Pollution aux biomédias en Méditerranée

Lutter avec les associations Surfrider et Mare Vivu

Depuis fin de l’année 2020, de nombreux riverains alertent les associations et les élus sur un nouveau type de pollution plastique échoué sur les plages du Lido de la Marana près de Bastia. Les biomédias, rondelles de plastique de taille et forme variables, sont utilisés au sein des mécanismes des stations d’épuration et sont souvent jetés une fois arrivés en fin de vie, ne pouvant pas être recyclés. Plongés au sein de grandes cuves d’eau, ils servent de support pour aider certaines bactéries à proliférer et ainsi améliorer la purification de l’eau. Les biomédias constituent une pollution de surface contrairement à la majorité de la pollution plastique qui est plus susceptible de tomber au fond des océans.

 

En 2010, l’association Surfrider commence à s’intéresser à la pollution aux biomédias présente dans le Golfe de Gascogne, également repérée à un niveau mondial. Les stations d’épuration ou encore les stations de pisciculture, de viticulture sont alors identifiées comme origine de la pollution de la Méditerranée aux biomédias. Surfrider effectue dès lors un travail d’accompagnement des stations d’épuration pour prévenir les fuites des biomédias, et un travail de plaidoyer pour obtenir des mesures pour lutter contre cette pollution.

Cette action est également partagée par l’association Mare Vivu* créée en 2016 alors que fin 2020, l’arrivée massive de biomédias sur l’île est particulièrement visible sur les plages du Lido de la Marana. Après plusieurs actions de collecte sur le littoral en février 2021, Pierre-Ange Giudicelli, le coordinateur de l’association Mare Vivu, a mis en place une carte interactive de la présence des biomédias grâce à un réseau d’alerte citoyen. Il a également souhaité que l’éclairage soit fait sur l’origine de la pollution : « C’est Acqua Publica qui, après avoir examiné leurs installations, a estimé leurs pertes dans le milieu naturel à 2,5 millions. Le réseau d’alerte citoyen que nous avons mis en place a permis quant à lui de recenser quelques centaines de milliers de biomédias. Nous n’avons pas de preuves de pertes venant d’autres stations en Corse, mais les pollutions aux biomédias frappent effectivement le littoral corse dans son ensemble depuis de nombreuses années. Nos observations sur le terrain tendent à montrer que ces pollutions sont en augmentation. C’est une pollution qui se disperse très vite et qui est très persistante. » À Bastia, l’origine de la pollution est un accident datant de mars 2020 à la station d’épuration de Bastia Sud dont les défaillances techniques ont été corrigés afin d’éviter de nouvelles pollutions accidentelles. Cependant, l’on compte encore aujourd’hui des vagues de pollution sur le littoral portées par les courants, plus d’un an après l’accident de la station de Bastia Sud, et plus de trois ans après l’accident de la station de Salerno en 2018.

 

Bien heureusement, cette pollution est très facile à prévenir car sa cause est à présent parfaitement identifiée. Il reste donc aux autres parties prenantes de faire évoluer les procédés de filtrage de l’eau afin de limiter la pollution accidentelle de la Méditerranée car les biomédias ne sont pas essentiels au fonctionnement des stations d’épuration qui peuvent utiliser d’autres mécanismes comme l’épuration à la roche volcanique.

Aujourd’hui, l’objectif des associations Mare Vivu et Surfrider est la mise en place d’une législation à l’échelle française et européenne pour éviter des nouveaux épisodes de pollution. Ils souhaitent également pouvoir mieux connaitre les processus d’épuration et la liste des stations utilisant les biomédias, mieux connaitre l’origine des défaillances au sein des stations et offrir une meilleure formation des techniciens s’occupant des mécanismes impliquant des biomédias pour éviter de nouveaux accidents. Le cas de la Corse peut faire évoluer la législation française et européenne sur une pollution qui concerne aujourd’hui l’ensemble de la Méditerranée. Il y a donc une nécessité de travailler sur la prévention et non pas seulement de collecter la pollution accidentelle aux biomédias, tout en faisant évoluer la législation à ce sujet. •

Pauline Boutet-Santelli.