Le sprint des législatives ?

Le sprint des législatives est lancé. Dans trois semaines, les gagnants et les perdants….et des conséquences sur le continent et dans l’île. Dans l’hexagone, le Président Macron aura-t-il une majorité pour gouverner ? Sera-t-elle assez cohérente pour mettre en œuvre les réformes annoncées sans trop de 49/3 ? Ou dans une configuration de cohabitation faite de coalitions d’élus divers ?

Tout est possible. Du neuf neuf, une révolution sortie des urnes, comme d’une boîte à Pandore, du bricolage d’artiste pour voir venir tout en marchant ou de bric et de broc, vulnérable au moindre choc, une crise de régime, institutionnelle et politique rapide ou plus ou moins différée….

Dans l’île le «problème » insulaire à deux versants possibles.

Les natios, sur leur lancée, emportent un siège ou deux ; le système clans-pouvoir central déglingué les ayant aidés à s’emparer de la mairie de Bastia puis de la CTC, l’arrêt de la clandestinité acquise au préalable.

L’enthousiasme et l’euphorie sont là. Le système continue à se déglinguer et la situation est donc favorable…

Mais, en cas de succès, ils ne devront pas se laisser enivrer au point d’oublier leurs carences. Ils disposeront de peu de temps pour y remédier s’ils ne veulent pas se retrouver sans garantie pour la suite de leur parcours « historique ».

 

Les trois composantes des «modérés » que rien ne distingue, ni l’idéologie ni le credo démocratique, ont du mal à sortir les candidatures. Les insatisfaits – il y en a toujours – ont dénoncé la façon non démocratique dont cela s’est fait. Les militants de base auraient été peu ou mal consulté. Tout se serait fait entre capi di machja et leurs proches entourages. La dynamique des législatives met en suspens la polyphonie des frustrés… Elle risque de reprendre plus largement avec la confection des listes électorales pour trouver un équilibre entre les trois composantes.

Elles existent, elles sont légitimes qu’elles soient plus ou moins homogènes.

Une liste sortira, elle fera son score grevé d’un manque à gagner car ces rivalités « fraternelles » sont perceptibles par les électeurs loin du premier cercle des initiés. La dynamique est forcément freinée, le manque à gagner est toujours difficile à évaluer, et en cas de contexte moins favorable, sans être en cordée, une chute est possible.

L’absence d’une organisation démocratique active au sein du Peuple Corse ne peut pas être suppléée par un ou deux députés, qui porteraient la voix de l’Exécutif au Parlement si le contexte devient difficile. La division, la dispersion des modérés pourrait être leur tendon d’Achille.

 

Légitimes par les voix obtenues, les natios ne doivent pas s’endormir sur cette légitimité électorale. Comment expliquer que Marine Le Pen arrive en tête dans une région où les natios ont pris les commandes institutionnelles ? Serait-elle plus légitime qu’eux? Ce rapprochement paradoxal pour rappeler qu’un scrutin est déterminé en grande partie par des éléments contradictoires, aléatoires. Les institutions auxquelles ils ont accédé ne leur permettent pas de détenir les moyens d’une réforme historique. On en a déjà des preuves. Le Padduc par exemple.

 

Aucun candidat à cette présidentielle, sauf un ou deux « petits » qui n’avaient aucune chance, n’a pris aucun engagement. Ils ont d’abondance flatté notre spécificité, bredouiller sur le bilinguisme, fait l’impasse sur le statut de résident et « une fiscalité à voir », pulvérisé un parfum de Girondin… donc rien pour assurer la transmission de la langue corse, ni pour la terre.

Malgré tout, Ségolène Royale est à remercier pour le parc marin du Cap Corse, après celui des bouches de Bonifaziu mais c’est peu par rapport à la prédation spéculative qui déferle derrière la banderole du développement économique. Quant à la fiscalité, Bercy au nom de  l’égalitarisme républicain ne lâchera que quelques piécettes dans la sébile tendue… on est dans la seringue de la République jacobine.

Or il y a urgence historique.

Tout retard sur la route de notre histoire de Peuple diminue les possibilités de survie.

Dramatisation ? Non, je pense que le tempo du présent ne mesure pas les risques de l’avenir qui ont une autre échelle de temps.

 

En 50 ans, notre ruralité s’est effondrée et toute l’évolution «moderne » touristique sans garde-fou accélère le déclin du Peuple Corse. Le tempo historique n’a rien à voire avec des transes électoralistes. Le sauvetage du Peuple est une révolution bien sûr démocratique et radicale.

Il lui faut balayer toutes les entraves, être une force capable de mobiliser en conscience et en détermination la majorité des Corses. C’est la vocation des natios. Encore faut-il qu’ils soient l’exemple, qu’ils ne soient pas « comme les autres » qui aiment le plus souvent leur Corse mais qui par ignorance, œillères politiciennes et idéologiques, ont une vue de taupe.

Voir trois composantes pour des jeux électoraux n’est ni compréhensible ni tolérable.

Dès le mois de juin, de la cohérence non seulement pour une victoire électorale aux territoriales mais surtout pour des avancées historiques par les combats à mener.

 

Max Simeoni.