Territoriales 2e tour

Photographie d’une très belle victoire

Gilles Simeoni sortant du bureau centralisateur de Bastia.
Gilles Simeoni sortant du bureau centralisateur de Bastia.
La première victoire est celle de la participation, près de 60 %, supérieure à celle de 2017, alors que partout en France elle s’est écroulée sous les 35 % : le vote des Corses du 27 juin 2021 a une signification politique incontestable. En accordant plus de deux suffrages sur trois aux trois listes nationalistes encore en lice au second tour, les Corses ont dit haut et fort leur attachement à la reconnaissance du peuple corse et à l’obtention d’une autonomie pleine et entière pour leur île. Aucun gouvernement démocratique ne peut plus ignorer cette expression ultra-majoritaire du peuple corse ! Enfin, en donnant, parmi les listes nationalistes, une majorité absolue d’élus à Fà Pòpulu Inseme, la liste conduite par Gilles Simeoni, grâce à 40,64 % des suffrages exprimés, le peuple corse a aussi donné une orientation puissante à tous ceux qui veulent construire « un avvene corsu », démocratique, pour un peuple fort de sa langue et de sa culture.

 

Entre deux tours, se jouent plusieurs mouvements de voix. Il y a celui d’électeurs renonçant à s’abstenir, tandis que les électeurs des listes éliminées au premier tour, pour beaucoup, font d’autres choix pour le second tour. Entre les deux tours, la participation a crû de presque 2 %, tandis que plus de 20.000 électeurs ont fait un nouveau choix au second tour. S’ajoutent à ces mouvements quelques transferts de voix entre les listes, notamment parmi les nationalistes.

En effet, le constat est là : entre les deux tours, la liste de Gilles Simeoni progresse de 39.246 à 55.548 voix, soit +41,54 % ; celle de Paul Félix Benedetti passe de 11.282 à 16.762 voix, soit +48,57 % ; tandis que celle de Jean Christophe Angelini perd 6.448 voix par rapport au score cumulé de sa liste au premier tour et celle de Jean Guy Talamoni avec laquelle elle a fusionné, soit un recul de 23,84 %. À l’évidence les électeurs de Corsica Lìbera n’ont pas tous suivi le mot d’ordre de fusion, et ils se sont partagés en se répartissant sur les trois listes.

 

Dans toutes les régions de l’île, Gilles Simeoni progresse sensiblement par rapport au premier tour, gagnant plus de 11 %, ce qui lui a permis d’accrocher la majorité absolue des sièges grâce à la prime majoritaire accordée à la liste arrivée en tête.

Il dépasse 50 % des voix sur la région bastiaise (Marana et Agglomération bastiaise : 53,59 %), dans le Cap Corse, 55,25 % des voix, ainsi qu’en Castagniccia, Ampugnani et Orezza, 55,87 %, dans les Dui Sevi, 53,32 %, et dans le Niolu où il fait son meilleur score, 63,17 %.

La concurrence de Laurent Marcangeli limite son score à Aiacciu et sa région, 33,51 %, et ainsi que celle des autres listes nationalistes comme dans le Valincu et l’Extrême Sud, 29,47 %. Le score le plus bas est en Casinca : 22,51 %.

Dans les autres régions de Corse le score obtenu est régulièrement supérieur au score moyen : 42,32 % dans le Pummonte, 44,34 % en Balagne, 43,48 % dans le Nebbiu, 43,25 % dans le Campuloru (région de Cervioni), 43,36 % dans le reste de la Plaine Orientale et 44,51 % dans le Cortenais et la vallée du Golu.

Dans chacune de ces régions, Gilles Simeoni creuse l’écart entre les deux tours avec son principal rival, Laurent Marcangeli.

 

Au total son groupe comptera 32 élus, sur une Assemblée de 63 membres, soit la majorité absolue. Laurent Marcangeli conduira un groupe d’opposition de 17 élus, tandis que la liste Avanzemu compte 8 élus, dont une élue Corsica Lìbera, et celle de Core in Fronte 6 élus.

Cinq ans et demi après la victoire de décembre 2015, l’usure du pouvoir n’a pas eu de prise sur la popularité du mouvement nationaliste et de son principal leader Gilles Simeoni.

La plupart des forces politiques du passé ont disparu de l’hémicycle. Seule la liste de la droite insulaire a réussi à maintenir une position suffisamment forte dans le paysage politique corse. La gauche en est absente, et cela de façon durable. La majorité des Corses ont en effet basculé vers des engagements liés à l’avenir de la Corse, très éloignés de la guerre des sigles entre les partis hexagonaux, y compris le Front National qui s’était pourtant fait quelques illusions. La Corse est en effet la seule région où il ne réussit pas à se maintenir au second tour.

La consolidation pour presque sept ans d’un pouvoir nationaliste à la tête des institutions de la Corse permettra de poser avec encore plus de fermeté et de force l’exigence d’avancées constitutionnelles sur son statut. Rapidement, l’agenda devra être ouvert pour cela. •

François Alfonsi.

 

Téléchargez les résultas région par région, 1er et 2e tour.

 

Les élus de la liste « Fà pòpulu inseme »

Avec 40,64 %, la liste « Fà pòpulu inseme » remporte 32 sièges, auxquels s’ajoutent 11 autres élus du fait de la prime au vainqueur pour constituer le Conseil Exécutif, soit au total 43 élus. À l’heure de mettre sous presse nous ne connaissons pas la composition du nouvel Exécutif mais Gilles Simeoni a d’ores et déjà annoncé qu’il serait choisi sur sa seule liste, sans ouverture aux autres listes. Voici les 43 premiers membres de sa liste qui devraient donc siéger à l’Assemblée de Corse (dont 11 seront membres du nouvel Exécutif).

Gilles Simeoni
Marie-Antoine Maupertuis
Alex Vinciguerra
Bianca Fazi
Gilles Giovannanceli
Angèle Bastiani
Don Joseph Luccioni
Flora Mattei
Jean Biancucci
Danielle Antonini
Hyacinthe Vanni
Marie-Hélène Casanova-Servas
Dominique Livrelli
Vannina Chiarelli Luzi
Guy Armanet
Lauda Guidicelli
Louis Pozzo di Borgo
Anne Laure Santucci
Jean Charles Giabiconi
Juliette Ponzevera
Paul Joseph Caitucoli
Antonia Luciani
Jean Félix Acquaviva
Sandra Marchetti
Julien Paolini
Véronique Arrighi
Romain Colonna
Evelyne Galloni d’Istria
Jean Marc Borri
Nadine Nivaggioni
François Sorba
Paola Mosca
Petru Antone Filippi
Françoise Campana
Jean Jacques Lucchini
Frédérique Densari
Hervé Valdrighi
Lisa Francisci
Ghjuvan’Santu Le Mao
Muriel Fagni
Jean Paul Panzani
Anna Maria Colombani