Jean Brignole, ancien secrétaire général (aujourd’hui remplacé par Patrick Clémenceau) était l’invité de RCFM le 23 avril dernier. Arritti livre quelques extraits de cette interview.
Jean Brignole : Notre ADN c’est libération nationale et libération sociale qui sont indissociables et complémentaires, et donc depuis toujours on a œuvré pour que la Corse soit au centre de nos préoccupations et la défense des travailleurs au sein de ce territoire doit être le fil conducteur pour nous. Il ne pourra pas y avoir d’émancipation nationale sans émancipation sociale.
RCFM : 40 ans et votre sigle n’a pas changé, c’est unique dans le nationalisme corse dont vous avez toujours été une composante fédératrice y compris dans les moments les plus durs ?
Jean Brignole : Lorsqu’on fait passer l’intérêt des travailleurs et l’intérêt national devant tout, on ne peut être que fédérateur. On l’a vécu lors de l’incarcération de notre secrétaire général en 1999, nous avons été à l’initiative d’une manifestation où les nationalistes après les périodes sombres se sont retrouvés, parce qu’il y avait à défendre un principe, des valeurs. Le STC a toujours œuvré et œuvre encore aujourd’hui – il a participé encore hier soir à une réunion par rapport à la répression, et il a été une des composantes d’un appel. Concrètement, nous sommes dans la lignée de ce qui a été fait en 1984 à l’appel du FLNC puisque à l’époque le STC, la politique des contre-pouvoirs, ont été créés par une volonté politique de l’organisation politico-militaire. Le STC s’affranchit aussi de son indépendance en 1991, dans son congrès qui était malheureusement le début d’une période trouble pour les nationalistes. Mais il a contenu tout cela, il a maintenu son sigle, c’est très important de le dire… Nous avons gardé notre ADN, nous continuerons à le garder.
RCFM : Tout cela traduit le 1er mai vos 40 ans, c’est important de marquer le coup ?
Jean Brignole : quand on a 40 ans on est toujours jeune, mais on a quand même beaucoup d’ancienneté déjà, beaucoup de luttes. Le STC ce n’est pas le Syndicat des Travailleurs Corses, c’est u Sindicatu di i Travagliatori Corsi… et ça a une connotation importante parce que partout où que l’on aille, nous faisons valoir ce sigle-là y compris dans des réunions au plus haut niveau.
RCFM : Le combat pour la légitimité, la légalité, la représentativité face à l’État, c’est encore d’actualité ?
Jean Brignole : On a appris il y a quelque temps, et on passe au tribunal, qu’une organisation syndicale au niveau national conteste notre candidature aux prochaines élections TPE de la fin de l’année sous couvert que nous ne sommes pas une organisation syndicale. 40 ans de luttes, de combats, 40 ans de victoires électorales auprès des salariés, des fonctionnaires, on n’a pas besoin d’aller chercher un modèle autre-part, on a le nôtre. Et aujourd’hui jusqu’à présent il est performant.
RCFM : Pour vous l’autonomie de la Corse doit être source d’avancées sociales pour les travailleurs… le curseur social est-il selon vous au bon niveau ?
Jean Brignole : Concrètement, on l’a dit à plusieurs reprises, que ce soit directement au niveau de l’Assemblée de Corse, ou du Conseil économique et social, nous avons toujours dit qu’il fallait des avancées sociales. Aujourd’hui on nous parle de conférence sociale… Pour nous elle est indispensable si on veut véritablement réussir un statut d’autonomie. Un statut d’autonomie sans avancée sociale, ça peut correspondre peut-être à des partis politiques mais sûrement pas à notre organisation syndicale. •
