par Max Simeoni
Cette semaine, le Parti pour mener à bien la mission du « sauvetage du Peuple Corse » que revendiquent les nationalistes sera abordé, mais sans trop développer car deux thèmes de Corse-Matin du 24 janvier m’incitent à donner mon sentiment.
Les délais pour réfléchir au Parti sont prolongés. Les Territoriales ne se tiendront pas avant juin ; selon Jean Félix Acquaviva, on parlerait de 2022 (?). D’autre part, les déclarations des autorités semblent nous préparer à un reconfinement sous peu. Dans ce cas, qu’elle serait la situation sanitaire, ses conséquences économiques et sociales et les priorités qui en découleraient ?
Le premier thème que je veux évoquer est celui de l’autonomie énergétique et du rôle que l’hydrogène pourrait avoir dans « un mix énergétique » (solaire, éolien, hydraulique).
L’énergie est un élément de base de l’économie d’un pays. Prix et garantie d’approvisionnement sont les facteurs qui garantissent l’indépendance et le développement économique. Ils sont à l’origine de conflits sans fin et de guerres. Les puits de pétrole, « l’or noir », ont mis le feu chaque fois qu’un gisement était découvert et il couve toujours au Moyen Orient. L’acheminent par pipelines au longs trajets ou en mer par navires pétroliers doit être sécurisé en les diversifiant et par des traités internationaux ou… par des porte-avions.
On apprend donc que l’université a, à Vignola, sur la plateforme Myrte des caissons à hydrogène vert couplés avec du photovoltaïque pour « dans un premier temps un prototype qui produise 8 tonnes par jour… avec en projet l’ouverture de plusieurs stations dans plusieurs bassins de vie d’H2 pour les transports lourds… » mais, oui il y a un mais, « tout dépendra des fonds publics que nous obtiendront… »
On a l’opinion d’un expert photo portrait à l’appui, analyste énergie et climat à l’Institut français des relations internationales (Ifri) qui démolit le rôle de H2 « sur l’Ile ». Un réquisitoire très technique dans un panorama de géopolitique mondiale.
Je n’ai pas la prétention de porter des jugements pour ou contre dans ce débat. Mais j’ai quand même une opinion.
Notre université a un projet de recherche pour les Énergies renouvelables et l’H2. Elle fonde ses espoirs sur les fonds publics qui lui seront alloués. Comme elle, toute l’Île ne manque pas d’idées et elle est abreuvée de projets et de promesses non tenues depuis toujours. Un inventaire de ceux-ci nous donnerait le vertige. C’est comme si notre histoire de Peuple sur sa Terre était affectée de la maladie des Tics.
Le deuxième sujet concerne « le tour d’horizon de l’actualité politique » de JF. Acquaviva. Il réfute la critique de l’opposition d’avoir court-circuité l’État. La majorité nationaliste serait responsable des difficultés. Il accuse au contraire l’État d’avoir « foulé aux pieds les engagements pris » pour la spécificité économique corse du tourisme en proie à l’épidémie. Même forte dénégation pour la gestion des déchets et affirmation que le projet d’une Compagnie régionale sera poursuivi même si la crise sanitaire a retardé la mise en place de la Semop qui doit servir de cadre juridique. Et si « une évolution de type mafieux » s’ébauche, elle préoccupe les députés natios, d’où la demande au Ministre d’envisager « un délit d’association mafieuse ».
Je cite rapidement ces thèmes traités par le député pour surtout revenir sur son constat affirmé que « ce durcissement de l’État ne se limite pas à la Corse… le pouvoir a beaucoup de mal avec les corps intermédiaires »… la période sanitaire aggravant les difficultés.
Le durcissement de l’État « existe partout ailleurs » ? On peut imaginer que le Président Macron se raidit car pour se faire réélire, s’il n’a pas d’opposants structurés, s’il a une majorité LREM à la Chambre des députés, elle commence à douter et elle est peu dynamique. Le Président a comme relais sur le terrain ses Ministres bien plus que ses parlementaires, me semble-t-il. Les courroies de transmissions des clans ont disparu. Son caractère autoritaire a été mis en évidence dès le début avec l’anniversaire de la mort du Préfet Erignac. Un tel montage de concert avec Chevènement qui pouvait l’imaginer ? Croire que cela pouvait rétablir l’aura de l’État et rendre rouge de confusion des « élus locaux… qui ne font pas la loi » ? La période de grâce après son triomphe électoral a sans doute amplifié son geste. La jaunisse des gilets aux ronds points a sifflé la fin de cette griserie. Le contexte de l’épidémie souligne les faiblesses des dirigeants mais peut aussi servir d’excuse s’il débouche sur une catastrophe générale. On n’y est pas encore mais on ne peut pas l’écarter non plus. Les Territoriales en 2022 avant les Présidentielles pourraient mettre en évidence la faible implantation du Parti du président. Ce risque à éviter ?
Les limites qui se posent aux coalisés natios majoritaires tiennent surtout au fait qu’il manque un Parti au sein du Peuple Corse. Un Parti qui éclaire l’origine de la maladie des Tics de notre Peuple, qui arrive à le convaincre qu’il faut agir dans tous les domaines possibles économiques, sociaux, culturels, électoraux, associatifs, ne rien laisser aux système des clans et des jacobins, ou de tout autre intérêt particulier prospérant au détriment de l’intérêt général. Bref, ne pas s’incliner devant n’importe quelle domination. Aspirer à rester libre, digne et au mieux maître de notre destin commun. Le Parti salvateur, libérateur, est le creuset de l’intelligence collective et de la détermination des Corses qui ne peuvent rien déléguer. Cela revient à dire qu’ils doivent être l’exemple d’une démocratie réelle pour un combat difficile où chacun trouve sa place pour donner le meilleur de lui même dans la transparence, la confiance, la solidarité, se vouloir chacun et ensemble « fratelli di fede », fede d’una Corsica per tutti i nostri figlioli.
Un Parti qui, face aux dominants et à l’État, obtienne la reconnaissance du Peuple Corse et, avec l’Autonomie, les moyens de lui assurer sa survie. •