Violences policières

Maxime Beux obtient justice

Ce n’est pas toute la justice que l’on pouvait attendre, rien ne pourra rendre son œil à Maxime Beux, mais c’est une reconnaissance de son statut de victime. Et cela va lui permettre de tourner cette page douloureuse de sa vie.

 

 

Maxime a 22 ans ce 13 février 2016. Il est heureux avec ses amis supporters du Sporting Club de Bastia qui vient de gagner pour la première fois de son histoire sur la pelouse du Stade de Reims, devant près de 200 supporters bastiais. Aucun renfort de police particulier n’avait été jugé nécessaire et le match s’est déroulé sans encombre. Maxime a fait le déplacement par amour du football, pour vivre cette confrontation entre deux clubs aux palmarès historiques. Ils regagnent leur autobus en espérant auparavant pouvoir fêter la victoire devant un verre. Ils sont suivis par des policiers de la BAC de Reims qui les insultent. Des échauffourées éclatent. Chacun donnera sa version sur qui a commencé, mais l’histoire surtout se finit mal. Maxime reçoit un violent coup à l’œil et ressent une douleur « insupportable », il est en sang, à terre, roué de coups, sans pouvoir se défendre, conduit au commissariat où on le menotte et on le laisse ensanglanté dans d’atroces souffrance durant près de deux heures… C’est lorsqu’il perd connaissance que les policiers se décident à appeler les secours. Transporté à l’hôpital, il est opéré en urgence mais perd définitivement l’usage de son œil gauche.

Tir tendu de flashball pour les supporters (les policiers reconnaitront en avoir fait usage), chute sur un poteau pour les policiers, l’enquête de l’IGPN démontrera finalement que c’est un coup volontaire à l’aide d’une matraque télescopique qui fera basculer Maxime dans le handicap. Les policiers donneront plusieurs versions, le procureur de la République également, le préfet de la Marne, et même le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, couvriront les violences policières, pourtant d’évidence disproportionnées, et particulièrement brutales, les images de vidéo surveillance de la ville l’attesteront. Maxime, lui, contrairement à son agresseur, gardera toujours la même version d’un coup violent ressenti alors qu’il quittait les lieux, qu’il n’était pas menaçant, qu’il ne prenait pas part aux échauffourées. Ce que confirmeront les caméras vidéo. Christophe Mercier, le policier de 50 ans qui a été inculpé pour « violences volontaires avec arme ayant entraîné une mutilation permanente », lui, a changé de versions à plusieurs reprises, pour in fine faire son mea culpa et regretter son geste qui a ôté la vue à un jeune homme qui n’avait rien d’un délinquant.

 

Six ans de procédure.

Il a fallu six ans pour rendre justice à Maxime, une longue procédure, des manifestations de supporters à Bastia. Christophe Mercier a été reconnu coupable des faits incriminés et condamnés à 2 ans d’emprisonnement avec sursis devant une cour d’Assises, ce qui est suffisamment rare pour être signalé. Il avait été également sanctionné par son administration, avec 15 jours de suspension et affecté depuis à des tâches administratives. C’est dire !

« Cette audience a été comme une thérapie, j’ai dit ce que j’avais sur le cœur. Je n’attendais pas grand-chose en termes de quantum de peine. J’attendais que l’on me rende justice » a dit Maxime Beux à l’issue du procès, « venir ici et repartir avec un acquittement aurait été une catastrophe mais il n’y a pas le moindre triomphalisme dans mon propos et mes sentiments. Ce soir, je vais enlever ma prothèse pour nettoyer mon œil et demain matin, je la remettrai. »

Une satisfaction mais au goût amer, « Maxime Beux portera son drame jusqu’à la fin de sa vie » a dit son avocat, Maître François Fabiani. •