E riflessioni di Max Simeoni

Une crise qui ouvre ?

Max Simeoni
par Max Simeoni
L’île et sa majorité à la CdC d’élus locaux nationalistes sont confrontées à la crise ouverte et inquiétante de l’offensive de Poutine contre l’Ukraine. Il prétend dénazifier en s’inspirant de Staline ? Les Occidentaux soutiennent les Ukrainiens par des mesures économiques d’isolement. « Ce n’est pas la guerre, ce n’est plus la paix » comme cela a été dit. Mais si les morts sont en Ukraine, tout l’Occident va subir des dégâts socioéconomiques : le prix de l’essence (l’Europe est dépendante de la Russie), l’importation de céréales, une bonne part venant d’Ukraine, etc.

 

Ce monde est devenu volens nolens de plus en plus interdépendant.

À lire simplement le nombre d’Institutions (ONU, Banque mondiale, FMI, OCDE, OIT, OMC, etc.) et/ou d’entreprises commerciales internationales, on peut dire que le besoin d’une gouvernance mondiale ne peut que croître. L’esprit de conquêtes ou le rêve d’empires coloniaux qui ont imposé des frontières et des guerres pour les modifier sans cesse, restent un frein serré pour aboutir à cette gouvernance qui devrait être l’avènement d’une civilisation nouvelle. On en est loin. Combien de temps, de crises voire de guerres locales l’humanité aura-t-elle à traverser ? La bombe atomique semble avoir écarté une grande guerre atomique suicidaire. Mais qui peut être certain qu’un dérèglement des mécanismes de contrôle ou que la folie d’un quelconque dictateur n’y parvienne ? Le prix à payer par une succession de crises, plus ou moins contenues, ne sera-t-il pas tout aussi couteux ? Devant la croissance de la démographie planétaire, l’organisation contre les maux communs (pollution, réchauffement climatique, biodiversité mal en point, vieillissement, ressources en eau, flux de populations…), sont des menaces à terme historique court dont on parle sans trop agir.

Or il faudrait ne pas tarder pour des résultats dans 20 ans.

Les peuples seront le dos au mur un jour. Les petits peuples comme le peuple corse le sont déjà s’ils veulent empêcher d’être balayés. Inséré dans un État jacobin au centralisme figé, non démocratique par nature puisqu’il nie le droit à la différence sous prétexte d’égalitarisme universel. Le paradoxe est étonnant si on dit que le peuple corse en luttant pour sa survie est conforme à l’universel. Il est pourtant vrai. Il est un combat pour la dignité.

Mais il est difficile de faire comprendre cette vérité escamotée d’un colonialisme d’assimilation.

Longtemps, une majorité de Corses ont cru que leur Terre était stérile incapable de nourrir ses enfants. Et ils étaient reconnaissants envers un État républicain qui leur offrait des possibilités de carrières, d’emplois avec des retraites, une couverture sociale…

 

L’île conquise contre Pasquale Paoli par un roi de droit divin, Louis XV en 1769, puis, 20 ans après, Révolution de 1789, royauté constitutionnelle, République, Restauration, Empire… 95 ans, de 1818 à 1913, elle est sous la loi Douanière. Elle est coupée de toutes ses relations, entièrement dépendante de la France, qui ne la développe pas, qui s’en sert comme un réservoir d’hommes pour ses guerres (14-18 saignée de plus de 12.000 procréateurs morts et bien plus d’estropiés) et pour encadrer son Empire colonial. En 1962, l’île n’a que 160.000 hab., date de la fin de l’Empire aux accords d’Évian qui entérine l’indépendance de l’Algérie.

La France doit alors s’occuper de l’Europe en projet de construction pour son propre avenir. Elle doit mieux outiller ses régions périphériques aux frontières qu’elle a négligé. Elle envisage des plans d’actions régionales, Somivac et Setco, pour la Corse. La première a servi à accueillir 18.000 pieds noirs dans l’agriculture et la seconde a réalisé trois hôtels et le schéma de développement de la Corse de 1971 à 1984 inspiré par un des choix à faire sur quatre envisagés dans le rapport secret commandité par la Datar à l’Hudson Institute. Elle choisit celui qui condamnait ce qui restait de Corses à disparaître. L’ARC l’ayant acquis le divulgua, l’État nia sa responsabilité en mentant grossièrement mais son choix reste en vigueur. Le tout tourisme reste le « moteur du développement économique », des insulaires en vivent mais les bénéfices non visibles vont aux producteurs extérieurs (plus de 97 % de tout ce qui est consommé sur l’île), la terre change de mains (les constructions à valeur locative ont 30 % de charges en moins). Tous les processus de colonisation se perpétuent. Résultat accablant de la tutelle de l’État.

Renouvellement de population (160.000 hab. en 1962 vs 330.000 de nos jours), l’île est la plus pauvre (60.000 au smic et d’avantage s’en approchent), la vie plus chère… bref le peuple corse est dissout et sa terre est au plus offrants.

 

À moins d’un mois de l’élection présidentielle, ce Président renouvelable avec les sondages favorables est contraint de tenter de calmer une agitation violente dans les rues des villes de l’île. Il a donné mission pour ce faire à Darmanin, son ministre de l’Intérieur. Chacun a pu connaître les promesses d’autonomie et voir l’affichage d’une bonne volonté pour, dans un dialogue court, d’ici la fin de l’année, élaborer un projet. C’est à dire après les élections.

La surprise pour lui, heureuse pour nous, est de voir que les jeunes, étudiants, lycéens menaient la danse, les anciens présents pour les soutenir ou leur éviter un drame. Le feu a été activé par l’assassinat d’Yvan Colonna dans la prison d’Arles pour « détenu particulièrement signalé » (DPS). Statut levé à sa mort et rapprochement d’Alessandri et de Ferrandi décidé une fois les modalités administratives accomplis. Ce problème du rapprochement de droit était agité depuis des années en vain. La rue occupée par des milliers de manifestants et embrasée par nos jeunes a raccourci les délais de promesses à quelques petites semaines.

 

La suite de ces promesses ? Elle reste aléatoire quel que soit le Président élu.

Sans doute Macron ? Cela dépendra de son score. Une forte abstention diminue sa crédibilité hexagonale et internationale. Aura-t-il une majorité stable au Parlement ?

Battu par une coalition de certains de ses concurrents ? Hypothèse peu probable. Mais le pouvoir sera-t-il ouvert à la demande des Corses ?

Oui, nos problèmes ont fait irruption dans cette fin de campagne importante mais le compte ne pourra se faire que bien après. Paroles paroles, promesses promesses… La rue n’est pas le moyen permanent pour réussir.

L’autonomie ? On va en discuter mais déjà des signes révélateurs inquiétants sont décelables si on écoute la musique. Oui « d’accord pour dialoguer… pour savoir ce qu’on va y mettre… » Les principaux candidats qui espèrent, du moins jusqu’au premier tour, murmurent du bout des lèvres : « la coofficialité… pas. La reconnaissance du peuple corse… non. Le statut de résident… non plus. » C’est dire que ce sera un statut comme les précédents, à savoir de gestion améliorée mais sans moyen pour sauver le peuple corse sur sa terre, condamné au moteur d’un tout tourisme très vulnérable aux crises, pandémies, guerres locales sans doute mais coûteuses aux activités de paix, échanges internationaux, et touristiques.

Reste à voter ? ou non ? L’outil historique reste à façonner, celui qui permettra au peuple corse de faire céder la République des jacobins. •