Les indicateurs sont au rouge !

L’économie corse au bord de l’effondrement

Il est quelques chiffres qui cernent bien la crise dans laquelle nous sommes plongés depuis le 17 mars 2020, premier jour du premier confinement, dont l’impact est désormais aggravé par la «deuxième vague» et le deuxième confinement que beaucoup espéraient éviter, en vain.

 

Premier indicateur: les transports de passagers aériens et maritimes.

Après les deux premiers mois de janvier et février 2020 sensiblement identiques aux mois correspondants de 2019, le confinement est survenu en mars (-80% pour les passagers de et vers la Corse), puis avril et mai (-95%). La reprise s’est faite progressivement en juin (-80%), juillet (-50%), août (-25%), puis, dès septembre l’évolution sanitaire a impacté le trafic avec des fermetures de lignes vers l’étranger (-28%), puis octobre (-35%) et, en novembre à nouveau le confinement (-95%). Cette accumulation de mauvais chiffres ne peut être sans conséquences sur un secteur qui emploie de très nombreux salariés insulaires, tant dans l’aérien que dans le maritime. Et il donne une idée de l’ampleur de la crise subie par le secteur touristique du fait de l’effondrement de la fréquentation estivale.

 

Deuxième indicateur: le recours au chômage partiel.

En mars le recours au chômage partiel a touché 47% des salariés, 54% en avril, 44% en mai, 20% en juin, 10% en juillet et 5% en août, puis rechute brutale en novembre: 31%. Tous ces salariés perdent du pouvoir d’achat, même s’ils gardent pour l’instant leur emploi, ce qui est le principal. Mais les entreprises touchées de plein fouet par la seconde vague (commerces, restaurants, débits de boissons et, par voie de conséquence, tous leurs fournisseurs privés de débouchés) survivront-elles à ce nouveau coup dur?

 

Troisième indicateur: le Produit Intérieur Brut.

Le Produit Intérieur Brut de la Corse est de 9 milliards d’euros en temps ordinaire. 1,6 milliard d’euros représente la perte enregistrée début 2020 en raison du confinement du printemps dernier; viendront s’y ajouter 310 millions d’euros supplémentaires avec la seconde vague de novembre. Au total, le PIB de la Corse reculera de 18% en 2020; pour l’ensemble de la France le recul est prévu à 10,3%. Nous sommes une économie très vulnérable face à la crise sanitaire, comme toutes les autres îles en Méditerranée, beaucoup plus que les économies continentales.

 

Quatrième indicateur: le taux de chômage.

Le taux de chômage est prévu en hausse de 20% fin 2020 par rapport à fin 2019, et va encore progresser en 2020 et 2021 selon les prévisions, jusqu’à atteindre presque 12% de la population active, le second confinement aggravant beaucoup la situation.

 

Cinquième indicateur: le taux de pauvreté.

Le taux de pauvreté était déjà très élevé en 2019 (17,7%); il va grimper jusqu’à 19%. Beaucoup de jeunes notamment rejoindront les rangs des précaires, car ils ne trouvent pas de première embauche, ou ceux qui n’ont pu obtenir des jobs d’été pour financer leurs études, et qui sont impactés par la fermeture des restaurants universitaires. Quant aux personnes précaires qui s’en «sortaient» un petit peu grâce à des emplois non déclarés, leur situation s’est encore aggravée car leurs petits jobs, qui échappent aux statistiques, n’ont pas existé ou presque cette année.

La situation économique et sociale de l’île est donc très fragilisée. Il faudra beaucoup de temps et de solidarité pour se remettre d’une pareille crise économique. •