Mubilisazione

Weekend dans la rue

Plusieurs rassemblements avaient lieu ce week-end en Corse. In Corti, à l’appel des organisations de jeunes qui donnaient une conférence de presse sur le parvis de l’Università Pasquale Paoli pour dénoncer la réforme du Capes; à Viscuvatu pour dénoncer la répression contre Félix Benedetti, et à travers lui, le sort réservé aux prisonniers politiques; à Bastia, dimanche, pour réclamer le respect de la femme et de ses droits; à Carghjese, samedi, pour rendre hommage à Salah Klai, un ouvrier de 68 ans, assassiné de trois balles dans le dos, le 31 janvier dernier.
Retour sur ces événements.

 

Salah Klai, pourquoi?

Salah était tunisien, un corse d’adoption installé dans l’île depuis 45 ans. «Homme paisible», «sans histoire», «apprécié de tous», «un honnête homme», «un jardinier», rapportent ceux qui l’ont connu. Lui-même est parti sans comprendre. Lorsqu’il s’est effondré, il ne pouvait même pas imaginer qu’on avait tiré sur lui. «Pourquoi j’ai si mal au dos?» a-t-il demandé aux secours avant d’expirer.

Salah est parti dans l’indifférence quasi générale, pas de communiqué de condamnation pour lui ou si rares, émanant seulement d’organisations humanitaires comme Avà Basta ou la Ligue des Droits de l’Homme. Le Collectif anti-mafia qui dénonce systématiquement tous les assassinats, s’en est ému aussi à travers des témoignages de ses membres, mais ce crime, un de plus, un de trop, démontre à quel point les assassinats entrent dans la banalité d’un ordinaire macabre qui ne révolte plus. C’est pourquoi Avà Basta appelait à un rassemblement samedi. Non pour dénoncer du racisme. On ignore si c’est un crime raciste. Mais pour redonner son identité à Salah, pour lui rendre hommage, pour interpeller l’opinion, dire qu’il ne saurait y avoir de «pourquoi». Aucune raison, aucune tolérance, n’autorise en effet à en venir à de telles extrémités. Rien n’est plus précieux que la vie.

Risposi in pace o Salah. •

Hommage à Salah Klai
Sustegnu à Felix Benedetti

Il y a 4 ans, le 4 mars 2017, Felix Benedetti revenait en Corse après de longues années de prison et d’assignation à résidence à Paris. Il a refusé son inscription à «l’ignoble Fijait», ce fichier anti-terroriste, mêlant scandaleusement terroristes islamistes et activistes di tutte e mamme (écologistes, altermondistes ou nationalistes corses), et les condamnant à une peine permanente, même lorsqu’ils ont accompli leur condamnation.

Aujourd’hui, Felix Benedetti bénéficie d’un jugement de première instance qui lui permet de finir sa peine de manière aménagée, sous bracelet électronique. Il a donc repris son travail et sa vie, au milieu des siens, mais la justice française tente de l’emprisonner à nouveau. Le Parquet a fait appel et a requis un an et demi de prison ferme pour refus de se soumettre au Fijait. Huit ans après son arrestation, Felix est donc de nouveau convoqué le 11 mars prochain devant le Tribunal de Paris pour statuer sur son retour en détention. «L’espoir d’un changement de méthode suscité par la nomination d’Eric Dupond-Moretti sur la question globale des prisonniers politiques n’aura été qu’un enfumage» dénoncent dans un communiqué une douzaine d’organisations nationalistes. «La répression politique tous azimuts continue malgré les mobilisations. Felix Benedetti dérange car c’est un militant patriotique qui refuse de se soumettre à l’infâme Fijait. Nous n’accepterons pas qu’il soit de nouveau incarcéré.»

200 personnes ont répondu à l’appel du collectif de prisonniers Patriotti, de Ghjuventù Paolina, Ghjuventù Indipendentista, Cunsulta di a Ghjuventù Corsa, A Muvra, Aiutu Paisanu, Aiutu Patriotticu, Andatura Corsa Per I Diritti Umani, STC, A Manca, PNC, Femu a Corsica, Core In Fronte. •

Soutien à Felix Benedetti
Beaucoup de monde in Vescuvatu pour soutenir Felix Benedetti
Lingua corsa, lingua viva?

L’Associu Studii Corsi, a Cunsulta di a Ghjuventù Corsa, Ghjuventù Paolina, Ghjuventù Indipendentista, U Partitu di a Nazione Corsa, Femu a Corsica, Ghjuventù Lìbera, Core in Fronte, A Muvra, u Cullettivu di i Liceani Corsi dàvanu una cunferenza di stampa sàbatu in Corti. Dopu à i sindicati d’insignanti a settimana scorsa, a ghjuventù corsa dinunzia a riforma di u Capes.

Eccu e so rivendicazioni.

«In un sèculu, a Corsica hà campatu una sustituzione linguìstica. A nostra lingua era unniprisente in e famiglie è in a sucetà qualchì decina d’anni fà. Oghje, vidimu una duminazione di u francese, maghjuritariu in ogni duminiu. A scola hè attualmente u principale vettore di trasmissione è d’amparera. È puru, tuttu ciò ch’avemu ottenutu hè oghje disprezzatu da u Statu francese chì nega a vulintà suvrana di u pòpulu è di l’eletti di l’ìsula. Disprezzati quant’è a memoria di quelli chì anu luttatu per quella causa.
A nova riforma di u Capes prevede:
– un’inversione di u contu d’ore in e prove per lingua (8 ore 35 in lingua francese contru à 3 ore 30 in lingua corsa)
– un’inversione di i cuefficienti per lingua (8 pè u francese è 4 pè u corsu)
– prove chì vanu di più versu à i valori di a Repùblica francese cà nantu à l’aspettu disciplinariu.

Ùn accittaremu micca chì i prufessori di lingua è cultura corsa à vene èbbinu cumpitenze di poca valeghja in u so duminiu d’insignamentu è sìanu ghjudicati nantu à a so capacità à esse boni citatini francesi.

Di pettu à a dumanda criscente di bislinguìsimu nantu à l’ìsula, u Statu chjode scole bislingue, ricusa d’aumintà u contu di posti è persiste in a so lògica d’uniformisazione republicana.

Vulemu chì e prove di u Capes si fèssinu in lingua corsa unicamente.
Vulemu una generalisazione di e scole bislingue à tutti i livelli, accumpagnatu da un grande pianu di furmazione di i furmatori.
Vulemu a creazione di posti in più in u primu è u secondu gradu.
Vulemu chì i voti dimucràtichi di u nostru pòpulu è di i nostri eletti sìanu rispettati, principalmente a cuufficialità.» •

Conférence de presse in Corti

 

8 mars. Pour le respect des droits des femmes

Samedi, veille du 8 mars, toutes les associations insulaires de défense des droits des femmes appelaient à manifester à Bastia, du Palais de Justice à la Place St Nicolas.

Un 8 mars avec une résonnance particulière cette année. Depuis la relance il y a 3 ans du mouvement #MeeToo, puis du #IncesteMeeToo, les témoignages se sont multipliés sur les réseaux sociaux révélant l’ampleur du problème et son caractère ignoble, touchant principalement des femmes. Machisme, violences sexistes, violences sexuelles, la femme reste pour de trop nombreux hommes un «objet», une «propriété», un «être inférieur» qui subit violences morales, physiques ou financières et la société reste elle aussi insuffisamment armée pour lutter efficacement contre cette situation insupportable. Police, justice, administrations publiques, monde politique, les progrès à faire restent considérables. Pour les faits les plus graves de violences sexuelles, «les deux tiers des viols sont requalifiés en agressions sexuelles et seulement 1% des affaires judiciaires pour viol se terminent par la condamnation de l’accusé» dénonce Femmes Solidaires. Ces statistiques suffisent à elles seules à résumer l’impuissance, pire la non volonté de régler le problème. Comment espérer un meilleur sort lorsqu’une femme n’a déjà pas droit à la justice? De même, les droits des femmes ne sont pas reconnus dans nos pays dits civilisés, comment pourraient-ils l’être dans les pays sous-développés ou en voie de développement? Les femmes et les enfants souffrent bien plus que les hommes en situation de guerre ou de misère, mais même en situation de paix, et bien qu’elles soient plus diplômées, elles subissent des discriminations sexistes, salaire inférieur de 26% à celui des hommes, pension de retraite plus faible de 40%, au travail, au foyer, dans la recherche d’emplois, dans la prise de responsabilités, face aux droits en général, elles sont trop souvent discriminées. L’égalité des droits reste un combat. La recherche de cette égalité dans les faits n’est pas une priorité. En tous les cas, la société ne s’en donne pas les moyens.

Ferma longa a strada. •

Mobilisation sur la place St Nicolas