Élections Municipales et Intercommunales dans les Régions

Le monde d’après commence aujourd’hui

Par Gustave Alirol, président de Régions et Peuples Solidaires.

Accession des régionalistes aux responsabilités, vague verte, déroute des candidats de la majorité présidentielle : les élections municipales et intercommunales marquent le point de départ de la construction du monde d’après.

Dans les communes et intercommunalités d’Alsace, de Bretagne, de Corse, de la Moselle, d’Occitania, du Pays Catalan, du Pays Basque, et de Savoie, des représentants régionalistes ont été élus.

Les meilleurs scores ont été obtenus dans les communes rurales et en particulier dans les villages de moins de 1.000 habitants.

Les maires sortants de Trausse-Minervois et Condat-sur-Vézère en Occitania pour le Partit Occitan, de Menthonnex-en-Bornes en Savoie pour le Mouvement Région Savoie et de Plounérin en Bretagne pour l’Union Démocratique Bretonne ont été réélus dès le premier tour. En Moselle, c’est à Schorbach que 57-Le Parti des Mosellans fait son entrée dans un Conseil Municipal. Au Pays Basque, en Pays Catalan et surtout en Corse, de très nombreuses communes rurales seront désormais gérées par les régionalistes.

Dans les zones urbaines, seuls ou en coalition, les régionalistes ont consolidé leur présence.

En 2014, Bastia (45.000 habitants) faisait office de ville pionnière. Six ans après, les régionalistes ont démontré leur capacité à gérer les villes et à œuvrer concrètement à l’amélioration du cadre de vie de leurs administrés.

Pierre Savelli membre de Femu a Corsica et sa majorité « nationaliste », reconnus pour avoir extirpé Bastia du clientélisme, ont été réélus. En Corse toujours, Jean-Christophe Angelini le secrétaire national du Partitu di a Nazione Corsa réalise l’exploit à Porto-Vecchio (12.000 habitants) de faire chuter le maire sortant Georges Mela, au pouvoir depuis 2004. Il devient ainsi le premier maire « nationaliste » de la cité du sel, un fief de la droite et de la famille des Rocca Serra en particulier depuis 90 ans. À Biguglia (8.000 habitants), dans la périphérie bastiaise, les « nationalistes » s’emparent de la ville dès le premier tour, mettant ainsi un terme à 44 années de gestion de droite. Ces résultats confirment la dynamique et l’enracinement un peu partout dans l’île des « nationalistes ». Il est probable que dans le prolongement de ces succès, plusieurs intercommunalités et pas des moindres (Communauté d’Agglomération de Bastia, Communauté de Sud-Corse ou Communauté de Communes Pasquale Paoli) reviennent aux « nationalistes ».

À Urrugne (9.600 habitants) et Ciboure (7.000 habitants) ainsi que dans de nombreuses autres communes du Pays Basque, les listes soutenues par EH Bai gagnent les élections. À Ustaritz (7.000 habitants), le maire sortant « abertzale » a été réélu.

À Colmar (70.000 habitants), Unser Land fait son entrée au Conseil municipal dans une grande agglomération alsacienne.

En Pays Catalan, le parti Oui au Pays Catalan membre de R&PS l’emporte dans plusieurs communes. Grégory Marty est élu maire de Port-Vendres (4.200 habitants) dès le premier tour. À Claira (4.200 habitants), Marc Petit gagne au second tour.

En Bretagne, l’Union Démocratique Bretonne obtient de nombreux élus. Ils siégeront dans la majorité avec les écologistes et la gauche à Nantes, Rennes, Brest, Saint-Brieuc ainsi que dans une trentaine d’autres communes de taille plus modeste.

Mais le monde d’après ne se fera pas avec les régionalistes seulement. Il se bâtira en rassemblant toutes les forces de progrès qui œuvrent pour un monde durable, solidaire et respectueux des droits de l’Homme. C’est pourquoi R&PS se félicite de la victoire des écologistes dans de nombreuses grandes villes dont Lyon, Bordeaux, Poitiers mais aussi Marseille et Strasbourg avec la participation ou le soutien des régionalistes.

Cependant, à côté de ces victoires, on ne peut pas ignorer, à l’exception de la Corse, la très faible participation. Avec 60% d’abstention au second tour, jamais les électeurs n’avaient autant boudé les urnes. La crise du covid et la peur de la contamination ont créé un sentiment d’insécurité. Malgré les mesures exceptionnelles dans les bureaux de vote, beaucoup d’électeurs ont préféré ne pas prendre de risque. Et même si le vote par procuration a été facilité, d’autres moyens, non retenus par le Gouvernement, tels que le vote par correspondance auraient sans doute pu être utilisés, ne serait-ce qu’à titre expérimental ou provisoire. Mais derrière la crise sanitaire se cache une autre crise, plus profonde encore : le désintérêt des Français pour la vie politique.

Nous avons conscience de la responsabilité qui est la nôtre face aux défis et aux attentes qui sont légions. Partout où nous sommes présents, sur le terrain et dans les hémicycles, dans les communes et dans les régions, au Palais Bourbon et au Parlement européen, nous prenons déjà part aux dynamiques de transformation de la société. Le chemin est encore long. Mais le monde d’après commence aujourd’hui et ne se fera pas sans prise en compte des territoires et leurs particularismes.