E riflessioni di Max Simeoni

La dérive eléctoraliste

C’est pour moi une période où je promène un regard curieux sur l’actualité car je me sens concerné par tout ce qui concerne la Corse. Curieux mais frustré dans la mesure où l’électoralisme obsessionnel des nationalistes les polarisent uniquement sur les Territoriales dans moins de six mois. Et je m’apprête à une rallonge de plus d’un an de mon sentiment d’impuissance car ce matin la presse annonce un possible renvoi d’un an de ce scrutin à cause du coronavirus, un an avant l’élection à la présidence de la République. Si ce virus veut aider Macron, il pourrait prolonger son cycle pour renvoyer aussi celle-ci d’un an…

 

Dans l’actualité, les élus de proximité en apesanteur privés des circuits des Conseils départementaux (ex Conseils généraux), cherchant des relais dans la Chambres des territoires, les Comcom, l’Assemblée des Maires, indiquent bien leur dépendance pour tout système pourvoyeurs en aides et en subventions.

Dans l’actualité, un gros titre de Corse-Matin à la Une « Police-justice, le récit d’une crise de confiance » détaillé en pages 1 et 2 où un détenu de la bande « du Petit Bar » aurait donné le nom de deux policiers à l’origine d’une fuite. Ces dérives ne sont pas qu’insulaires, elles sont inhérentes à l’utilisation des indicateurs et à la porosité qu’elles facilite. Il en est fait question dans le rapport Glavany qui parle de « porosité générale », de l’affaire des paillotes et du Préfet avec son directeur de cabinet « confondus », du commissaire de police Roger Marion, directeur adjoint de la police judiciaire qui fait rayer d’un fichier « huit membres éminents du banditisme insulaire », un gendarme sous les verrous qui a renseigné les voyous et détourné des kilos de cannabis, et des fuites et des fuites… Il ne faut pas croire que ces entorses à la loi ne sont que policières. Souvent surtout quand elles visent des contestataires du système jacobin elles sont le fait de l’État. Dans Arritti, j’ai à quelques reprises évoqué les agressions des barbouzes que nous, autonomistes, avons subi. Dès notre présence publique, en 1964-1966 nous avons décelé par hasard par pure chance l’infiltration de deux agents de la DST, une à Bastia, l’autre à Aiacciu. Nous avons, avec mon frère Edmond, subit de nombreux plasticages sur nos cabinets médicaux. Un Commissaire de police de Bastia manipulait quelques petits délinquants pour ces attentats. J’ai occupé à visage découvert un an après Aleria avec une douzaine de militants eux en cagoules et détruit à l’explosif la cave Cohen Skali et pris le maquis pendant un an pour contrer l’action du Préfet Riolacci qui s’apprêtait à renforcer l’action des barbouzes, il recherchait l’appui des élus (parlementaire, maires des grandes villes…), le Maire de Corti Pierucci, l’a attesté en Cours de sûreté de l’État. Le système jacobin a tenté l’escalade de faire couler le sang et de nous mener à un affrontement entre Corses avec l’attentat au domicile de ma mère où je résidais. Le Préfet a été averti par Edmond plusieurs fois et il est même remonté jusqu’à voir Jacques Chirac et Charles Pasqua son Ministre de l’intérieur. En vain. Nous avons eu tous les coups tordus de l’État jacobin et beaucoup de chance d’éviter le pire.

Cette loi contre le séparatisme dont il est question me laisse songeur du fait du choix du mot séparatisme. Il s’agit de renforcer les moyens contre le fanatisme de certains musulmans minoritaires et capables de décapiter pour l’exemple un enseignant. Soit mais le mot pourrait qualifier des contestataires anti jacobins comme les natios Corses. Un exemple a contrario la fameuse vignette auto instituée pour aider les personnes âgées qui n’en ont jamais bénéficier, elle a été utilisée par l’État à d’autres fins. Ce virus nouveau qu’on apprend à connaître à mesure qu’il se propage a mis en exergue deux ou trois faiblesses du développement économique de nos sociétés fussent-elles occidentales et à l’avant garde des avancées scientifiques et techniques. Un virus peut les désorganiser et même les faire régresser. Le retard qu’il occasionne pourrait être long à rattraper. On ne sait pas quand on aura un traitement ou un vaccin pour l’endiguer. Les gouvernants en sont réduits aux confinements généralisés ou à géométrie variable. Chaque fois avec des manque à gagner et des pertes économiques. Un équilibre de funambules entre le sanitaire et l’économie. Des imprévoyances pour les masques, les tests de dépistages, les lits de réanimation lourds de conséquences…

Le rôle des médias qui diffusent les déclarations contradictoires de l’État, les polémiques des experts patentés ou auto déclarés, sans compter les humeurs péremptoires ou alarmantes des internautes connus ou anonymes. Autant de certitude que d’ignorance. Le tri est impossible. L’information est un progrès pour le citoyen si elle permet un débat sincère. Mais la sur information en cours provient surtout d’arrière pensées à visée politique, idéologique ou lucrative… l’ensemble sert mal la recherche de la vérité. Quand à notre île et à son Peuple, issu de sa longue histoire le plus souvent tragique, ils sont mal en point malgré les quatre statuts spéciaux octroyés même si ce dernier celui de Caseneuve a vu une majorité « absolue » des natios coalisés l’administrer.

Le Covid-19 a mis l’accent sur la vulnérabilité d’un tout tourisme voulu selon le schéma d’un des scénarios du rapport de l’Hudson Institut voulu secret par la Datar mais divulgué par l’ARC en 1972 qui se l’était procuré. Il a été refusé par tous les Corses. Il prévoyait 250 à 300.000 lits a créer en dix ans et la venue de 70.000 agents techniciens du tourisme. La mort du Peuple Corse et l’utilisation de son territoire pour enrichir les financiers des producteurs extérieurs. Le territoire était déjà vidé en 1962, quand je me suis installé à Bastia il y avait 160.000 habitants en tout et pour tout. Un réservoir d’hommes pour l’Empire colonial et les guerres (12.000 morts et de très nombreux mutilés en 1914-18). Un premier apport extérieur, les 18.000 Pieds Noirs de l’exode après les Accords d’Evian de 1962 qui consacraient l’indépendance de l’Algérie dont la plus part ont été accueillis sur les lots de la Somivac au détriment de l’installation des agriculteurs Corses. Le renouvellement de la population s’est développé dans les dernières années. Bref des 160.000 habitants de 1962, on est passé à 320-330.000 habitants en 2020. On a doublé en trente ou quarante ans.

C’est le schéma assassin évoqué mais non préconisé par les rédacteurs du rapport de l’Hudson Institut. Les chiffres officiels le démontrent. Le tout tourisme est pour plus 30% dans le PIB insulaire. C’est la preuve d’un déséquilibre économique. Il n’atteint nulle part un tel pourcentage. Il ne peut que croître. Un tourisme tel, c’est à dire plus de monde pour l’encadrer, saisonniers dont nombre restent, d’avantage de touristes, d’avantage de monde pour finalement importer les plus de 97% de toutes les marchandises que nous consommons pour se nourrir, se vêtir, bâtir une habitation. Pour vivre en un mot, et disparaître en tant que Peuple… Les statuts particuliers n’ont servi à rien pour la survie du Peuple et pour empêcher la spéculation immobilière, l’appropriation de sa Terre et la détérioration de ses sites qui en ont fait sa réputation depuis l’antiquité de Kallisté, « la plus belle » selon les Grecques experts en beauté. Des statuts qui sont particuliers mais inopérants pour le projet historique des nationalistes d’un sauvetage du Peuple et de sa Terre, il faut passer à un statut d’Autonomie Interne qui donne les moyens d’y parvenir en faisant la loi. L’addiction de certains natios à l’électoralisme dans le cadre du 4e statut Caseneuve est affligeant. Reste à espérer que la « famille » des natios coalisés se ressaisisse à temps et mette le paquet pour convaincre le Peuple Corse à obtenir l’Autonomie pleine et entière qui permettra son sauvetage et une maîtrise la meilleure possible de son destin dans un monde en bouleversements et qui se cherche. •

Max Simeoni