Ghjustizia

Yvan Colonna devra sortir un jour de prison

L’événement qui s’est déroulé à la prison de la Santé la semaine dernière n’est pas anodin. Quel intérêt pour Yvan Colonna à se faire mal voir des juges, alors qu’il pourra prétendre à la liberté conditionnelle l’an prochain? Aucun.

Quel intérêt pour l’administration pénitentiaire à bousculer son quotidien, sinon provoquer sa colère, en cherchant prétexte pour justifier peut-être, demain, le statut de DPS et donc son maintien en détention? L’envoi injuste «au mitard» dont il a été victime ne s’explique que par la volonté d’inscrire de mauvais points à son dossier pénitentiaire en vue de ses futures demandes de libération conditionnelle, ou de rapprochement en Corse.

Heureusement, Yvan n’a pas cédé à la provocation de ses bourreaux, et a protesté par les seuls moyens démocratiques en sa possession: sa propre mise en danger physique, en décidant sur le champs une grève de la faim et de la soif. Les soutiens se sont manifestés immédiatement et l’administration pénitentiaire a dû retirer sa sanction.

Un jour il faudra bien que l’État convienne qu’Yvan Colonna clame son innocence depuis toujours, qu’aucune preuve matérielle n’a jamais pu être apportée, qu’au contraire ces preuves font état de faits qui écartent sa culpabilité (l’empreinte inconnue par exemple retrouvée dans le véhicule qui a transporté les gendarmes pris en otage par le commando pour dérober l’arme du crime, ses relevés téléphoniques, les contradictions de l’enquête, etc.), que les expertises balistiques ne correspondent pas à la taille attribuée au tireur, que les témoins du crime l’ont innocenté (dont un ami du préfet assassiné), que ceux du commando ou leurs épouses qui l’ont accusé dans un premier temps se sont rétractés, qu’il a été démontré que ces accusateurs avaient subi des pressions par les policiers en garde à vue pour «charger» Colonna, qu’après trois procès, le doute plane toujours sur sa culpabilité, au point que le tribunal n’a pas assorti sa condamnation d’une peine incompressible, qui était pourtant réservée au tireur, qu’il a payé déjà de 22 années de sa vie ce crime, que l’on ne rendra pas justice au préfet et sa famille en faisant payer un innocent, que rien ne justifie le maintien de statut de DPS si ce n’est la vengeance d’État, et qu’il faudra bien qu’il sorte un jour de prison. •

Fabiana Giovannini.