G7, G20

La géopolitique des grandes puissances

Le G7 vient de se réunir à Taormina en Sicile, avec sa nouvelle « vedette américaine » Donald Trump. Terrorisme, échanges commerciaux, changement climatique, crise des réfugiés en Méditerranée, tel était l’ordre du jour de ce « sommet », le premier depuis l’élection de Donald Trump à la tête de l’administration américaine.

Les sept pays membres de ce « groupe » (d’où G7) sont les USA, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la France, l’Italie, le Canada et le Japon; l’Union Européenne y assiste au titre d’observateur. C’est donc le sommet des principales «démocraties occidentales », qui représentent 50 % du PIB mondial pour 15 % environ de la population de la planète.

Il y a peu, il était même devenu G8 en s’élargissant à la Russie, mais le conflit en Ukraine a provoqué la fin de cet accord.

Au G7, on parle gros sous, enjeux militaires et commerciaux stratégiques, et grands dossiers internationaux comme celui du réchauffement climatique. Cette diplomatie parallèle à celle de l’ONU est évidemment capitale pour la marche du monde.

Il ne faut pas confondre le G7 avec le G20, qui regroupe les mêmes pays plus tous les autres pays qui «pèsent » de par le monde, de la Chine à l’Inde, en passant par la Corée du Sud, le Brésil, l’Australie ou la Suisse. La similitude des appellations est trompeuse car le G20 est d’une toute autre nature. Au G20 on discute, au G7 on décide ! Et rien ne s’y décide sans, et encore moins contre, les États Unis qui représentent 40 % des économies représentées, et surtout 80 ou 90% de la puissance militaire déployée au nom des intérêts des « démocraties occidentales ».

D’où l’importance de ce premier sommet de Sicile avec Donald Trump, le nouvel, et inattendu, et imprévisible Président des USA. Toute la presse internationale était naturellement focalisée sur lui, à l’exception de la presse française bien sûr frappée de nombrilisme et qui n’avait d’yeux que pour Emmanuel Macron, lui aussi à son premier sommet, mais dont personne n’avait que faire tant il est la continuité même de François Hollande et tant le poids de la France est relatif hors le parapluie de l’Union Européenne.

Par contre Donald Trump, ce n’est pas la continuité de Barack Obama, c’est le moins que l’on puisse dire !

L’Italie avait pris en charge l’organisation du sommet avec l’ambition de mettre sur la table la question cruciale des réfugiés qui prennent la mer sur des embarcations en perdition par dizaines de milliers chaque année, qui y font naufrage par milliers, pour gagner les côtes italiennes les plus au sud de l’Union Européenne.

La scène était pathétique du nouveau premier ministre italien, Paolo Gentiloni, faisant son plaidoyer face à un Donald Trump qui avait laissé ostensiblement ses écouteurs sur son bureau, alors qu’il ne comprend pas un mot d’italien.

Rarement l’expression « cause toujours, tu m’intéresses » n’avait connu une traduction diplomatique aussi brutale !

S’il avait pu, Donald Trump aurait été aussi brutal avec les questions climatiques et les accords de Paris qu’il a passé une campagne électorale entière à vilipender. Mais l’Europe est là, en contrepoids, et, aux USA mêmes, des voix s’élèvent pour contester les positions de Donald Trump, notamment dans le monde économique.

Et si l’économie sans carbone était vraiment l’économie du futur ? Sortir des accords de Paris serait alors prendre le risque pour les USA de n’y plus jouer que les seconds rôles derrière l’Union Européenne ou le Japon ! Les grands États américains, à commencer par la Californie, s’opposent radicalement à Donald Trump sur cette question, et il lui était impossible d’exprimer une position définitive malgré ses propres convictions. Les « yeux doux » d’Emmanuel Macron ne l’ont sans doute pas ébranlé. Par contre, l’engagement de l’Europe vers l’économie verte, Allemagne en tête, avec la perspective d’un leadership européen préjudiciable aux intérêts économiques américains, voilà qui lui donne à réfléchir davantage !

Pour le terrorisme, tout était réglé d’avance, surtout dans le contexte de l’attentat de Manchester, même si le vigoureux shake-hand et les contrats faramineux accordés en chemin à la dictature sunnite d’Arabie Saoudite ont sans doute inquiété tous les autres dirigeants du G7 qui savent l’appui donné par les émirs du pétrole aux religieux salafistes dont les prêches alimentent le djihad des plus fanatiques.

Quant aux échanges commerciaux, il n’en a été que brièvement question : on ne touche pas au business !

À vrai dire, Donald Trump n’a pas fini de nous faire regretter Barack Obama !

 

François Alfonsi.

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