E riflessioni di Max Simeoni

Du Coronavirus et du virus colonial

par Max Simeoni

 

Les Territoriales sont renvoyées à juin… ou à plus tard. Cela dépend de Covid19. Il est, faute de moyens médicaux pour le combattre, maître du jeu.

 

Le Covid19 met les «autorités» dans l’embarras. Il les oblige de tenter de surfer entre des mesures pour le freiner et les conséquences économiques qui en résultent: crise sanitaire qui concerne tous les secteurs, santé publique (lits de réanimation, chirurgies différées, malades déplacés, personnels soignants en nombre insuffisant…), commerçants aux abois, transports, emplois, culturels en arrêts, foires et festivals annulés, frontières qui se ferment. Bref toutes les activités «non primordiales». Autant dire ce coronavirus nous pousse vers des restrictions, l’appauvrissement global, économique et social. Vers un contexte de survie de notre société de consommation sans frein. Déjà alertés par la pollution qu’elle a produit dans l’environnement, une confiance exagérée dans la techno science portait à croire qu’elle nous permettrait de régler ces problèmes et de continuer ainsi. On pensait avoir le temps d’aviser. Or il était évident que toutes les activités polluent de concert et que les mesures qu’on devrait prendre aujourd’hui  ne feront pleinement d’effet que dans peut être très longtemps, certains disent dans 50 ans.

Le virus est différent. Il nous bouscule. Il affole tout de suite. Quelques-uns, non. Les jeunes en particulier qui veulent vivre, sans crainte. Ils ne sont sensibles qu’au danger immédiat et visible.

Des adultes en prennent quelques fois leur parti, certain par idéologie. Le Premier Ministre britannique et le Président Trump, conservateurs ne voulant pas gêner l’économie libérale, n’ont pris aucune mesure. Ils ont considéré Covid19 comme une grippe habituelle. La mortalité les a contraints à réagir après avoir eu de nombreux morts. Plus fort, Attali ancien ministre socialiste a cru bon de nous dire, je cite de mémoire, «qu’il était contre le prolongement de la durée de vie», que le vieillissement (il a plus de 70 ans) était «un marché certes mais non solvable», «avec l’accroissement de population et du vieillissement, il faudrait envisager l’euthanasie pour le réguler.» Bigre! Logique imparable d’un économiste de haut niveau qui pense que la vie ne peut être qu’un marché. À moins d’une provocation de lui pour sortir du tout marché, je n’y crois pas, et vous lecteurs?

 

Le virus coince tout le monde dans l’immédiat, les gouvernants n’y échappent pas. Ils sont des funambules  sur la corde au dessus du vide. Ils décrètent le confinement durant le mois de novembre espérant laisser respirer commerces et familles pour les fêtes de Noël. Le prix à payer se fera après en cas d’une reprise de l’épidémie, oui mais  de combien sera-t-il dans les stations de neige?

Des contradictions apparaissent. Les petits commerçants en centre ville contre les grandes surfaces. Les autorités y isolent des rayons concurrents. À la fin de l’épidémie un jour, le problème des centres villes désertés implique aussi celui du stationnement, des encombrements de circulation. Les solutions existent. Parkings, voies rapides à ouvrir, navettes, etc. Des exemples sont connus. Mais ils demandent temps et investissements. Or on est en difficulté face à des urgences plus ou moins imprévisibles. Les gouvernants veulent faire des économies. Ils rognent sur le social, hôpitaux et soignants, non remboursement de médicaments, compression de personnels, non renouvellement des stocks de masques et des tests diagnostics qu’on avait prévus à l’expérience des virus précédents.

On ne peut penser que le libéralisme des USA avait triomphé du dirigisme socialiste incarné par la révolution des bolcheviks  et qu’il était le modèle pour la planète. L’Europe en construction inachevée timidement a cherché un début de synthèse avec la sociale démocratie qui végète et n’arrête pas la crise du modèle libéral mis à mal par un coronavirus un peu nouveau de cette famille.

L’État central «en guerre» doit dans l’immédiat compenser les blessures, par «des aides, des dérogations, des subventions». Or il est déjà endetté et qui in fine va payer les dégâts? Les impôts de ceux qui travaillent, une fois que l’économie redémarrera, les taxes indirectes ou la TVA par tous. Un PIB revu à la baisse?

 

Pour la Corse c’est pire. Elle cumule un maximum d’inconvénients, ceux de l’économie libérale en crise et ceux camouflés d’une économie  du tourisme non maîtrisé qui représente 30% et plus sans doute de son PIB. Elle est dépendante à 97% pour tout ce qu’elle consomme. Elle est la proie des mécanismes financiers qui sont liés aux productions extérieures. Elle n’a pas de cartes pour atténuer un jeu à sens unique. Les acteurs de proximité ne sont que les revendeurs des dominants externes qui ont besoin de toujours plus de touristes  et d’afflux de population.

C’est la conséquence du colonialisme républicain et jacobin à l’œuvre depuis plus de deux siècles. Il a d’abord vidé l’île pour ses guerres et son Empire colonial en faisant croire qu’elle était pauvre par nature. La France l’avait appauvrie par un siècle de loi douanière (1818-1913) et persuadée son Peuple autochtone de sa chance d’être sous sa tutelle généreuse aux valeurs universelles. En 1960 elle n’avait que 160.000 hab. Elle était exsangue. En 1962 les Accords d’Evian font l’Algérie indépendante. L’État républicain replié sur une Europe naissante doit rentabiliser la dernière colonie qui lui reste, elle lance le tout tourisme prévu dès 1970-71 dans le document d’aménagement de la Corse pour la période de 1971 à 1984*. Crime avec préméditation mais présenté alors comme «le moteur du développement économique» profitable à tous ses habitants. Le rapport secret de l’Hudson Institut à la Datar dévoilé met à nu ce mensonge d’État, le tout tourisme et le renouvellement de population pour réduire les réactions de population restante des autochtones et accroître les profits importés.

Dans le monde en crise, le sort du Peuple Corse colonisé et près de disparaître ne dépend que de lui-même. Pas de procuration possible pour le sauver avec sa Terre.

Le sauvetage passe par une prise de conscience des causes qui le menacent, par un Parti autonomiste qui la permettra et obtiendra avec tous les patriotes et amis de la Corse une Autonomie faisant des lois pour maîtriser au mieux son destin de Peuple. Un tel combat pour la justice est de ceux qui s’opposant aux dominants abusifs renforce la liberté et la justice. Et ce n’est pas une sinécure. C’est une guerre non civile mais entièrement civique. •

 

*Explication et Schémas officiels dans le premier Autonomia publié en juin 1974.