E riflessioni di Max Simeoni

Mobiliser pour sauver le peuple corse !

Max Simeoni
par Max Simeoni

 

Si on en croît l’AG de Femu, et quelques temps après l’interview du président de l’Exécutif dans Corse Matin, le mois de novembre 2023 devrait se clore sur le projet à présenter à l’État des revendications : socioprofessionnelles, économiques, culturelles et d’autonomie « pleine et entière ». Cette dernière pouvant bénéficier en 2024 d’un créneau pour une réforme institutionnelle incontournable.

 

 

« Croisée des chemins, période charnière… » sont des expressions souvent employées pour caractériser l’importance, et l’urgence, du « problème corse ». Or, ce problème est clairement identifié et le mouvement autonomiste, né dans les années 1960, l’a posé et a proposé l’autonomie interne pour l’aborder. Les différents statuts de cogestion ont échoué. Statut Defferre à l’arrivée de Mitterrand. Puis Joxe, Jospin et l’actuel de Cazeneuve. La gestion partagée n’est pas de l’autonomie. Elle gère les lois établies par le Parlement et les directives des organisations internationales (Europe, Otan…) ; les aides et les fonds qui peuvent accompagner sont, en France, du ressort de l’administration et du pouvoir politique centralisé.

Faire la loi, ou la modifier, l’autonomie pleine et entière est la priorité des priorités si on veut « sauver le peuple corse ». Elle est indispensable si on veut un développement durable pour le territoire insulaire, ce qui demandera du temps, le temps de mettre en œuvre une économie structurée au service du peuple corse. Aucun miracle à attendre d’une politique à court terme.

De même, la langue corse ne sera sauvée que quand les mères parleront aussi le corse à leurs enfants. Il faut rattraper des siècles de génocide culturel voulu par les jacobins républicains. Les efforts remarquables des associations culturelles devraient finir par germer dans le peuple corse. Elles maintiennent l’espoir et donnent l’exemple.

 

Mais il est une évidence préalable : sans le peuple corse mobilisé pour la sauvegarde de sa survie, il ne saurait y avoir de survie. Oui, on ne sauve pas un peuple par procuration !

Sans cette adhésion complète du peuple au combat de vie ou de mort. Soit une lutte lucide et déterminée pour un droit à la vie, soit l’inconscience ou la résignation.

 

Un tourisme mal maîtrisé, à plus forte raison un « tout-tourisme » présenté comme le « moteur du développement économique », accélère la vitesse sur la pente du déclin vers la disparition.

Le réservoir d’hommes presque vide, l’île avait 160.000 habitants en 1960-62 (quand j’ai ouvert mon cabinet médical à Bastia) après les accords d’Évian qui donnaient l’indépendance à l’Algérie (trois départements français ??). La construction du « mur de Berlin » a débuté en 1961.

La Corse a subi pendant un siècle, de 1818 à 1913, la loi Douanière qui l’a arrimée à la France et ne l’a pas développée pour se servir du réservoir d’hommes (pour l’Empire et les guerres). Vidée, privée de bras, elle était poussée à l’exil… dans l’Empire colonial essentiellement. Les Corses étaient persuadés que leur île, leurs villages, étaient pauvres. Ils étaient reconnaissants à la grande puissance civilisatrice de s’appuyer sur eux pour apporter à ces peuplades primitives la modernité. Un raisonnement d’autocolonisés ! qui servaient avec zèle la « plus grande France ».

La Corse est la dernière colonie française disent certains. Donc à décoloniser ! Certes. Mais sur quelle force politique pouvaient-ils compter ? La légitimité du suffrage universel était aux mains du système clanique entièrement contrôlé par l’État jacobin qui couvrait les fraudes parfois massives sans rien dire. Les Corses étaient la risée des chansonniers parisiens. Le poète Noël Rochiccioli avait macagné en disant qu’au lendemain des élections municipales, un seul maire avait perdu les élections « car il n’avait pas compris comment marche le vote par correspondance ».

 

Les lecteurs d’Arritti excuseront le ton répétitif de mes propos un peu désinvoltes pour cacher mes larmes (au sens figuré).

J’ose espérer que la fougue des militants de l’AG de Femu et la netteté du président de l’Exécutif de la Collectivité de Corse, en ce qui concerne les rapports avec Paris, ne sont pas une illusion de plus. N’a-t-il pas d’ailleurs dit « ils me l’ont dit. Dois-je les croire ? De toutes façons, il faut être prêts ! »

Il est donc prêt, lui, il faut pousser et l’accompagner pour que l’interlocuteur jacobin tienne une parole dite dans les palais feutrés de la République, en tête à tête ou en petit comité.

 

Ce gouvernement a bien des chats à fouetter : la drôle de guerre en Ukraine, la cherté de la vie, la réforme des retraites, les carburants (prix, et risque de pénurie…). Il est sur le fil, au-dessus de risques de crises majeurs… on verra bien si les problèmes corses seront assumés dans les délais qu’espère Gilles Simeoni.

Oui, il manque une donnée fondamentale : la mobilisation du peuple corse. Car il n’y a pas eu de travail dans le temps pour réussir cette mobilisation et en ordre de bataille pour une seule issue acceptable : sa survie et la maîtrise au mieux de son destin.

Élections locales pour des mandats de statuts insuffisants : temps perdus et divisions locales.

À très bientôt. •