Chronique d’un procès historique

Le soutien de l’Assemblée de Corse

Jordi Cuixart risque jusqu’à 25 ans de prison pour avoir plaidé en faveur du référendum d’autodétermination. Il est président d’Omnium Cultural, une association qui oeuvre pour la défense de la langue et de la culture catalanes.

Arritti poursuit sa chronique hebdomadaire sur la situation en Catalogne pour relater le procès de Madrid où sont actuellement jugés 12 membres du gouvernement catalan et de la société civile catalane pour avoir simplement appliqué le programme politique pour lequel ils ont été largement élus, ou pour avoir défendu le droit de leur peuple à choisir son destin.

Manifestations, grèves, rassemblements, les Catalans se mobilisent quotidiennement et toujours de manière incroyablement pacifique pour protester contre ce procès inique, pendant qu’à Madrid les auditions des prévenus se poursuivent.

« La seule violence qui a eu lieu le 1er octobre 2017 était celle exercée par la Police espagnole et la Guardia Civil » a dénoncé l’un des prévenus Jordi Cuixart*. Et chacun a en mémoire ces scènes de brutalité où jeunes ou personnes âgées, femmes et enfants autant que les hommes ont été matraqués par la police avec une violence inouïe. « Le droit de grève se gagne en faisant la grève, le droit de manifestation se gagne en manifestant et en Catalogne, le droit de vote, en votant. Ce que nous avons fait le 1er octobre était un exercice de dignité collective. Nous ne renoncerons pas à l’exercice des droits fondamentaux» a dit aussi Jordi Cuixart qui déclare devant ses juges : « j’ai déjà fait 500 jours de prison, ma priorité n’est plus de sortir de la prison. Je suis un prisonnier politique, et ma priorité est la solution du conflit ». Depuis le début du procès le calme extraordinaire, la dignité et le courage des prévenus forcent le respect.

 

Dans les rues de Barcelone, les habitants se regroupent pour assister au procès devant des écrans géants. « L’autodétermination est un droit pas un crime » ne cessent de proclamer les Catalans. «Merci à tous pour répandre ce message de liberté au monde entier.

Nous ne faiblirons pas jusqu’à que tous les prisonniers politiques et les exilés rentrent à la maison ».

Et comme partout en Europe où l’on sait ce que signifie de devoir se battre pour la liberté et la dignité d’un peuple, comme en Corse aussi le 12 février dernier, en Bretagne, en Catalogne Nord, en Alsace, en Pays Basque, en Occitanie, en Savoie, tous les militants de la Fédération Régions & Peuples Solidaires organisent des rassemblements pour dénoncer ce déni de démocratie.

L’Exécutif de Corse et les élus nationalistes ont arboré un ruban jaune durant la session, symbole de solidarité envers les prisonniers politiques et les exilés catalans.

L’Assemblée de Corse a adopté une nouvelle motion à l’unanimité, présentée par les groupes de la majorité nationaliste pour soutenir les prisonniers politiques catalans dans ce combat qui dépasse leur avenir ou même le seul avenir de la Catalogne, et qui interpelle chaque citoyen soucieux de préserver la démocratie en Europe. Ainsi, aux termes des considérants, «L’Assemblée de Corse désapprouve les poursuites pénales engagées contre les dirigeants catalans élus et les responsables associatifs ; Demande la libération de ceux-ci et l’abandon des poursuites à l’égard des responsables catalans exilés ; Appelle les responsables politiques européens à s’engager dans la recherche d’une solution politique et démocratique à la crise catalane ; Réitère son soutien à tout citoyen catalan à qui ses opinions politiques ou ses convictions quant au statut de la Catalogne pourraient être reprochées ».

Les militants catalans assistent au procès devant un écran géant.

José Bové s’est rendu à Madrid pour soutenir les prisonniers politiques catalans devant leurs juges. En novembre dernier, il avait déjà visité les prisonniers catalans dans leur prison. Il avait dénoncé « l’aberration au regard du droit européen et des valeurs de l’Union Européenne » leur incarcération et la perspective de ce procès.