État jacobin et lingua corsa

Chassez le naturel, il revient au galop !

Nouvel épisode dans la guerre des nerfs qui accompagne le processus de discussion avec l’État, le tribunal administratif de Bastia a donné suite au harcèlement engagé en son temps par le préfet Lelarge : les délibérations adoptant les règlements intérieurs de la Collectivité de Corse ont été annulées au prétexte qu’ils énoncent que leurs langues de débats « sont le corse et le français ». Pourtant, rien d’outrageant : ces règlements intérieurs ne font que suivre un fonctionnement installé depuis des décennies ! Évidemment cette posture de l’État n’a pas manqué de faire réagir dans l’île, leur sectarisme les portera-t-il jusqu’à vouloir annuler les délibérations bilingues adoptées jusqu’ici ? Ce serait cocasse…
En tous les cas, le préfet Lelarge et ses amis chantres de l’État jacobin plaident malgré eux en faveur de la reconnaissance constitutionnelle et de l’autonomie de plein droit et de plein exercice que la Corse revendique ! Leur ridicule vient de le démontrer on ne peut plus clairement.
Aspetendu, parlemu corsu è sparghjimu a lingua corsa, aldilà di i tràmpali ch’elli ci mèttenu. Eccu u cumunicatu di u presidente di u Cunsigliu Esecutivu è di a presidente di l’Assemblea di Corsica.

 

 

« L’Assemblée de Corse, en date du 16 décembre 2021, a adopté son règlement intérieur, voté à l’unanimité par l’ensemble des élus désignés par le suffrage universel.

Le Conseil exécutif de Corse en a fait de même le 8 février 2022.

Ces deux règlements intérieurs comportent la mention commune suivante : « L’Assemblée de Corse et le Conseil exécutif de Corse sont les garants des intérêts matériels et moraux du Peuple Corse (…) les langues des débats de l’Assemblée de Corse sont le corse et le français ».

Le Préfet de Corse de l’époque, M. Lelarge, a demandé le retrait des délibérations adoptant ces deux règlements intérieurs, en considérant que les références à la notion de peuple corse et à la langue corse comme langue possible des débats de l’Assemblée de Corse, portent atteinte à la Constitution.

Nous avons bien évidemment refusé, d’un commun accord, de retirer ces délibérations, pour des raisons juridiques, mais aussi politiques et philosophiques : le peuple corse existe, et la langue corse est la langue historique de ce peuple.

L’État a fait le choix d’introduire un recours contentieux contre les deux délibérations précitées, et de maintenir ce recours, malgré le processus de négociations en cours entre la Corse et l’État.

L’affaire a été évoquée jeudi 23 février 2023 devant le Tribunal administratif de Bastia.

Par jugement en date du 9 mars 2023, le Tribunal administratif de Bastia vient d’annuler les articles des règlements intérieurs qui disposent que les langues des débats sont le corse et le français, en considérant que cette disposition viole l’article 2 de la Constitution, selon lequel « la langue de la République est le français ».

Cette décision revient à priver les élus de la Corse du droit de parler leur langue à l’occasion des débats au sein de l’Assemblée de Corse, du Conseil exécutif de Corse, et des actes de la vie publique.

Accepter cette situation est pour nous impensable.

Indépendamment même de l’appel à former contre ce jugement, cette décision de justice et sa motivation ne font que confirmer la nécessité absolue d’une révision constitutionnelle, notamment pour garantir à la langue corse le statut de coofficialité, condition indispensable de sa survie et de son développement.

Le règlement de l’Assemblée de Corse ayant été adopté à l’unanimité, nous proposerons dès la prochaine session à l’ensemble des groupes d’adopter une position commune face à la situation juridique et politique créée par le jugement du Tribunal administratif de Bastia, sais par un recours de l’État ». •

 


A lingua di i mei

In core di i mei ci dorme l’allegria
Puru quandu a vita inciampa i so passi
Ci dorme tant’amore è tanta puesia
Ancu s’elli so zitti o s’elli stanu bassu

In bocca di i mei ci stanu mille fole
Da cuntami li tempi di tutte le sumiglie
Chi tèssenu a leia nant’à un filu d’amore
Mentre a vita corre e strappa ogni briglia

In manu di i mei hè scrita a spartera
In lettare sulcate da e cugliere andate
Hè dettu lu travagliu è po la straziera
Per fà cresce piu belle e so nove biate

In l’ochji di i mei ci vecu tante frante
Tant’amori pertuti à l’eterne credenze
Una manera d’esse, une feda tamanta
Tuttu cio ch’hè amore è chi pare viulenza

In casa di i mei ci canta una lingua
Vechja quant’è terra induve elli sò nati
è viula d’amore scrive’sse duie rime
Dilli quant’è so fieru d’avelli à lu mio latu
è vulia d’amore scrive’sse duie rime
Dilli quant’è so fieru d’avelli à lu mio latu. •