Voici le texte que Max Simeoni écrivait pour Arritti en novembre 2021… Il y commentait dans une première partie l’actualité et revenait dans la partie ici reproduite sur la situation de la Corse. Il était dans l’expectative. Et nous le sommes encore aujourd’hui avec cette crise gouvernementale qui n’en finit pas depuis la dissolution surprise de l’assemblée nationale par Emmanuel Macron.
Qu’adviendra-t-il du processus de Beauvau ? Faut-il croire au Père Noël ?…
Faut-il croire au Père Noël ?
par Max Simeoni
La venue du Père Noël qui se rapproche amène une ambiance moins propice aux polémiques dures internes aux familles, à un pays, la France, ou à un continent qui se cherche comme l’Europe. Même si les conflits persistent ou de nouvelles difficultés surviennent (…)
Pour revenir à nos problèmes de peuple insulaire non reconnu et en voie de disparition, à la geste des nationalistes politiques mise en route pour le sauver, le constat est clair.
La République des jacobins refuse l’autonomie interne et la coofficialité pour la langue Corse.
Pour la langue, les initiatives pour l’enseigner, pour la faire parler sont nombreuses et remarquablement méritantes.
Heureusement qu’elles existent, elles freinent son déclin et conservent un espoir pour la solution qui ne peut se passer de mesures politiques. Dans la diglossie, les études et les propositions le prouvent depuis longtemps, les deux langues doivent avoir les mêmes fonctions dans toute la vie sociale, économique, d’enseignement et culturelle, sinon l’une domine plus ou moins vite l’autre qui est à long terme condamnée à disparaître.
Le Conseil de l’Europe d’après-guerre, avec une charte et les linguistes de l’Unesco (rapport de 2002/2003), l’ont démontré scientifiquement. La solution est politique et il faut modifier la Constitution.
De même pour avoir une maîtrise de son destin, le Peuple Corse a besoin de moyens législatifs et financiers que l’autonomie pleine et entière peut donner. Il est nécessaire cependant qu’elle garantisse les intérêts stratégiques de sécurité géopolitique en Méditerranée et en Europe du Sud.
Les différents statuts ont eu un rôle symbolique. On pouvait penser que le premier de Defferre en 1982 était un premier pas avec l’élection de Mitterand, le second de Joxe qui a accepté Peuple Corse retouché en « composante du Peuple français » gommé par le Conseil Constitutionnel présidé par Badinter qui s’en est vanté, le troisième de Jospin inachevé car non élu et celui de Cazeneuve en cours qui supprime les conseils généraux et crée des tensions pour trouver à le rééquilibrer. Il est devenu en partie une zone institutionnelle où les politiques s’affrontent sans le dire ouvertement.
La majorité « absolue » des nationalistes en coalition, autonomistes non fusionnés, puis celle de Gilles Simeoni se heurte frontalement avec un pouvoir jacobin de Macron qui cherche à tout prix à les réduire, à ne pas les laisser devenir des interlocuteurs reconnus.
Le préfet Lelarge contient et attaque. Les préfets sont en première ligne, les conseils généraux ne sont plus des sangles qui maintenaient le corset rigide de la hiérarchie descendante, leurs élus servaient d’alibis démocratiques au sommet parisien et de gardes chiourmes pour les insulaires. Leurs fraudes monumentales électorales, leurs pratiques clientélistes souvent perverses du ressort de l’État garant du droit et de la justice étaient non dénoncées, non justiciables et attribuées à l’image d’un Corse de toutes les tricheries dues à son ADN. Du racisme rampant. L’indigène attardé.
La CdC a voté à l’unanimité le rapprochement des condamnés du « commando Erignac » comme le veut la Loi. Elle a voté le budget sans y insérer 86 millions à verser à la compagnie des bateaux jaunes. Lelarge a menacé de prélever directement la somme comme le lui permet la Loi. Exceptionnel mais sans hésitation pour rendre la gestion nationaliste majoritaire difficile, alors que l’État est à l’origine du problème, il se dédouane d’autant plus volontiers. Il ne cherche même pas à trouver une sortie acceptable en discutant.
Un affrontement frontal avec l’État ? C’est justice mais quelles conséquences dans une rupture ? Le pouvoir jacobin ne pourra céder qu’à un rapport de force où il a le plus à perdre. L’idéologie des jacobins est incompatible avec les droits des petits Peuples qu’elle domine, elle est non démocratique. Elle est « royale », non de droit divin mais comme le phare des valeurs universelles, argument philosophique qui a voulu justifier son Empire colonial. Un rêve de grandeur passée, et de moteur de civilisation universelle paranoïaque.
Tout se mêle. Le virus, les migrations, les déserts médicaux, etc., etc. Le lit de ces élections est des plus inconfortables. Il peut réserver bien des surprises pénibles. Il peut aussi être quelque occasion à saisir pour le Peuple Corse mal en point.
Pour moi, l’heure de faire sortir le jeu politique des cercles politiciens et de se dresser face à l’État jacobin et à la mondialisation financière, est peut-être à portée de main par la création d’un parti au sein du peuple qui lui donne le pouvoir de convaincre et de mobiliser l’énergie de la volonté de survivre libre et… responsable. •