par Max Simeoni
La crise du Covid19 est médicale. Le virus a pointé son nez d’abord en Chine lointaine. Les gouvernants des pays de tout l’ouest ont pensé avoir le temps de voir venir. Pas d’affolement, comme celui au début du VIH californien importé depuis des singes africains, sans traitement il tuait. Il est toujours présent mais bien muselé par la trithérapie. Il ne terrorise plus. On sort « non couvert » le plus souvent.
Le coronavirus nouveau a testé notre incapacité. La crise sanitaire a pris de court le gouvernement sans masques et sans tests pour le diagnostic. Il minimise le risque pour minimiser sa responsabilité. La pandémie se répandant vite il en est réduit au confinement, au couvre feu et aux gestes barrières. Dans la crise économique et sociale qui en résulte, il tente de relâcher tant soit peu les interdictions et de s’en tenir aux activités primordiales. Alimentaires d’abord évidemment, mais par les grandes surfaces. Les commerces de centre ville qui craignent la faillite crient à l’injustice. Ce virus appuie là où ça fait mal. Les hôpitaux manquent de lits de personnels, des opérations déprogrammées, des malades ventilés aux quatre coins du pays et même en Suisse… On commence à évaluer le nombre de décès dus aux retards des traitements en cancérologie ou autres pathologies. Sans doute plus que le virus. Etc., etc.
Rares sont ceux à qui la crise économique profite comme les colis postaux qui battent des records avant la venue du Père Noël qui se dépanne par les commandes sur internet, au détriment hélas des commerçants des centres villes… Mais des opportunismes moins innocents ont jailli. Une course de vitesse entre laboratoires pour sortir un médicament comme ce laboratoire américain qui a vendu sa molécule à de nombreux États et aurait encaissé des centaines de milliards alors qu’il savait que les essais préalables n’étaient pas bons. Comme actuellement les gouvernants se jettent dans des campagnes de vaccinations avec le premier vaccin proposé, entraînant questions et doutes…
Ce Covid19 a déclenché des polémiques en cascades d’experts virologues titrés ou d’institutions érigées pour conseiller les gouvernants. Ils se sont écharpés. Ils ont truqué, manipulé les données scientifiques. Le Pr Raoult proposait un médicament, dit-il intéressant en tout début de l’infection par le virus. On lui reproche une insuffisance d’essais. On met son médicament dans des tests en phase terminale pour prouver son inefficacité. Sans pouvoir trancher, je ne peux m’empêcher de penser que s’il avait raison, tester largement pour diagnostiquer tôt et traiter à la chloroquine médicament bon marché pourrait être un manque à gagner pour certains labos et experts. Je ne me permets pas de juger le dossier technique, je n’ai aucune compétence, mais ces polémiques autant politiques que financières me révulsent. Je croyais que les fausses informations dans le domaine de la santé orchestrées, même si des erreurs de bonne foie sont toujours humainement possibles, étaient d’un passé révolu à l’heure des sources d’informations multiples. Les réseaux sociaux avec lesquels on ne peut plus rien cacher sont devenus le moyen de tout déformer et de manipuler avec des arrières pensées coupables. La démocratie va-elle devenir une croyance pour des attardés ? Que pourra être la nature de la gouvernance post démocratique ?
Les gouvernants parlent d’aides pour soutenir au mieux les activités économiques en souffrance ou menacées de faillites. D’aides et de relances… Le pouvoir local, « qui ne fait pas la loi » a dit Macron, veut aussi aider et tenter de relancer. Mais si c’est pour tenir le coup afin de revenir à la situation antérieure c’est une promesse qui est comparable à un traitement d’accompagnement ante mortem…
La coalition nationaliste a comme but légitime de sauver le Peuple Corse sur sa Terre et non de gérer le déclin de son Peuple imposé par le cadre du colonialisme jacobin. Il faut changer ce cadre. C’est une priorité absolue. Il faut que les élus locaux puissent faire la loi. Il faut changer la Constitution pour obtenir les moyens de la reconnaissance de ce Peuple et de ses droits imprescriptibles.
La Corse est la dernière colonie à décoloniser de l’Empire français. Une colonisation par assimilation comme un boa qui absorbe et digère sa proie lentement. Il y a d’autres régions et communautés historiques de l’hexagone qui soufrent de cet impérialisme jacobin mais malgré les soubresauts le Peuple Corse est menacé de disparition le premier et dans un temps sans doute assez court d’un point de vue historique. Quelques décades si on continue ainsi.
Le survol des 250 années de présence française après sa conquête par les armes est éloquent.
En 1818 elle inflige pendant 95 ans la loi Douanière qui empêche tout développement économique et la fait régresser. Elle y met fin en 1913 la veille de la « grande Guerre ». L’île y perd 12 à 14.000 hommes et autant d’estropiés de 20 à 50 ans, une grave saignée démographique dans le réservoir d’habitants qu’elle continue à vider pour l’encadrement de son Empire. En 1960, il ne reste en Corse que 160.000 hab. et l’exode continue. En 1962 le Général De Gaulle signe à Evian l’indépendance de l’Algérie. Le FLNA refuse les essais souterrains pour la bombe atomique dans le Hoggar et la collaboration pour l’exploitation du pétrole de Tamanrasset gisement qu’on vient de découvrir. Il pense transférer les essais à l’Argentella, devant la protestation unanime des Corses, il va dans le Pacifique. Réduite à la Métropole, la République s’oriente vers l’Europe à construire entre deux blocs l’URSS et les USA qui ont éradiqué le fascisme d’Hitler et se disputent l’influence sur le monde d’après la deuxième guerre mondiale 39-45.
Pour rentabiliser la Corse dans ce nouveau monde, la Datar reliée au Premier Ministre commandite un rapport secret à l’Hudson Institut, grand organisme de prospective américain. Elle choisit la pire hypothèse, qui implique la disparition rapide de ce qui reste de Corses sur l’île par la construction de 250.000 à 300.000 lits à réaliser en une dizaine d’années avec la venue de 70.000 agents techniciens du tourisme. La noyade pour le Peuple Corse. Elle présente officiellement ce plan dans son schéma d’Aménagement de la Corse pour la période de 1971 à 1984 comme une ère de prospérité pour les Corses. Or l’ARC a pris connaissance de ce plan secret et le divulgue. Il est rejeté par tous. L’État républicain fait mine de l’abandonner. En réalité il est mis en œuvre par des moyens indirects. Les chiffres dénoncent les méfaits qu’il occasionne et ne peuvent que se poursuivre dans le cadre des Institutions actuelles.
Le tout tourisme « moteur de l’économie » ? Oui pour surtout des intérêts extérieurs au Peuple Corse, pour sa disparition afin de mieux disposer de son patrimoine naturel d’une île montagne dans la mer.
Les chiffres : 60.000 précaires et autant en voie de le devenir, pour la plus part des autochtones vieillissant, la moitié ou presque des pauvres de l’île selon les critères officiels. Nous sommes montés à 300.000 hab. en moins de 40 ans après avoir accueilli 18 ou 19.000 rapatriés d’Algérie suite aux Accords d’Evian de 1962. 30 % du PIB au moins vient du tourisme. C’est le signe d’un déséquilibre de l’économie. Les insulaires importent plus de 97 % de tout ce qu’ils consomment. Les importations bénéficient de l’Enveloppe de continuité territoriale (devenue DSP), instituée « pour soulager le panier de la ménagère ». Or la vie est plus chère qu’en Métropole.
Pour l’appropriation de la Terre, la République fait jouer la combinaison des remises de frais pour les constructions « à valeur locative » et les crédits bancaires. Ainsi l’île a construit plus de résidences secondaires ces 10 dernières années que dans l’hexagone.
L’île est un marché captif à la merci des producteurs extérieurs et de leurs financiers. Le choix du tout tourisme est celui d’une dépendance coloniale. Il va de soi sans avoir à le dire. Quelques Corses en profitent et servent de paravent. Ces derniers sont des commerçants qui importent et végètent. Ils sont à la merci des grandes surfaces, d’Internet et du coronavirus.
Pour structurer une économie, pour atténuer le déséquilibre croissant des échanges, pour donner un arrière pays producteurs aux villes littorales, pour maintenir et revitaliser un Peuple sur sa Terre, il faut bien sûr pouvoir faire la loi, il faut l’autonomie et la reconnaissance du Peuple Corse. C’est la priorité d’une urgence historique incontournable. La mettre en attente et n’en faire mention que de temps à autre dans des discours convenus relève de l’inconscience qui devient une forme de complicité face au danger.
Cette priorité passe non pas par des coalitions électoralistes mais par un Parti fait pour l’assumer. Un Parti agissant dans le Peuple et mobilisant l’énergie qui lui reste. Oui on ne sauve pas un Peuple par procuration. Chacun de nos jours doit être convaincu de faire ce Parti démocratique de combat civique collectif et déterminé. Allons nous être la génération qui n’a pas pu avoir à temps le réflexe de la survie de notre Peuple ? •