Edmond Simeoni avait foi en la démocratie et en la capacité du peuple corse à écrire son destin. C’est pourquoi il avait dit un jour à François Mitterrand qui l’interrogeait sur ce qu’il voulait pour la Corse que si on lui donnait à choisir entre autonomie et démocratie, il choisirait sans hésitation la démocratie.
Le 25 septembre 2017, il écrivait ce texte sur le droit à l’autodétermination du peuple corse, c’est-à-dire le droit à choisir son destin.
« Soyons clairs. Tout le monde est d’accord dans le monde, et en Corse naturellement, sur un principe universel, sans exception : le Statut politique final de toute processus d’émancipation doit être choisi par le peuple, qui, consulté librement, se détermine librement. Ce processus porte un nom, l’autodétermination et ne préjuge, en aucune façon, du choix que le peuple effectuera in fine.
Se réfugier derrière ce prétexte pour justifier l’immobilisme, le conservatisme étroit, est dérisoire ; en fait, il masque mal une crainte de la liberté que le peuple corse choisirait et validerait ; la droite qui, en fait ne fait pas confiance au peuple, préférerait sans doute ne pas le consulter et régler le problème avec l’État dont l’opposition à une solution démocratique, garantissant nos droits et les siens, est totale, avérée.
Les uns et les autres préfèrent le statu quo colonial et les progrès de l’émancipation en Corse, validés désormais par des scrutins démocratiques, les consternent. Leur politique de « containment », source de tant de drames inutiles, a duré cinquante ans et a enfin échoué.
Que la Corse ne compte actuellement que environ dix pour cents d’indépendantistes, que l’Union européenne compte des dizaines de statuts d’autonomie, stable, paisibles et efficaces, que le contrat passé à Corti entre forces nationalistes, revendique l’autonomie interne, sur une période de dix ans – forme à la fois de liberté relative mais aussi d’appartenance à la République française qui conserve ses pouvoirs régaliens dont notamment, la Défense Nationale et les Affaires étrangères –, que la violence soit totalement exclue de la lutte, exclusivement pacifique, que la démocratie, la paix, le dialogue soient le socle de la revendication populaire, ne peut apaiser les tenants du « front du refus ». Qui ont d’autres motivations évidentes. En fait, leur credo, inavouable et impossible à assumer, est « en arrière toute ».
Heureusement qu’ils sont de moins en moins nombreux à droite et à gauche, à participer à ce refus d’évolution et qu’ils sont nombreux, à droite et à gauche, à revendiquer l’Autonomie interne.
La base est large pour une convergence des forces de progrès, acquises à la novation et à l’impérieuse nécessité d’un profond changement de culture politique. Le clanisme a été le fossoyeur de la démocratie ; celle-ci, seule, peut sauver notre peuple et lui garantir sa survie et le développement durable, dans le cadre de l’Union européenne, de la Méditerranée et du monde. La marche vers la liberté, la justice est désormais inexorable. Enfin, et ce n’est que justice. » •