On connait Pontevedra, la capitale de la région autonome de Galice, pour ses réalisations en matière de mobilité innovante et d’un mieux-vivre où le piéton est roi, elle est aussi très performante en matière de traitement des déchets.
Depuis 4 ans, Pontevedra et sa province (61 communes pour 960.000 habitants) s’illustre avec son projet « Revitaliza » de développement d’un compostage décentralisé, basé sur la proximité.
En 2017, la province fait partie des derniers de la classe dans une Espagne qui brûle toujours ou met en décharge ses déchets. 9 % seulement des déchets sont triés, les 91 % autres sont transportés à une centaine de kilomètres pour être incinérés pour 70 % ou mis en décharge pour les 20 % restant. Bref, un mode de traitement coûteux et très polluant.
La province décide alors de mettre en place le tri et le recyclage des biodéchets, soit 56 % des déchets produits (45 % de déchets alimentaires et 11 % de déchets verts). Mais plus qu’un mode de traitement durable, la province mise sur un procédé responsable et participatif, basé sur un effort de proximité de la part de chaque citoyen. Avec 50 % de la population vivant en zone rurale, le projet appelle à la responsabilisation des collectivités pour la mise en place de points de compostage et de collecte. La population est invitée à y apporter ses déchets verts, diverses options lui sont proposées : 1/ un compostage individuel au moyen de composteur domestique en zone d’habitat diffus sur des territoires de 100 à 1000 habitants. 2/ un compostage partagé au moyen de bacs à compost collectifs, pour les secteurs de 100 à 1000 habitants plus denses ou peuplés de plus de 1000 habitants. Idem pour l’hôtellerie, la restauration, les cantines et toute institution produisant de grandes quantités de déchets. 3/ des usines locales de compostage dans les zones densément peuplées pour traiter de plus grandes quantités, comme dans la ville même de Pontevedra. Plus de 75 % de la population est aujourd’hui couverte par les installations, un suivi des résultats et de recueil des données a été mis en place, géré par les citoyens eux-mêmes, à l’aide d’une application smartphone qui renvoie les informations sur une plateforme web. Cette collecte de données est fondamentale pour bien répartir les sites de compostage, évaluer le matériel nécessaire et les procédés choisis. Les ménages sont formés à l’utilisation des composteurs par les employés de Revitaliza, appelés « maîtres composteurs » veillant à ce que le processus technique se déroule bien, mélange, tamisage, niveau de remplissage, températures, apparitions de larves ou rongeurs… Même chose pour les restaurants, cafés, hôtels, hôpitaux, écoles produisant du déchet.
Les composteurs sont fournis et la formation est gratuite pour les habitants qui s’impliquent et gèrent de manière autonome, mais les municipalités peuvent aussi déléguer à Revitaliza de manière payante la fabrication du compost, dans le cadre d’une mise en place qui peut durer 4 ans.
En 2019, 44 communes sur 60 étaient engagées dans le projet, et 2052 tonnes de biodéchets avaient échappé à l’incinération ou à l’enfouissement. Le coût du traitement était passé de 177 euros la tonne en 2017 à 40 euros la tonne en 2019, malgré un coût d’installation et de formation important la première année (entre 100 et 195 euros la tonne).
Le projet a également créé 44 emplois.
Vilaboa est la ville la plus performante avec près de 100 % de sa population couverte par des sites de compostage.
Quant à la ville même de Pontevedra, elle a vu sa production de déchets chuter de 1200 tonnes (29.478 tonnes en 2019 à 28.282 tonnes en 2020) avec un rythme de production de compost envisagé de plus de 1000 tonnes/an pour l’utiliser dans l’agriculture, la viticulture ou le traitement des sols endommagés. Parallèlement, le tri des emballages, verre et cartons a progressé de plus 4000 tonnes en 2020 !
Encore de belles leçons de civisme en Galice ! •