I messaghji d'Edmond Simeoni

Rispunsabilisazione

U 19 d’aostu di u 1973, à u VIIu cungressu di l’ARC à u Cateraghju, Edimondu Simeoni cum’è a fecìa spessu, è cum’ellu a sapìa fà cusì bè, hà fattu un discorsu marcante. A Corsica tandu, era in bullore è l’Azzione pè a Rinàscita Corsa era a so fiara. Eccu quì ricacciatu di u libracciolu di l’intervenzioni di u cungressu, pezzatelli di stu discorsu. Sò scritti stòrichi.

 

« Vous êtes là, magnifiques de densité, de chaleur humaine, de fraternité, de jeunesse. Il serait aisé, dans ces conditions, de faire de ce congrès un congrès passionnel ; il est passionné, il est passionnant, mais c’est un congrès qui se veut d’action, sous-tendu fermement par le civisme corse, et qui doit être placé sous le triple signe :

– de la lucidité

– de la fermeté

– mais surtout, et au premier chef, de la responsabilité.

Évitant le piège béant de la facilité ou de l’optimisme, générateur d’erreurs graves, peut-être même tragiques à l’heure présente, ne cédant ni à la démagogie, ni à un quelconque aventurisme irresponsable, Cateraghju VII doit proposer des analyses claires, des solutions crédibles, constructives, fécondes, mais doit surtout couver précieusement, puis renforcer avec vigueur l’élan naissant de notre Peuple, élan sans lequel les hypothèses les plus brillantes, les prospectives les plus fouillées, deviendraient des sources vite taries, nées de chapelles définitivement stériles.

L’heure est grave ! Rien n’est joué : notre destin collectif est en balance.

Il nous appartiendra, avec ses difficultés et ses promesses, si nous inspirons confiance au Peuple, si nos analyses portent celui-ci à réfléchir, si notre détermination intransigeante quant au fond, mais ouverte au dialogue quant à la forme, le poussent à s’engager ; en un mot, si notre témoignage convaincant, soutenu, exemplaire, fraternel l’incite à assumer. Le succès, difficile, est à ce prix, à ce prix seul.

(…) Notre peuple, engagé désormais dans son dernier combat vital, est confronté à un destin sans fard, à très court terme : soit baisser les bras et disparaître, soit se battre pour survivre puis s’épanouir.

1°/ Dans la première hypothèse :

– si après un feu de paille le chant du cygne, le hoquet de l’agonisant, le peuple s’enlise dans l’apathie, l’égoïsme, le scepticisme, la veulerie, la démission,

– s’il accepte goulûment et servilement les miettes empoisonnées du festin,

– s’il accepte de voir les promoteurs, implanter des industries de loisirs bruyants sur les tombes reposantes de ses morts comme cela avait été prévu à Bavella,

– s’il accepte que ses propres enfants, étrangers sur leur propre terre, soient soumis, sans fierté, exploités, méprisés par les trusts internationaux,

– s’il accepte de perdre définitivement sa langue, son âme, sa raison d’être, son identité,

Alors, il mourra sans oraison funèbre et ce ne sera que justice car les lâches n’y ont pas droit.

2°/ Dans la deuxième hypothèse :

– si le peuple s’engage résolument dans le combat de survie,

– s’il assume les risques et les sacrifices de son attitude,

– s’il retrouve et conforte ses véritables valeurs (dignité, civisme, fierté, courage, respect de la famille, sens de l’hospitalité et de la solidarité),

– s’il retrouve son identité en retrouvant sa langue,

– s’il prend conscience, et vite, de sa force invincible,

Alors, notre peuple rénové, sans référence au passéisme, sera sauvé, sera immortel, et ce ne sera que justice car il l’aura mérité.

Per compie, vi diceraghju, avvèdeci Fratelli è Surelle Corsi, ci simu ritruvati, ùn ci stacchemu più. » •