Jean Christophe Angelini exerce la présidence de l’ADEC au sein de l’Exécutif de l’Assemblée de Corse.
La conférence de presse donnée récemment au siège de l’ADEC à Aiacciu a été l’occasion de faire le point sur
cet outil essentiel que l’ancienne mandature avait totalement délaissé.
Quelle était la situation de l’ADEC au moment où tu en prends la responsabilité ?
JCA : Nous avons commencé par réaliser un audit qui a formulé trois constats, à partir desquels nous avons pris des décisions fortes. Premier constat : l’organisation de l’ADEC en « tuyaux d’orgues » ne permettait aucune transversalité. Nous avons donc mis en place un nouvel organigramme, avec une Direction du développement qui coordonne tous les aspects opérationnels. Deuxième constat : de nombreuses compétences avaient été transférées à d’autres offices ou agences, ou à d’autres structures. Il a été établi un plan d’action pour récupérer, internaliser ou assurer le pilotage de plusieurs politiques stratégiques : observatoire économique, pôle de restructuration économique, ingénierie financière, gestion du Fonds Social Européen, etc. Troisième constat : le budget de l’action économique avait été ramené à seulement 10 M€. Jamais depuis 12 ans il n’avait été aussi faible. Dès cette année, en 2016, nous l’avons augmenté de 45% par rapport à 2015 en crédits de paiement, et nous avons pu ainsi solder les dossiers en souffrance tout en engageant de nouvelles mesures.
Depuis six mois, quelles premières mesures ont pu être engagées ?
Nous avons engagé une révision générale des dispositifs d’aides aux entreprises, pour passer de 23 règlements d’aides à 5 qui seront plus lisibles et plus ciblés. Ainsi, avec la DIRECTE, nous avons refondu 30 mesures d’aides à l’emploi en une seule mesure simple et lisible, adossée à une plate-forme emploi créée en associant Pôle Emploi. Le même esprit nous anime pour ce concerne les outils financiers : il a été créé une mission Ingénierie financière à l’intérieur de l’ADEC, et nous avons fusionné les deux outils Corse Active et Initiative Corse en un seul au service des TPE et PME. Les premières Assises des TPE et PME de Corse ont permis de dégager une ligne de 20 M€ au sein du Programme Exceptionnel d’Investissement, de lancer la création d’un dispositif de détection et d’accompagnement des entreprises en difficulté, de créer un fonds d’un million d’euros pour consentir des avances remboursables, etc.
Quels sont les principaux projets ?
Nous sommes en train d’internaliser au sein de l’ADEC l’observatoire économique pour créer un outil statistique au service de la Corse : Corsica Statìstica. Le chantier-phare de la mandature sera l’élaboration du Schéma Régional de Développement Economique, d’Innovation et d’Internationalisation. Le SRDE2i est au développement économique ce que le PADDUC est à la planification et à l’urbanisme. Il sera le cadre normatif dans lequel devront s’inscrire désormais toutes les aides publiques en faveur de l’action économique. Ce schéma sera concerté avec les EPCI et je compte le présenter lors d’une session dédiée début décembre.
L’ADEC s’engage dans de nombreux partenariats…
C’est effectivement notre démarche. L’action économique ne peut résulter de la seule volonté et de la seule impulsion de la Collectivité Territoriale. Il faut mettre en mouvement et coordonner toutes les forces vives de l’île. Pour cela, un dispositif de conventions de partenariat a été imaginé dans tous les secteurs- clés : convention de partenariat avec Pôle Emploi ; avec les Chambres consulaires ; dans le domaine du BTP pour la modernisation du secteur ; dans le secteur aéronautique ; avec l’Université de Corse pour soutenir la création d’entreprises par de jeunes étudiants, etc. Je souhaite aussi faire de l’Economie Sociale et Solidaire un des moteurs du développement économique en renforçant sa visibilité et son dynamisme.
Comment seront menées les priorités du programme de Femu a Corsica ?
Nous avons fait du Riacquistu Ecunòmicu un axe majeur de notre programme. Il faut lui donner corps : maximiser l’utilisation des fonds FEDER et FSE, poursuivre l’investissement massif dans le haut débit et le numérique, soutenir la conversion écologique de l’économie, assurer le contrôle de l’utilisation des aides publiques et la transparence de leur octroi, etc.. Les chiffres enregistrés en ce début d’année 2016 démontrent une amélioration du tissu économique de la Corse. Il est nécessaire d’engager des actions rapides et résolues pour accompagner ce mouvement.