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Nouvelle donne ?

Max Simeoni
Max Simeoni
Ce texte était écrit le 6 décembre 1990… Max Simeoni était alors élu depuis peu député européen et il s’agissait pour lui d’encourager les militants nationalistes à réfléchir sur la situation nouvelle créée. La Lutte de Libération Nationale était en effet en peine recomposition, avec la naissance de l’ANC (Accolta Naziunale Corsa) en 1989, la division du FLNC en 1990, entre Canal Historique et Canal Habituel, donnant naissance à des structures publiques, poursuite de la Cuncolta Naziunalista d’une part, création du MPA (Muvimentu per l’Autodterminazione) d’autre part. Paralèllement, une nouvelle politique d’union entre les autonomistes de l’UPC et les indépendantistes de la Cuncolta Naziunalista se fait à partir de Bastia, et surtout, Michel Rocard est chargé de la résolution du problème corse par François Mitterrand réélu en 1988. Il place le 29 septembre 1989 à la tête d’un Comité interministériel sur la Corse un certain Pierre Joxe qui entame des discussions sur un futur statut « d’autonomie »…
Toute « nouvelle donne » dont on peut aussi considérer qu’elle se pose aux nationalistes aujourd’hui nécessite « rigueur, démocratie, respect fraternel » explique Max Simeoni.

 

 

Nouvelle donne ?

par Max Simeoni

 

Tout bon ou tout mauvais est pratiquement impossible. L’action consiste à renforcer ce qui paraît bon et à atténuer ce qui paraît mauvais.

La difficulté survient quand le côté « bon » est différemment appréhendé par les uns et les autres. L’erreur première à ne pas faire est d’entraîner l’autre sans vouloir prendre le temps de chercher à le convaincre ou de le marginaliser pour le sortir de sa route. Il faut savoir accepter d’être convaincu en partie ou totalement. Il faut être à l’écoute.

La plus grande habileté ne fera jamais une politique valable et restera toujours dérisoire en regard de l’Histoire. Elle a enterré dans l’oubli plus d’un renard fameux en son temps ! La forfaiture est rare. Le sentiment nationaliste peut s’abriter dans un forban mais le forban doit rester à sa place.

Aujourd’hui tout le monde se sent une vocation de « regroupeur », derrière son « panache blanc ». il y en a trop ! Il y a pléthore de plumes empanachées. Cela devient une bataille de bonimenteurs à coup de plumeaux, à coup de démonstration de lessives qui « lavent plus blanc » chacun des plumeaux.

La « dislocation » actuelle n’est qu’apparente.

Si la nécessité de regrouper se fait sentir, comment s’y prendre ?

Il faut plus de rigueur dans les idées et les comportements en gardant le respect réciproque.

La foi nationaliste est précieuse. Elle doit être le ciment. Il faut cultiver la confiance coûte que coûte. Aucun effort ne doit être négligé pour cela surtout lorsqu’on est en désaccord.

Il faut de la rigueur certes et de la patience. Il faut accepter le jeu démocratique. Il ne s’agit pas de voter pour un oui ou pour un non. Il s’agit de s’informer loyalement, d’exposer clairement et honnêtement ses analyses et ses choix.

Il s’agit d’écouter attentivement même ce qui déplait.

Le socle nationaliste est là, capable de supporter le poids de l’histoire.

Si la certitude est celle de la foi inébranlable, le doute sur les moyens pour la servir est naturel. Le doute est le propre de l’homme avisé. Quelqu’un a dit qu’il trouvait remarquable que l’homme intelligent soit si plein de doute et l’idiot si plein de certitude. Les sots, je le crois réellement, ne sont pas légion, de même que les génies. Alors que les toujours sûrs d’eux-mêmes, cessent de nous prendre pour des sots !

Rigueur, démocratie, respect fraternel et il ne reste plus qu’à s’associer autour d’une table pour poser à plat tous, oui tous les problèmes. Il n’y a pas de tabous.

Il ne s’agit pas d’épiloguer à l’infini sur les erreurs passées. Il s’agit de définir clairement et honnêtement les cartes actuelles, celle de la nouvelle donne à la hauteur du niveau atteint, et il est prometteur selon moi. •