« La démocratie est notre seule et unique chance de vivre et de prospérer dans une société normale », disait Edmond Simeoni sur son blog le 18 juillet 2016, « il faut remplacer le commerce frelaté des suffrages par des pratiques, désintéressées comme l’entraide, – familiale et sociétale –, ou encore aider les jeunes à être éduqués à la responsabilité, au travail, au partage ; à se former, à trouver librement des emplois privés ou publics ou encore renforcer les démarches collectives pour la solidarité, la lutte contre la précarité ; ou encore montrer par l’exemple ou dans des associations, la lutte contre l’ignorance. Il faut débarrasser la vie publique de ce fatras de paternalisme, d’assistance, de pseudo-amitiés de façade ; il faut réhabiliter le suffrage universel, le dialogue, la dignité, le respect, les luttes démocratiques non-violentes. » Edmond n’a cessé de prodiguer ce type de message pour guérir le peuple corse des travers du clanisme. Et ce message est toujours d’actualité. La démocratie reste un combat qu’il faut gagner. En 1995, à travers son livre « Corse, la volonté d’être » il indiquait le chemin pour bâtir cette nation libre et émancipée à laquelle nous rêvons. Son socle : la démocratie, urgence vitale.
«La démocratie doit naturellement faire l’objet d’un engagement spécifique et fort. Il faut la faire vivre de manière concrète. Sa défense n’est pas la chasse gardée des professionnels de la revendication, de la pétition ; elle doit être l’arme absolue des femmes et des hommes qui veulent vivre debout, dignes et libres. Associations, cercles, mouvements, individus doivent signifier haut et fort le refus de l’assistance, de l’aliénation, des listes électorales boursouflées, des trocs indignes – un suffrage contre un service –, des injustices, des fraudes multiples, des adjudications trafiquées. S’insurger, pacifiquement mais fermement, contre des pratiques inacceptables : le même individu ne peut être donneur d’ordre public et le bénéficiaire masqué par de prête-noms de cet ordre ; l’argent public ne peut pas être utilisé pour corrompre des élections, acheter des silences ou des complicités ; le trafic d’influence doit cesser ; les organismes sociaux ou professionnels ne peuvent faire l’objet d’OPA par hommes liges interposés de la part du système politique ; nous devons prévenir ou combattre les monopoles, les cartels ou domine le couple « politique-entreprises » ; nous devons refuser la multiplicité des casquettes publiques et privées qui organisent une véritable mainmise sur la société ; la démocratie est une exigence vitale pour l’avenir de la Corse et pour la paix. Vitale et urgente.
Mais cette entreprise de salubrité publique n’aura de sens, de prolongement durable que si des femmes et des hommes s’engagent davantage dans le civisme ; il nous faut interpeller les élus qui sont sains, et ils sont nombreux, pour leur demander d’initier ou de rejoindre des démarches de moralisation avec la mise à plat de toutes les matrices électorales puis leur surveillance, avec le contrôle strict des moyens financiers et des marchés, etc.
(…) Si les avis divergeront, et c’est heureux, quant à l’analyse ou aux propositions que ce livre expose, l’unanimité se fera sans doute aisément sur un constat : l’île est en perdition totale ; non pas tellement au regard de son retard économique, de ses structures inadaptées, de ses tâtonnements ; non, l’essentiel du problème est ailleurs, au cœur d’une société qui, n’ayant que trop rarement connu la démocratie et le civisme, a progressivement égaré ses régulations élémentaires, ses valeurs, ses repères. La société corse ne produit plus de sens, elle n’est plus que le lieu géométrique de la juxtaposition, voire de la confrontation des intérêts particuliers.
Certains s’en accommodent ou, découragés par l’ampleur et la complexité du problème, renoncent ; c’est leur droit, mais ont-ils pleinement conscience qu’il s’agit là de la politique du pire et que rien de durable ne s’est jamais bâti sur le renoncement ou le repli sur soi.
D’autres, les plus nombreux, je l’espère, réagiront à travers des initiatives, démarches, organisations diverses, gages de l’indispensable pluralisme. Mais au-delà de cette diversité, leurs chemins respectifs convergeront immanquablement vers un point d’accord : l’impérieux devoir de souscrire, vite et de manière concertée, à la construction de la démocratie, à la réhabilitation de la morale publique, à la revalorisation de l’éducation. Seront ainsi préservées, à travers ce soubassement majeur, les chances d’évolutions vers une société fonctionnant de façon normale. Chacun pourra alors défendre et faire valoir ses choix, dans le dialogue et la tolérance vrais. J’ai pour ma part choisi la voie de l’émancipation nationale. » •