Avenir du peuple corse

Notre ennemi c’est le temps !

L’Assemblée Générale annuelle de Femu a Corsica ce week-end a été dédiée au projet d’autonomie qui avance vers sa concrétisation en 2024. Ce processus historique chemine depuis deux années désormais, et son aboutissement est inscrit dans un calendrier qui doit mener, avant la fin de l’année, à une réforme de la Constitution. La forte affluence a une nouvelle fois conforté la légitimité de Gilles Simeoni.

 

Nous sommes près de deux ans après son lancement en mars 2022 par le biais du « compte-rendu de réunions » que Gérald Darmanin et Gilles Simeoni avaient co-signés à l’issue du déplacement en urgence du ministre de l’Intérieur venu en Corse pour rétablir le calme et le dialogue après les émeutes consécutives à l’assassinat encore inexpliqué d’Yvan Colonna dans la prison de haute sécurité où il était détenu. Puis, les élections présidentielles et législatives de mai et juin 2022 ayant confirmé les mêmes interlocuteurs à Paris, Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, les discussions ont véritablement commencé durant l’été.

François Martinetti l’a rappelé dans son discours en remontant à janvier 2023, lors de notre précédente AG. En février, alors que se décidait enfin la liberté conditionnelle en fin de peine de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, Emmanuel Macron a participé en personne à la troisième réunion de discussion entre Paris et les représentants de la Corse. Le processus s’en est trouvé relancé.

Puis l’Assemblée de Corse a adopté sa proposition par 73 % des voix (les trois groupes nationalistes et Pierre Ghionga) début juillet, et, enfin, il y a eu le voyage officiel du Président de la République et son discours du 28 septembre 2023 à l’Assemblée de Corse. Depuis, entre les quatre groupes de l’Assemblée, Fà Pòpulu Inseme, Partitu di a Nazione Corsu et Core In Fronte côté nationaliste, et le groupe de la droite insulaire, Un Soffiu Novu, dont la tête de liste avait été Laurent Marcangeli avant qu’il ne soit élu député, les discussions ont lieu pour présenter un consensus bâti à partir de la délibération de l’Assemblée de Corse du 5 juillet 2023. Ces discussions, dont nous aurons le résultat ces prochaines semaines, avancent positivement nous ont confirmé Jean Biancucci, François Martinetti, et, dans son discours de clôture, Gilles Simeoni lui-même. Notre AG de janvier 2023 était loin d’être certaine de telles avancées en douze mois à peine !

 

L’année 2024 doit concrétiser nos espoirs et il ne faut surtout pas se laisser détourner de cet objectif historique. Si le rendez-vous de l’autonomie était manqué en 2024, combien d’années, combien de décennies avant qu’une nouvelle opportunité ne survienne ?

Dans son bel hommage à Max Simeoni au début de l’Assemblée Générale, Nanette Maupertuis a rappelé plusieurs de ses éditos dans Arritti. L’un d’entre eux insistait sur l’objectif d’autonomie comme levier indispensable pour renverser le cours funeste de l’Histoire du Peuple Corse qui, si nous devions rester dans le droit commun français, ne peut qu’aller à sa disparition.

Cet objectif d’autonomie, nous l’approchons enfin ! Elle sera le moyen de renverser le cours des choses, de disposer de nouveaux moyens qui pourront apporter des solutions réelles à tous les problèmes qui assaillent le peuple corse. Il faut rester concentrés sur cet objectif, et ne pas s’en laisser distraire par des démarches comme celle de Palatinu qui ne fait qu’importer en Corse les thématiques de l’extrême droite française et européenne.

L’Assemblée Générale de Femu a Corsica n’a pas manqué de rejeter ce courant identitaire volontiers raciste qui surfe sur les faits divers tout en en s’accrochant au train de l’extrême-droite la plus réactionnaire. Rien ne nous en rapproche. Les applaudissements très nourris qui ont salué l’intervention faite en ce sens au nom de la section de Bastia ont valu positionnement clair et net.

 

Mais l’essentiel est ailleurs. Gilles Simeoni l’a martelé dans son discours de clôture, « notre ennemi, c’est le temps », le temps qui efface la langue corse, le temps qui aggrave jour après jour la spéculation foncière et la dépossession de la Terre, le temps qui affaiblit le peuple corse dans sa démographie, dans sa culture, dans sa capacité à « fabriquer des Corses » par des politiques publiques adaptées, notamment en matière d’éducation.

Gagnons notre autonomie.
Gagnons cette course contre le temps. •