La réserve de Scàndula est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, et elle est un des sites emblématiques pour la biodiversité en Méditerranée et en Europe. À ce titre, elle a été distinguée par le Diplôme Européen des aires protégées du Conseil de l’Europe, attribué par le Secrétariat de la Convention de Berne sur la sauvegarde de la vie sauvage et des habitats naturels.
Le 20 mars 2020, le Groupe d’experts a demandé de ne pas renouveler le diplôme européen, déplorant « le manque de réponses à leurs demandes » et jugeant « qu’aucun progrès n’avait été fait [dans la gestion de la réserve] et que la situation, particulièrement la pression touristique, avait empiré. » Le Comité Permanent de la Convention de Berne vient de se réunir début décembre et a validé la décision du groupe des Experts.
Cependant, concerné à un double titre, en tant que député européen et en tant que maire de la commune d’Osani de 2002 à 2020, sur les côtes de laquelle se situe la réserve maritime, j’ai saisi le Secrétariat de la Convention de Berne dès le 6 mai 2020 et obtenu une première réponse ouvrant la porte à une réattribution du diplôme européen sur la base d’un rapport « sur les progrès réalisés ».
Depuis, la Collectivité de Corse a délibéré le 29 juillet 2020 sur le processus d’agrandissement de la réserve, une des mesures attendues avec impatience par les experts du Conseil de l’Europe, tandis qu’une concertation a démarré avec le services de l’État pour arriver à modifier le règlement de la réserve, vieux de quarante années désormais, afin de limiter définitivement les atteintes constatées sur la faune et la flore protégées, atteintes que le Conseil des Experts a toutes constatées dans le périmètre actuel qui est soumis à la réglementation fixée par le décret ministériel de décembre 1975.
Aussi, avec le soutien de ma collègue du groupe Verts-ALE Michèle Rivasi, j’ai sollicité une réunion, qui a eu lieu via internet le 17 novembre dernier, avec la Secrétaire d’Etat à la biodiversité, Mme Bérangère Abba.
La Ministre a exprimé sa volonté de contribuer à la démarche pour la réattribution du Diplôme Européen du Conseil de l’Europe à la Réserve de Scàndula Elle nous a annoncé un courrier émanant de la Ministre de l’Environnement pour définir un calendrier de refonte du décret actuel de décembre 1975 en vue d’un nouveau décret prévu, compte tenu des nécessaires concertations, pour 2022. À ce jour, je n’ai pas eu connaissance de ce courrier.
Avec Michèle Rivasi, nous lui avons demandé de s’inscrire dans un calendrier plus resserré et d’être dans l’action dès 2021. Les conditions de mouillage des bateaux dans le périmètre de la réserve, sur les herbiers de posidonie, sont un des problèmes cruciaux soulevés par le Groupe des Experts du Conseil de l’Europe. Or le décret de 1975 a déjà été complété par un arrêté du Préfet maritime pour interdire le mouillage de nuit. Élargir cette interdiction à la journée entière par un nouvel arrêté du Préfet maritime est une demande qui peut être rapidement satisfaite, de façon à s’inscrire positivement dans les débats qui peuvent permettre la réattribution du Diplôme européen.
La Ministre a pris note de cette proposition, tout en craignant de faire peser un impact économique négatif sur l’activité de la plaisance très affectée par la crise économique consécutive au Covid-19. Nous lui avons répondu que l’interdiction de mouillage dans la réserve ne s’adresse qu’à la minorité des plaisanciers qui la pratiquent (environ 10 %). La majorité ne fait que naviguer en profitant du cadre somptueux et en ayant à cœur de le préserver. Il n’est pas du tout acquis que cette mesure aurait un impact économique négatif. Au contraire, les enquêtes réalisées indiquent que cette mesure de protection est urgente et qu’elle sera bien acceptée.
En conclusion, les choses ont bougé depuis ce printemps. En Mars prochain, le Groupe des Experts à qui la décision du Comité permanent demande « de prendre en considération les nouvelles informations transmises, en vue, le cas échéant, de renouveler le Diplôme Européen en cas de preuves suffisantes d’amélioration », se réunira à nouveau.
Mon souhait est que chacun accélère le pas afin de garantir un rapide retour de la Réserve de Scàndula dans la liste des sites les plus emblématiques d’Europe pour la biodiversité en Méditerranée. •