Pays Basque

Faire aboutir enfin le processus de paix !

Plus de 2000 personnes ont manifesté à Bayonne pour la libération des prisonniers politiques* à l’appel des collectifs Bake Bidea (Chemin de la paix) et des « Artisans de la paix ». C’est un rendez-vous annuel qui se heurte à l’intransigeance des États français et espagnol. Au Pays Basque Nord (Iparralde) et au Pays Basque Sud (Euskadi) où les rassemblements ont été nombreux également dans tout le pays, les mobilisations sont continuelles (marches, chaînes humaines, manifestations…). Du désarmement à la dissolution d’ETA, le processus de paix a été parfaitement respecté côté basque, toute la société basque, tout le peuple basque réclame « une paix juste et durable », mais Madrid et Paris continuent de faire la sourde oreille dans une attitude totalement irresponsable. Madrid a fait quelques efforts pour rapprocher les prisonniers mais leur libération n’est pas à l’ordre du jour. Quant à Paris, le gouvernement reste complètement fermé à toute négociation. Rappelons notamment que trois hommes Jakes Esnal, Henri Unai Parot et Ion Kepa Parot (citoyens français) sont emprisonnés depuis 32 ans !

 

« De jour en jour, la volonté d’un vivre ensemble grandit au sein de la société basque. Mais ils semblent encore loin les pas que devraient franchir les Etats français et Espagnol. Nous leur demandons d’agir avec maturité et responsabilité, d’en finir avec les mesures d’exceptions et de permettre le retour des prisonnier.e.s et exilé.e.s. » Ainsi s’exprime le collectif « Artisans de la paix » créé dans la suite de la conférence internationale d’Aiété, en otobre 2011, et de l’annonce d’ETA quelques jours plus tard de mettre fin à la lutte armée. Des associations, des militants, des victimes d’attentats, des représentants politiques, des citoyens de tout bord s’étaient alors rassemblés en faveur de la résolution du conflit. Ils ont créé le collectif des « Artisans de la paix » pour, en premier lieu, puisque les États continuaient à ne pas vouloir négocier, organiser et contrôler le désarmement, avec un soutien international. Plusieurs personnalités ont pris en main cette situation délicate, dont Michel Berhocoirigoin (figure du monde agricole, fondateur du syndicat ELB, hélas récemment décédé) et Jean Noël Etcheverry dit Txetx (militant écologiste, personnalité du monde associatif alternatif basque), ont pris contact avec ETA et se sont posés en « artisans de la paix ». En 2016, ils permettent ainsi la mise hors d’usage de 15 % de l’arsenal militaire d’ETA. Ils sont arrêtés avec d’autres militants, puis libérés suite à une forte pression populaire, mais aussi internationale (notamment des actions menées au Parlement européen par l’ALE et le groupe Friendship Basque, animé entre autres par l’eurodéputé de la Corse François Alfonsi). Le collectif s’élargit à plusieurs personnalités et le 8 avril 2017 ils organisent une « journée du désarmement » qui rassemble des dizaines de milliers de personnes.

 

Le 3 mai 2018, ETA s’auto-dissout. Plus rien ne s’oppose depuis à l’aboutissement du processus de paix, par la mise en œuvre d’une solution politique négociée et la libération des prisonniers, si ce n’est l’intransigeance de Madrid et de Paris. Pour que cesse ce mépris, seule une mobilisation encore plus large, de soutiens venus de toute l’Europe pourra faire fléchir les gouvernements espagnols et français. Sulidarità è libertà, pè a pace in Euskal Herria ! •

 

* L’Espagne compte près de 250 prisonniers politiques basques, dont près d’une quarantaine en France.