Ecologìa Sulidaria

La politique [re]prend des couleurs !

C’est sous ce nom et ce slogan que Europe Ecologie les Verts en Corse, Auropa Ecologìa I Verdi, Génération.S, Génération Ecologie et Nouvelle Donne se sont regroupés pour mener une démarche commune lors du prochain scrutin territorial. Suffisamment inédit pour être signalée dans nos colonnes.

 

Les 20 et 27 juin prochain se tiendront les élections territoriales. Pendant que le monde nationaliste se divise, et que la droite et la gauche traditionnelles servent du réchauffé, dans l’attente de connaître la démarche que construira Femu a Corsica, un message original cherche à se faire entendre.

Ecologia Sulidaria a fait savoir lors d’une conférence de presse le 23 avril, qu’il entend bousculer le landernau politique pour faire « prendre ou reprendre des couleurs » au débat public ; les couleurs de l’écologie, du partage, du bienêtre d’une économie locale et solidaire, des savoir-faire, des solidarités, des territoires, du partage des décisions…

 

Discours désuets ? Oui, pour les initiateurs de cette démarche, s’ils restent au niveau de ce qu’ils sont aujourd’hui, c’est-à-dire trop rarement suivi d’actions concrètes. Non, s’ils sont remis au cœur du débat électoral pour être portés comme des moteurs des politiques à mettre en œuvre. C’est ce que propose Ecologia Sulidaria qui a dévoilé sa feuille de route : préservons nos biens communs, sortons de la crise autrement, inventons de nouveaux modèles de développement, orientons-nous vers la souveraineté alimentaire, assurons un revenu décent à toutes et tous, partageons la culture et l’ouverture au monde, gouvernons autrement… Le défi lancé est collectif.

« Noi vulemu move tuttu attempu una pulìtica esigente di riparu è di trasfurmazione. Hè certa, isse trasfurmazione sò digià in òpera in parechji territorii grazia, u più aspessu, à iniziative citatinante, sustenute da certi eletti, ma a so incolpa resta troppu limitata è ùn hà micca u benefiziu d’una messa in sinergìa naziunale. Noi bramemu chì a Cullettività di Corsica li sìa alleata, partenaria in custruzzione di prucessi cuuperativi, demucràtichi è sulidarii. À ella di riinventà servizii pùblichi accertendu a primuranza di a gestione pùblica di i « beni cumuni », d’impulsà è creà cundizioni per sviluppà e suluzioni à u livellu di l’urgenza suciale è ambientale attuale. » Ecologìa sulidaria affiche ainsi sa différence : impulser et créer les conditions pour développer des solutions à la hauteur de l’urgence sociale et environnementale. Pour cela, répondre aux défis climatiques, se réinventer en matière d’urbanisme, de pratiques agricoles, de gestion de l’espace ou des biens communs que sont l’air, l’eau, la terre. Défendre la biodiversité, lutter contre l’artificialisation des sols, mettre en œuvre la transition énergétique, faire de nos déchets des ressources, pour Ecologìa Sulidaria le Padduc doit être appliqué. Et la Corse ne construira son bienêtre qu’en apportant elle aussi ses réponses à ces défis mondiaux.

 

Sortir de la crise autrement, c’est bâtir « un autre modèle de société basé sur le partage », c’est « poser un nouveau regard sur les transports, le tourisme, le logement, réévaluer leurs impacts, nous interroger sur nos modèles de développement ». Dans chaque secteur Ecologia Sulidaria énumère les actions concrètes qu’il faut mettre en œuvre : le tri non comme un élément de la politique des déchets mais comme la solution essentielle (compostage, porte-à-porte avec incitation financière, maîtrise publique, réduction des plastiques en amont, recyclage, aucun traitement thermique ni enfouissement en vrac), cesser de subventionner des produits concurrents en matière de transports, requalifier le port de Bastia et non le déplacer, réinventer a terra di u cumunu, grâce à la préemption et l’acquisition de terres par la CdC pour y installer des jeunes agriculteurs, privilégier les circuits courts, favoriser l’autoproduction, expérimenter un revenu de transition écologique, progresser vers le « rivinutu universale » en ciblant la jeunesse, en lui permettant de poursuivre ses études, mais aussi en soutenant les personnes en difficultés, handicapées ou âgées, démocratiser l’accès à la culture, lutter contre les déséquilibres territoriaux, renforcer la transparence, valoriser la participation citoyenne pour renforcer la démocratie, refuser le cumul des mandats… Ecologìa Sulidaria fait le choix de l’autonomie pour la Corse.

Reste un défi. Écologie, en Corse, rime avec nationalisme depuis toujours. C’est indéniablement les nationalistes qui ont porté les premiers combats écologistes. Ce n’est pas pour rien que le député européen nationaliste corse siège au sein d’un groupe écologiste et nationaliste au parlement de Bruxelles (groupe Verts/ALE). Ecologìa Sulidaria peut-elle en faire l’impasse ? Quant à Femu a Corsica peut-il faire sien ce message écologique et social ? Réponse dans quelques semaines. •

Fabiana Giovannini.

 

Pour en savoir plus : www.ecologia-sulidaria.corsica