La Conférence de Donostìa sur l’avenir du Pays Basque en Europe.
Au Pays Basque Sud (Communauté Autonome Basque), le mouvement nationaliste est principalement incarné par deux formations rivales, le Parti Nationaliste Basque, qui dirige les trois provinces (Bilbao, Gipuzkoa et Alava), ainsi que la Communauté Autonome, et, pas très loin derrière, EH Bildu, très fortement représenté dans les institutions basques, et qui dirige de nombreuses communes. Les deux organisations regroupent plus de 60 % des voix. Elles ne gouvernent pas ensemble car elles sont idéologiquement différentes (une centriste, l’autre très à gauche), et, surtout elles se sont historiquement divisées sur la question de la violence qui a marqué la vie politique basque jusqu’à la fin d’ETA en 2011.
Cependant les deux formations jusque-là antagonistes se rapprochent progressivement. C’est notamment le cas au Parlement Européen où la députée PNV Isaskun Bilbao et le député EH-Bildu Parnendo Barrena ont participé à créer le « caucus self-determination » de neuf députés, catalans, corse, irlandais et basque.
Lors d’une conférence de presse à Strasbourg, ces députés ont présenté le projet qui les rassemble : instaurer dans l’Union Européenne un « mécanisme démocratique », appelé DEMOC pour Democratic Mechanism Of Clarity, par lequel l’Union Européenne ferait en sorte qu’un conflit de souveraineté au sein de l’Union puisse faire l’objet d’un véritable processus de dialogue et de « clarté démocratique ». Ce qui a fait cruellement défaut en Catalogne par exemple, et qui a conduit à l’impasse politique actuelle.
Les députés ont décidé de déployer leur travail dans deux directions :
– Sur le terrain juridique et institutionnel, pour approfondir les contours de ce mécanisme dont la mise en œuvre est à envisager au niveau de l’Union Européenne, et aussi de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et le Coopération en Europe) ou du Conseil de l’Europe.
– Sur le terrain même des territoires où son application est souhaitée par les institutions locales, par des conférences tenues aussi bien sur place qu’à Strasbourg ou Bruxelles.
La première de ces conférences a eu lieu à Donostia au sein du prestigieux Palacio Miramar qui domine la baie de San Sebastian/Donostia. Elle a mobilisé deux Instituts de recherche, catalan et basque, qui ont présenté leurs premiers travaux. L’idée fait son chemin. Elle a été retenue dans le premier panel des propositions faites par les citoyens sur la plate-forme officielle de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe.
La prochaine conférence pourrait être la Conférence sur l’Avenir de la Corse en Europe à tenir dans un premier temps à Strasbourg avant l’été.
Les progrès de la langue basque dans la vie quotidienne.
Sur 273 communes au sein de la Communauté Autonome du Pays Basque, 251 sont dirigées par des nationalistes, PNV, EH-Bildu et indépendants. Dans la presse du lundi 21 mars 2022, jour de la conférence de Donostia, un article (el Diaro Basco) rend compte d’une enquête financée par ces 251 communes qui sont regroupées dans une même association des « mairies abertzale ». Objet de l’enquête : évaluer l’usage du basque au quotidien dans la rue de ces cités. Résultats paradoxaux : c’est dans les communes les plus bascophones (plus de 80 % de la population) que l’usage a reculé entre 2017 et 2022 (-3 %). Par contre il a progressé dans les communes moins bascophones à la base, mais dont l’euskaldisation est fortement soutenue, notamment par l’enseignement immersif. Autre paradoxe, un recul est enregistré dans le monde rural (communes de moins de 500 habitants, de 83,8 % à 82,3 %) et une progression dans les villes de plus de 10.000 habitants (de 50,7 % à 54,4 %). Le rural reste quand même le cœur battant de la langue basque, mais sa progression en milieu urbain est encourageant pour son avenir.
L’article explique : « les enfants sont ceux qui l’utilisent le plus pour parler entre eux (76,5 %) ; les adolescents le font moins (67 %), les adultes encore moins (56,1 %). Autre observation instructive : les discussions en basque se font préférentiellement en présence des enfants. »
Cette étude nous instruit de deux choses : l’importance de se structurer pour mener des politiques concrètes et efficaces en en assurant un suivi précis ; et qu’Euskadi est en train de réaliser la reconquête de la langue basque par la rue et par la jeunesse. •
Le lycée Seaska Bernat Etxepare de Bayonne encore meilleur lycée de France
Le Parisien du 23 mars dernier a publié le classement établi selon les critères de l’Éducation Nationale des lycées du public et du privé en France. Parmi les établissements privés, c’est le lycée de la filière Seaska d’enseignement par immersion Bernat Etxepare de Bayonne qui arrive en tête : 100 % de réussite au bac, 94 % de mentions, et une « valeur ajoutée » de +35. Ce dernier indice établi par l’Éducation Nationale consiste à caractériser en fonction des profils des enfants entrés au seconde ce que seraient les résultats obtenus par un lycée médian en France. L’indice basque est le meilleur de France.
Nouvelle preuve que l’enseignement par immersion, au nord comme au sud, est la clef du renouveau de la langue basque. •