Libertés et Territoires : un signe de plus ?

Nos trois députés sont pour une bonne part dans la création du groupe parlementaire Libertés et Territoires. De prime abord, ce groupe peut être vu comme technique. Avec 15 députés au minimum, on sort des non inscrits et on a d’avantage de moyens (assistants, temps de paroles…). Mais il représente bien plus car il s’est fait sur une base d’objectifs politiques communs avec des membres de provenances diverses (PRG, Centristes, EE-LV, un berbère élu dans le collège des français à l’étranger, un député de Wallis-Futuna, des députés Corses élus sur le continent dont évidemment François Pupponi et nos élus insulaires).

Durand le week-end en séminaire dans l’île, les 16 députés du groupe Libertés et Territoires ont présenté un rapport de «50 propositions pour un nouvel acte de décentralisation».

J’ai pu m’entretenir avec eux. J’ai été agréablement surpris de voir que autonomie, Peuple Corse, langue Corse…, venaient aisément dans leurs propos. J’ai d’abord pensé que nos élus avaient réussi un exploit mais vite j’ai eu le sentiment que, s’il y a exploit, le mérite est partagé, il revient à chacun d’entre eux.

Ils ont eu la volonté initiale «de mieux se connaître et de dépasser mutuellement les préjugés » dixit Paul-André Colombani à la conférence de presse. Ils ont pu établir entre eux la confiance et mettre en commun leur détermination pour certains objectifs qui leur paraissaient mal ou insuffisamment pris en compte par leur parti d’origine.

Qui aurait pu penser qu’avec des natios députés cela puisse agréer à Charles de Courson?

 

Entreprendre une telle démarche dans les sphères parlementaires, aussi méritoire soit-elle, n’a rien à voir avec un feu de paille. Selon moi, nous vivons une crise générale annonciatrice d’une ère nouvelle.

La victoire de Macron à la Présidence n’a sans doute été que le résultat de l’effondrement de la Ve République qui était née à la Libération de l’impuissance de la IVe empêtrée dans le jeu des partis et la chute en cascade de tous les territoires coloniaux. De Gaulle voulait garder un rôle de grande puissance à la France (bombe atomique), ne pas être à la remorque des Américains et la reconstruire sur les ruines de la guerre. Sa Constitution, la Ve, voulait un exécutif fort élu au suffrage universel pour mener la Reconstruction, un système électoral qui oblige à un regroupement droite-gauche au second tour en vue d’une majorité parlementaire de soutien à l’Exécutif présidentiel.

Le risque d’emprise du communisme stalinien contenu (Plan Marshall aidant), un autre horizon apparaît : celui de faire l’Europe, qu’on commence par l’économie (charbon-acier, Euratome, marché commun). On entend beaucoup dire que la Construction européenne a eu au moins le mérite d’empêcher la guerre. Je pense plutôt que les États européens n’ont pas d’autre choix. Après la guerre de 39-45, l’heure était à l’affrontement des États continents, USA, URSS, puis Russie et récemment la Chine et demain matin l’Inde…

 

Les États d’Europe ne peuvent jouer que dans la dimension de leur continent européen. Le couple franco-allemand est stérile si l’idée est de s’ériger en tête d’une pyramide de puissance.

Il peut initier une Construction où tous les européens adhèrent qui tienne compte des histoires des Peuples, de leur cultures, de leur langues, un modèle fédératif à inventer, aux données de départ complexes, préférant la solidarité à l’hégémonie. Ce ne peut pas être une Europe du libéralisme économique poussé, si la liberté d’entreprendre est un moteur de progrès, la concentration de richesses ne doit pas accentuer les inégalités et accepter la misère, la solidarité doit permettre une vie de dignité pour les plus démunis. La terre du libéralisme, les USA n’ont-ils pas recours à des lois anti-trusts?

Libertés et Territoires sont des proeuropéens convaincus. Mais d’une Europe humaniste des Peuples et des Régions. Une Europe qui se construit démocratiquement dans le respect de l’autre, par la confiance et la sincérité. Le progrès est un tout humain, il ne peut se réduire à des tranches économiques, culturelles où autres. Il ne peut pas être le fruit du dogme de l’égalitarisme jacobin qui est loin de l’égalité, qui est une sorte de totalitarisme intellectuel, non démocratique car il veut imposer sa prétendue valeur universelle, ne respectant pas la diversité, il devient non démocratique, inapte au dialogue, rigide et enclin à une logique de guerre contre tous ceux qui le contestent. Libertés et Territoires, comme nous, autonomistes, nous ne sommes pas contre la France mais nous sommes contre le jacobinisme qui la gère, comme nos ancêtres à Ponte Novu étaient contre les Rois de droit divin.

 

Oui, la crise est générale. Elle se fait comme un jeu de marionnettes.

Un Président émerge seul sur des ruines. Il croît être le Maître de la pyramide. Il veut corriger une incongruité sur son domaine, la majorité «absolue» d’élus natios. Un cérémonial Erignac afin que nul n’en ignore d’Alsace à la Bretagne jusqu’en bas de l’hexagone, précédant la séance de fouettement des simples «élus locaux». Peu de temps et le voilà secoué par des flopées de gilets jaunes. La pyramide tremble. Il s’accroche, il lance le Grand Débat. Il fait des promesses, il a entendu, dit-il.

Le voilà dans l’arène des élections européennes photo à l’appui. Il n’est plus le Président de tous les français. Il veut se retrouver en pole position et pour sa réélection il rame dès la mi-mandat. Porté au sommet de la vague du tsunami suite à l’effondrement de la Ve République, il est contraint de surfer dans une série de répliques. Il doit se préoccuper aussi des élections municipales. Il lui faut rallier tous ceux qui sont contre Marine. Il doit déminer le terrain des «Grandes Régions». Pas de répit, du surf jusqu’au bout de sa campagne électorale.

 

Le rapport choc de 50 propositions de décentralisation porté par Sylvia Pinel et Jean Félix Acquaviva est enclavé, il sera difficile à déglutir.

Un signe de plus que ce nouveau groupe parlementaire? Un signe d’espoir certainement. La balle du cérémonial Erignac a rebondi en plein Palais Bourbon. La crise continue. Elle me semble conduire vers l’ouverture d’une ère nouvelle, d’une Europe des Peuples, des Régions, des États plus démocratiques, qui sera en avant garde contre la pollution, pour la transition énergétique, pour le développement durable, humaniste toujours mieux. Une Europe qui se renouvelle pour répondre à l’espoir de tous ses habitants d’un monde meilleur.

Utopie aujourd’hui, réalité demain?

C’est un combat pour un objectif historique exaltant. Quand sera-t-il atteint? Le tempo de l’Histoire n’est jamais celui de l’impatience. Détermination et ténacité pour le poursuivre, chacun apportant sa pierre au jour le jour, heure après heure. Libertés associées à Territoires, deux points pour notre horizon. Il faut aller sur tous les fronts. Le 26 mai, il faut voter François Alfonsi.

Max simeoni.

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