E riflessioni di Max Simeoni

A febraccia !  Ces élections qui n’en sont pas

par Max Simeoni

 

Ça y est ! L’accès de « febraccia »*, comme disaient nos anciens en parlant des luttes électoralistes, s’est emparé de tout le landerneau politique. Me voilà dépité, moi qui croyais que les nationalistes étaient vaccinés, bien vaccinés…

 

Quarante candidats au premier tour des Législatives du 12 juin dont sept nationalistes. Des trois sortants, un seul – Paul André Colombani – n’a pas de concurrent nationaliste. Les deux autres de Femu, Jean Félix Acquaviva et Michel Castellani, sont contestés respectivement par Lionel Mortini et Petr’Antò Tomasi de Corsica Lìbera. Romain Colonna de Femu, dernier à se présenter, va s’opposer à Jean Paul Carrolaggi de Corsica Lìbera, face au maire d’Aiacciu, Laurent Marcangeli…

Soulignons au passage que si Paul André Colombani n’a suscité aucune défiance, il ne le doit sans doute qu’à lui-même. Il a su travailler en équipe, il a pris toute sa part de boulot. Il est l’exemple, pour moi qui ne le fréquente pas, qu’on peut œuvrer entre nationalistes si on établit une confiance solide.

 

La situation actuelle peu glorieuse découle d’erreurs commises en amont. Les autonomistes en sont les plus responsables. Ils proclament à l’unanimité leur fusion au congrès de 2017 de Corti. Ils sont unis deux mois, plus tard, pour les élections que le quatrième statut Cazeneuve prévoyait, les gagnent et se partagent les leviers de l’Exécutif. Ils ont palabré pour ne pas fusionner, 14 mois de perdus (6 mois de la commission mandatée par le congrès pour une AG fondatrice et vote des statuts et huit mois pour essayer de recoller les morceaux).

De cette fusion avortée des autonomistes, découlent les tensions et l’instabilité actuelle.

On peut penser logiquement qu’une occasion favorable a été gâchée. La suspension de l’action clandestine par le FLNC et un mouvement autonomiste uni, cohérent aurait été la garantie pour toutes les tendances nationalistes. Il aurait été en mesure de permettre l’expression de toutes ses tendances dans la voie démocratique tout en faisant un front commun dressé contre l’État républicain jacobin. L’ensemble nationaliste aurait renforcé la démocratie par des citoyens responsables, l’État français fait la grimace pour reconnaître le droit à la différence car il n’est qu’une démocratie inachevée, mal née, mal formée, à prétention universaliste.

Il me paraît évident que toute avancée démocratique est à terme un progrès pour la cause nationaliste historique de sauver un peuple et sa terre. La déviance électoraliste, « a febraccia »* électoraliste, est d’avantage qu’une simple erreur, volens nolens elle me paraît une faute attentatoire à la cause d’un peuple à sauver menacé de disparition.

Des incendies de paillotes, de maisons, de commerces non revendiqués s’égrènent depuis peu de temps. On pouvait penser au début a du mafieux, ou à de simples concurrences coléreuses. Or ces attentats qui persistent et s’égrènent assez régulièrement ne seraient-ils pas une clandestinité nouvelle qui se manifeste et attend le créneau pour se développer ? Après les élections tout en faisant pression sur l’État central qui a promis de discuter de tout y compris de l’autonomie ?

 

Ce dialogue promis actuellement, souhaité par Gilles Simeoni, l’a sans doute amené pour l’initier à se tailler une majorité sur mesure. Mais les lendemains réservent des surprises. L’assassinat d’Yvan Colonna dans la prison de haute sécurité a déclenché la colère de tous les Corses et chez les jeunes la fureur qui surpris toutes les parties en conflit. Les adultes craignant plus de « malheurs » ne pouvaient que les accompagner pour un peu les calmer. L’État dont la responsabilité allait de soi, les conditions carcérales, de haute surveillance à plus forte raison, était le dos au mur. Vu les élections présidentielles proches, il lui fallait désamorcer dans l’urgence. Il désigna pour ce faire son ministre de l’Intérieur, Darmanin. La promesse d’un dialogue sans tabou partit sur les chapeaux de roues. Un certain calme revenu, le Président réélu pris tout son temps pour trouver une Première ministre, Madame Borne, et des ministres. Il tiendra son Conseil des ministres sous peu. On connaîtra son programme. La Corse attendra la fin du dialogue pour savoir les mesures qui la concernent. Mais le début du dialogue est différé à la fin des élections législatives et vu les contraintes de la mise en place de l’équipe gouvernementale remaniée et celles des groupes du Parlement et des vacances d’été, il n’est plus une urgence pour le pouvoir. Mais il semble l’être pour le Landerneau insulaire pour qui un dialogue sur les rails avec le pouvoir permet de participer à la délégation dialoguante à Paris. Ses composantes veulent exister et ne pas être laissées pour compte selon les résultats du renouvellement des sièges au Palais Bourbon. En matière d’incertitude, tout se tient, tout s’emboite comme des poupées russes.

 

Pour ma part, je vais voter pour le candidat sortant nationaliste. J’en reste à croire que c’est raisonnable pour ne pas aller dans le sens d’une confusion croissante préjudiciable à la cause de notre peuple en passe de disparaître. Core in Fronte ne présentera pas de candidat. Assez lucide pour ne pas plonger au milieu des récifs. À féliciter.

Quel seront les comportements pour le second tour ? Un candidat a dit « je ne ferai pas perdre un nationaliste » mais d’organiser une non-culpabilité est condamnable puisqu’il faut tout faire en amont pour qu’un nationaliste l’emporte.

« Eo sò di Castinetu è mi ritiru ? » Nò sì di u nostru populu, presente senza pricura ! •

 

* Expression des anciens visant à vilipender les élections clanistes qui n’avaient rien de démocratique.