Paulu Santu Parigi, candidat aux Sénatoriales

« Nous ferons bouger les lignes »

Paulu Santu Parigi et Livia Ceccaldi-Volpei
Comme pour l’élection législative de juin 2017, c’est la première fois que l’élection Sénatoriale du 27 septembre prochain ouvre les enjeux réellement sur les besoins de la Corse. Jusqu’ici ce type d’élection était une affaire de rapport de forces entre partis à Paris. Aujourd’hui, le rôle d’un Sénateur, comme d’un député, est mieux perçu et apparaît dans son vrai rôle qui doit être uniquement tourné vers les intérêts de l’île, échappant aux enjeux purement parisiens. Et ce d’autant plus encore aujourd’hui que nos trois députés au Palais Bourbon ont démontré à quel point cette donne pouvait changer. Exerçant un vrai lobbying politique dans le bon sens du terme, parvenant même à convaincre au-delà des rivages de l’île, des élus d’autres territoires, de droite comme de gauche, ou écologistes, à les rejoindre pour constituer un même groupe à l’Assemblée nationale, basé sur les problématiques des territoires et d’aspiration à plus de libertés, ils bousculent les idées reçues sur la Corse.
Élargir cette capacité d’action jusqu’au Sénat, permettra à notre île de faire entendre sa voix au cœur du jacobinisme d’État, c’est l’un des enjeux forts de cette élection. Paulu Santu Parigi est un élu de proximité, il a l’expérience du terrain, c’est un militant qui saura défendre nos intérêts en travaillant de concert avec nos députés. Interview.

 

Les Sénatoriales feront la vraie rentrée politique, à quelques encablures des Territoriales qui plus est… et on vous dit « favori ». La pression ?

Paulu Santu Parigi : Effectivement ces élections sénatoriales sont très attendues et sont observées attentivement tant au niveau insulaire mais aussi au niveau national. C’est la première fois qu’un candidat nationaliste est en capacité de remporter cette élection.
Je suis à la fois serein et déterminé. Il est peut-être dit que je suis favori dans cette élection mais je reste prudent. En effet, aucune élection n’est gagnée d’avance. Je travaillerai donc sans relâche jusqu’au jour du scrutin.

 

Comment se déroule votre campagne ?

Notre campagne est une campagne de proximité se déroulant sur le terrain. Nous avons déjà rencontré avec ma suppléante plusieurs centaines d’élus et de délégués.
Ces différentes rencontres sont l’occasion d’évoquer les différentes problématiques communales et intercommunales et les difficultés que connaissent les élus en pratique. Ce sera d’ailleurs le cœur de notre travail si nous sommes élus : participer à l’élaboration de la loi afin de la rendre plus accessible et intelligible.

 

Quels sont les enjeux et vos grandes lignes de programme ? De quel sénateur a besoin la Corse ?

L’un des premiers enjeux est de compléter la représentation nationaliste dans les institutions législatives. Nous avons déjà trois élus à l’Assemblée nationale ainsi qu’un député au parlement européen. Si nous sommes élus, nous fournirons un soutien direct au travail parlementaire de ces députés. Mais nous prenons aussi l’engagement d’être un relais pour tous les élus de terrain, de faire entendre leurs voix et de rester attentifs à leur attente.
Une des actions les plus importantes s’inscrira dans l’actualité avec l’examen du projet de loi 3D (décentralisation, différenciation, déconcentration) qui permettra de donner plus de pouvoir aux collectivités, ce sera pour nous un des combats les plus important. Nous nous battrons donc au travers du processus d’élaboration de cette loi pour que l’autonomie pleine et entière de la Corse soir affirmée par l’obtention de moyens fiscaux et réglementaires nécessaires à la concrétisation de ce statut.
La Corse a aujourd’hui besoin d’un sénateur d’expérience, avec 26 ans de gestion communale et 3 ans et demi de gestion intercommunale, je pense pouvoir remplir cette fonction d’autant que mon expérience d’attaché parlementaire m’a permis de me familiariser avec les arcanes du processus législatif.

 

Militant de proximité, défenseur de la ruralité et de ce qui fait notre identité profonde, quel est votre message aussi pour l’urbain qui dispose de nombreux grands électeurs ?

Je suis effectivement un élu du rural mais ce n’est pas pour autant que je laisserai de côté les problématiques urbaines telles que la fracture entre les quartiers dits périphériques et les centres villes plus aisées, la réhabilitation des centres anciens ou encore la redynamisation commerciale des centres villes et centres bourgs qui se meurent. Sur ce dernier point, le Sénat a d’ailleurs accompli un travail important.
En outre, je souhaite mener une réflexion relative à la problématique des transports et des connexions à réaliser entre les villages et les villes, surtout en Corse.

 

Quelles sont vos priorités d’action ?

Elles sont multiples. Tout d’abord, si nous sommes élus, nous prenons l’engagement de saisir le Garde des Sceaux afin de solutionner le problème des prisonniers politiques corses, qui nous tient à cœur depuis bien trop longtemps. Ils doivent à minima purger leur peine sur leur terre. Nous œuvrerons pour leur libération.
Nous travaillerons aussi avec d’autres sénateurs comme Ronan Dantec du mouvement écologiste qui était présent au côté de Michel Castellani, Paul Molac et François Alfonsi qui ont soutenu la délégation du Collectif « Pour que vivent nos langues ». À travers notre élection, nous pourrons favoriser et renforcer ces soutiens afin que les langues régionales soient enfin considérées.
Il faudra revoir les mesures d’amortissement économique à la crise COVID, trop faibles encore pour les entreprises insulaires, ainsi qu’il sera nécessaire d’avoir un volet construit spécifique à la Corse et avec la collectivité sur un plan de 100 milliards d’euros affichés par le gouvernement.
Le Sénat mène de nombreuses études de qualité. À titre d’exemple, l’étude de droit comparée entre les statuts des îles de l’union européenne a largement servi au moment de l’élaboration du statut Joxe. Bien entendu, nous essaierons de participer à ces travaux chaque fois que cela sera possible.

 

Comment séduire les maires grands électeurs, déçus par le système hyper centralisé autour de l’Élysée ?

Comme je l’ai dit précédemment, mon expérience d’élu de proximité à la tête d’une commune et d’une EPCI m’a souvent confronté à des législations en contradiction avec la gestion de ces collectivités. Cela a été et est encore un débat important dans cette campagne et l’idée de différenciation de la loi 3D promet de bousculer cette hypercentralisation élyséenne. Ces difficultés rencontrées pourront être débattues avec d’autres sénateurs et nous ferons bouger les lignes si nous réussissons à être nombreux à les amender.

 

À quoi peut bien servir un sénateur dans un contexte de crise ?

Le défi est immense, notamment à l’heure de la crise sanitaire et économique qui nous touche tous. L’évolution majeure que connait la Corse doit se poursuivre et s’amplifier.
Le sénateur qui rédige et vote la loi, devra œuvrer différemment et s’engager pour un environnement préservé et valorisé mais aussi, pour un développement centré sur une production équitable et maitrisée.
La crise aura révolutionné la manière de penser le monde d’après.
Le sénateur, comme tous les élus, devra y contribuer pleinement.

 

576 grands électeurs (maires ou représentants des communes, conseillers territoriaux, députés) seront appelés à voter le 27 septembre prochain, au suffrage universel indirect lors d’un scrutin majoritaire à deux tours. Paulu Santu Parigi, maire de Santa Lucìa di Mercoriu, conseiller territorial Femu a Corsica, et sa suppléante, Livia Ceccaldi-Volpei, avocate au Barreau de Bastia, forment une équipe fin prête à investir le Palais du Luxembourg, antre du jacobinisme, et à soutenir le travail parlementaire de nos quatre députés, au sein de l’Assemblée nationale et du Parlement européen. Livia Ceccaldi-Volpei accompagnera en effet tout au long du mandat Paulu Santu Parigi pour lui apporter un soutien juridique dans cette fonction. « Elle aura une place importante durant tout mon mandat et sera impliquée dans le travail au Sénat. Sa compétence juridique sera utile et précieuse. Fortement engagée sur le terrain politique en Balagne, elle fait partie des nouveaux cadres de Femu a Corsica » souligne Paulu Santu Parigi.