement autonomiste uni aurait été assez fort pour leur permettre et leur garantir de défendre leurs idées par la voie de la démocratie et le suffrage universel, un front commun contre l’État jacobin aurait pu émerger. La démocratie serait renforcée, le totalitarisme jacobin le dos au mur.

 

Gilles Simeoni est tourné vers l’ouverture, élargir, mais sans un Parti fort inséré au sein du Peuple Corse, il n’y a aucune garantie d’avenir de tenir le cap ou de rebondir. Tout pour le moment tient à sa personne, à son savoir-faire hélas ! On ne sauve pas un Peuple par procuration, fusse-t-elle donnée à un leader de talent. La responsabilisation du plus grand nombre est d’autant plus incontournable que le Peuple est petit et en grande difficulté.

Un parti à la hauteur d’un sauvetage historique ou la monnaie de singes des joutes électoralistes une mort donc par overdoses…

Dans l’actualité à suivre la mise en place de cette majorité, dans un avenir non lointain ce que Gilles Simeoni pourra en faire.

Le parti, outil du sauvetage historique, je dirais comment selon moi le concevoir et le mettre en pool. •