La reconversion

Les natios ont une reconversion à faire : passer d’une majorité électorale inespérée à un mouvement populaire enraciné dans le Peuple qu’ils veulent préserver de la disparition auquel le jacobinisme le condamne.

 

En lui niant une existence légale et le moindre droit, tout lien avec sa Terre, en refusant la coofficialité à sa langue, le Peuple corse est soumis à une hémorragie lente mais mortelle.

C’est bien de cette conviction que le nationalisme a surgi pour mener le combat de la survie.

Durant deux siècles et demi, la domination de l’État jacobin n’a pas varié. Elle a appauvri l’île : un siècle de loi douanière, de 1818 à 1913. Elle a cassé toute croissance démographique : 12.000 morts au Champ d’Honneur et sans doute autant d’estropiés à la guerre de 1914-18. Elle a continué à la saigner par les guerres coloniales et l’exil pour l’encadrement de l’Empire. Tirant sa richesse des colonies, elle a négligé tout développement régional. D’ailleurs, d’autres régions de l’hexagone ont aussi été lésées : la Bretagne, le Bassin aquitain… Trente ans après 14-18, la guerre de 1940-45, l’euphorie de la victoire des Alliés, avec le Plan Marshall et la Reconstruction qui bat son plein dans l’hexagone, l’exil s’accélère, « il faut partir, il n’y a rien à faire ici… » En 1960, l’Insee compte 160.000 habitants en Corse. Or c’est la période où la République finit de perdre son Empire colonial (accords de Genève 1954 par Mendès France – ceux d’Evian 1962 par De Gaulle). Ce retrait coïncidant avec la construction de l’Europe, la nécessité de revitaliser les régions « négligées » s’impose. Ce sont les Plans d’Actions Régionales. Pour l’île, trois sociétés d’économie mixte : la Somivac (agriculture) détournée pour accueillir l’exode de 18.000 Pieds Noirs, la Setco (tourisme) avec un projet d’une chaîne de 100 hôtels, la Sté Sylvo Pastorale qui n’a jamais vu le jour.

En 1960, le gouvernement de De Gaulle envisage de transférer la base d’essai atomique du Hoggar dans les galeries de la mine abandonnée de l’Argentella, au sud de Calvi… Si pour la République l’île est, par la géopolitique, essentielle pour sa sécurité et a besoin de garanties solides, de là à s’en servir pour un dépannage politico- atomique dans l’urgence, elle met en évidence son cynisme colonialiste.

 

La République n’a traité le Peuple corse que comme un réservoir colonial d’hommes et l’île vidée comme une terre à exploiter à l’heure de la civilisation des loisirs balnéaires.

La révélation par l’ARC du rapport de l’Hudson Institut que la Datar voulait tenir secret a permis de comprendre que l’Etat voulait achever le Peuple Corse par une implantation de 250.000 lits et un transfert de 70.000 techniciens, le tout en 10 ans. Ce Plan d’Aménagement semblait abandonné, il se poursuit mine de rien.   Les résidences secondaires ont proliférer en 10-20 ans grâce à un allègement des charges de 30%. Les grandes surfaces prolifèrent que la seule la concurrence des grandes marques ne peut pas expliquer en regard de la population.

Elles anticipent les vagues de touristes à venir.

Les transferts de population se font à raison de 4 à 5.000 nouveaux venus par an.

Ce plan d’aménagement continue sur un mode déguisé, il implique quelques Corses qui profitent de l’opportunité de faire un placement et qui servent d’alibis ou de boucliers voire d’otages à la masse anonyme des financements extérieurs et bancaires.

 

Certains pensent sans doute que je radote. Peut-être. Mais si je reviens avec les mêmes thèmes, c’est parce que je râle de voir que les natios me paraissent ne pas avoir tiré les leçons et se laissent endormir par les apparences.

Ils sont pour le moment majoritaires « absolus » à la CdC, et ils ont pris la mairie de Bastia, le système ancien des élections des clans est périmé… la belle affaire !

La phase finale du déclin du Peuple historique s’accélère, l’Université forme des jeunes qui partent mais beaucoup ne reviennent qu’en vacances comme les touristes, les institutions recrutent souvent leurs cadres à l’extérieur, ceux qui moins diplômés veulent rester, beaucoup recherchent comme par le passé l’emploi sûr, sapeurs forestiers, employés de Mairie… et les start-ups me direz-vous ? C’est bien mais elles sont loin du rêve de la Californie.

Mes rabâchages veulent alerter les natios sur le ridicule de leurs dissensions électoralistes. Ils donnent l’impression de se battre pour des mandats insuffisants pour régler le problème de la sauvegarde de leur Peuple et de sa Terre. Il ne s’agit pas de restaurer le Peuple de la ruralité, il n’en subsiste que quelques fumerolles. Mais n’avons-nous pas le devoir de laisser une Terre à la beauté conservée, où il fait bon vivre et où la liberté s’accompagne de la solidarité, proches que nous sommes les uns des autres ? Nous en avons eu toujours recours quand le danger visible venait de l’extérieur. Liberté ne veut pas dire individualisme, égocentrisme égoïste à tout crin.

Notre combat est plus grand que nous. Il veut contrer la loi du plus fort, du dominateur et de l’injustice.

Il est celui d’un Peuple petit mais qui a le droit de vivre comme tout Peuple. On peut trouver des aides en luttant mais on ne survit pas en donnant procuration.

 

Pourquoi se vautre-t-on dans des conflits électoralistes et on ne veut pas organiser la convergence de nos militants ?

Un mandat européen pour un individu ou une chapelle ? Des coalitions électoralistes qui n’existent que pour se partager des postes et des fonctions illusoires en regard du projet qui nous a fait se dresser : l’émancipation de la Corse. L’effort majeur ne doit-il pas être de rassembler pas seulement dans les urnes mais aussi dans la vie quotidienne le plus possible de Corses pour un combat historique civique et exemplaire démocratiquement.

Combat rude qui exige autant d’auto discipline, que de détermination et d’abnégation.

Le combat du Peuple corse est contre l’injustice, il est pour les valeurs de liberté, de dignité, de solidarité concrète. Il participe ce faisant et pour sa part à l’avancée de la civilisation vraiment humaniste.

Pour l’heure, va-t-on la faire cette reconversion d’une majorité de circonstance par les urnes en un parti populaire au sein du Peuple corse ?

Je bégaye de crainte de n’avoir inconsolable, que la colère pour m’exprimer.

 

Max Simeoni.

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