Umagiu

Aimé Pietri, courageux défenseur de la liberté d’informer

Aimé Pietri, figure du journalisme insulaire, vient de disparaître à l’âge de 91 ans.

Ce journaliste bastiais avait payé le prix fort pour que le peuple corse puisse bénéficier d’une liberté fondamentale, le droit à l’information.

Fondateur de la radio libre Radio Corsica International (RCI) avant que les lois libéralisant les ondes n’aient été prises en 1981, après la première élection de François Mitterrand, il lui était interdit d’émettre depuis le sol français soumis au monopole d’État de l’information, ce qui interdisait toutes les radios libres qui étaient obligées alors d’émettre clandestinement. Aussi Aimé Pietri avait-il pris l’initiative d’établir son émetteur sur le plus haut sommet de l’île d’Elbe, le Mont Capanne, face à Bastia, et sa radio pouvait ainsi être captée dans une large partie de la Corse en bénéficiant de la législation italienne.

RCI était alors accusée par les ministres français et certains élus corses, dont Jean Paul de Rocca Serra, de « favoriser une propagande anti-française » au lendemain des événements d’Aleria. Il supporta aussi l’accusation d’irrédentisme alors systématiquement portée contre tous ceux qui refusaient la censure de l’État français.

 

Plastiqué par les barbouzes de l’officine Francia

Il lui en a coûté d’être plastiqué par les barbouzes de l’officine Francia à son domicile bastiais le 31 octobre 1979, deux ans après que ces mêmes barbouzes aient plastiqué et détruit l’imprimerie d’Arritti, le 14 mai 1977. Ce qui ne l’empêcha pas de continuer courageusement ses émissions. Aussi les barbouzes reçurent-ils directement de la Préfecture l’instruction de plastiquer l’émetteur de RCI situé sur le sol italien, ce qui fut fait le 14 août 1980.

Ce courageux journaliste avait toute notre estime. Nous avions partagé le même combat pour la liberté de l’information du peuple corse. Era un omu di valore è d’onore.

Arritti manda e so cundulianze fraterne à tutti i soi. •