par Max Simeoni
L’incertitude qui règne, y compris au plan politique – élection du Président de la République dans moins de trois mois, les législatives deux mois après – plombe le contexte électoral insulaire.
Gilles Simeoni avec sa majorité « absolue » voudrait bien avoir comme interlocuteur celui qui sera à l’Élysée. Une foule de prétendants annoncent leur candidature. L’obligation de 500 signatures d’élus la réduira certes, mais il ne faut pas oublier qu’en réalité il s’agit du même cadre d’un enjeu qui concerne toute la République. Le Président élu pour gouverner sans trop d’entraves doit obtenir une majorité à la chambre des députés. C’est l’esprit de la Ve République voulu par De Gaulle pour conduire les réformes importantes qu’il imaginait pour la France. Devant la résistance d’élus locaux, notables à la tête des conseils généraux, il tenta le référendum de 1969 en y mettant le poids de sa démission en cas d’échec, et il démissionna…
Les héritiers gaullistes ont pratiqué la cohabitation espérant reprendre la main. En vain, les jeux politiciens sont bien ancrés, ils correspondent sans doute à un manque de rigueur par rapport à l’idéal républicain affiché. Macron a été le bénéficiaire de cette impuissance. Le système des clans ficelé par les conseils généraux qui s’accrochait au système centralisé jacobin et lui servait d’alibi s’est retrouvé en apesanteur. La Gauche de Hollande sur la touche, la Droite recoure à des primaires, les clans de Droite jouent à qui Juppé, Fillon, Le Maire… Gilles Simeoni peut regrouper une coalition des nationalistes qui prennent les commandes du 4e statut particulier, celui de Cazeneuve, mais les autonomistes ne fusionnant pas malgré un vote unanime en 2017 qui entraîne 14 mois de palabres et la décision de Gilles Simeoni de faire finalement cavalier seul pour élargir son audience, conduire des négociations avec l’État quel que soit son Président et les institutions européennes. Il écoute les postulants à la Présidentielle, engrange des promesses mais il n’a aucune garantie, rien n’est prévisible, je le pense.
Il n’a pas un parti démocratique bien implanté capable de soutenir une démarche politique au service du sauvetage du Peuple Corse en voie de disparition du fait du colonialisme jacobin de la République qui s’en est servi comme d’un réservoir d’hommes, qu’elle a vidé, 160.000 hab. en 1962 date précisément des Accords d’Evian qui reconnaissent l’indépendance de l’Algérie. Le début de la construction européenne, l’État républicain veut rentabiliser l’île de beauté par le tourisme. Il consulte en secret l’Hudson Institut et choisit une option dans ce rapport que l’Hudson Institut avance mais qu’il désapprouve. Investissements massifs et renouvèlement de population. Dévoilé par l’ARC, pris la main dans le sac, il ment et va jusqu’à dénigrer l’Hudson Institut tenu au secret par son contrat avec la Datar.
En réalité, cette politique du tout tourisme et de renouvèlement de population continue mine de rien. Des chiffres officiels l’éclaire sans aucune ombre.
La population de l’île a doublé ces trente dernières années par des apports extérieurs, de 160.000 hab. en 1962, elle atteint plus de 330.000 hab. et les constructions de résidences secondaires sont fortement dopées par le dégrèvement de 30 % des charges à la construction pour des résidences « à valeur locative ». Le tourisme compte pour 20 % au moins dans le PIB insulaire, chiffre exorbitant si on le compare à celui des régions à vocation les plus touristiques de l’hexagone qui ne vont pas au-delà de 6 à 7 % et qui souligne toute la faiblesse du reste de notre économie. À rapprocher des 60.000 précaires, et de ceux en train de le devenir aussi nombreux. Plus de 97 % de tout ce qui est consommé dans l’île est importé avec le bénéfice de l’enveloppe de continuité territoriale pour les transports. Alors la Corse colonie ? ou quoi ?
La majorité « absolue » conduite par Gilles Simeoni est plongée dans cette incertitude générale et du flottement de tous les pouvoirs décisionnaires institutionnels, l’État républicain, l’Europe en mal de devenir, pour ne pas dire tout l’Occident, un retour de Trump, la Russie de Poutine qui ne veut pas d’Otan en Ukraine, la Chine, ce géant qui s’éveille, et la pandémie virale pour tous…
D’un naturel plutôt optimiste, j’ai l’impression qu’on vit une grande crise de civilisation…
La pollution qu’on est incapable de freiner sur terre et dans les océans, la démographie planétaire qui croit exponentiellement et aggrave les problèmes en suspend. Elle est aussi une aubaine pour les virus du monde animal qui ont une masse vivante capable d’accueillir tous les potentiels mutants d’autant plus qu’elle voyage de plus en plus.
Ici dans l’île nous avons les mêmes problèmes sur les bras. Des nouveautés, oui, en apparence !
Le Covid19 qui mute, Delta, Omicron… on lui court après et on a aussi des surprises inattendues. Chaque État d’Europe prend des mesures de limitations de déplacement de ses ressortissants et du coup les touristes français se déversent en Corse par peur d’avoir des difficultés pour retourner chez eux. En fait l’île est le moindre risque pour eux.
Le Corse Matin du 8 janvier titre « Les procureurs militent pour une meilleure justice » et réclament des moyens en magistrats et financiers, ritournelle des corps de l’État, enseignement, hôpitaux, chemins de fer, actions d’anticipation et ne pas se limiter à la répression des auteurs… Mais ce qui est vraiment nouveau a trait à l’indépendance des magistrats du parquet en renforçant le statut des procureurs « une nécessité juridique autant que politique… » le procureur français reste handicapé par des garanties insuffisantes relatives à ses conditions de nomination… préalable incontournable pour restaurer la confiance… dans les décisions prises et l’impartialité de ceux qui sont des acteurs majeurs de la justice pénale. Limpide !!! J’ai toujours pensé que cette indépendance de la justice était un pilier de la démocratie. J’ai eu à connaître bien des situations où elle boitait. Cette indépendance est la principale et la première réforme que l’État républicain se devrait de faire pour se dire démocratique.
Le préfet Robine serait nommé en Corse de nouveau. C’est paraît-il la première fois dans toute l’histoire de la Préfectorale. Lelarge lui va être muté. Son caractère correspondait bien au rôle de garde chiourme qui lui était confié. La « période de grâce » de Macron n’est plus de saison dans celle d’une élection où il faut ratisser large et ne pas accentuer les tensions. Un préfet diplomate s’imposerait donc ? Mais un préfet reste aux ordres du pouvoir politique du moment. Il est un pion qu’on déplace. Il est toujours couvert. Le préfet Bonnet délinquant des paillotes, considéré comme tel par le procureur, n’a jamais été convoqué par un tribunal.
Qui commence à re-plastiquer dans le Sud, et cette semaine au Cap Corse ? Pas de revendication pour le moment. On le saura un jour où l’autre car en Corse tout finit par se savoir.
Ce parti au sein du Peuple Corse pour se soustraire de l’emprise coloniale de la République qui le fait disparaître. Elle a vidé son territoire pour ses guerres et son Empire et l’utilise de nos jours par un tourisme à son profit essentiellement (plateforme d’achat et de revente surtout à Marseille de tout ce qui est consommé sur l’île).
Ce parti implanté et structuré de partout où il y a des Corses sur l’île et dans la diaspora. Il informe les instances de coordination (comité central, cunsigliu supranu où chaque zone géographique régionale délègue deux militants pour le constituer). Cet organe de coordination élit un bureau (président, secrétaire général, trésorier…). Il instruit les candidatures internes et celles pour les élections de la République (maires, députés et sénatoriales…). Il a des réunions suivies avec ces élus.
Il est le carrefour de la remontée des points de vue de chaque région et de leurs particularités (mer/montagne). Les instances décisionnelles ont une connaissance plus précise du terrain, des vallées. Et les régions sont tenues informées pour ainsi dire en temps réels des modalités dont elles sont prises en compte. Les débats d’AG annuelle sont de ce fait bien éclairés pour prendre des décisions dans l’intérêt de toutes les zones régionales c’est à dire du Peuple Corse.
La transparence se réalise le plus possible. Il va sans dire que les statuts de ce parti démocratique unifié à mission historique de sauvetage n’est pas celui de quelque sauveur providentiel car « on ne sauve pas un peuple par procuration ». •