Les États-Unis révoquent l’avortement au niveau fédéral

Un nouveau coup porté aux droits des femmes

C’est une décision historique et lourde de conséquences qui a été prise par la Cour Suprême des États-Unis ce 24 juin. Les juges de cette institution clef du pays sont récemment passés en majorité conservatrice suite à la nomination de trois juges conservateurs par Donald Trump sous son mandat. La Cour Suprême des États-Unis, organe clé de la vie constitutionnelle américaine, a vu la majorité de ses juges passer du côté du camp conservateur.

 

 

En quelques mois, cette nouvelle coalition de juges s’est attaquée à un monument de la jurisprudence américaine : l’arrêt Roe vs Wade, conférant un droit à l’avortement à l’échelle fédérale en 1973. Ce 24 juin, cet amendement a été déclaré caduque. C’est une période obscure qui attend les femmes américaines ces prochains mois. En effet, désormais, chaque État aura à sa disposition la possibilité de légiférer localement sur ce droit : restreindre fortement l’accès à cet acte, voire rendre l’accès à l’avortement illégal. Différentes mesures restrictives vont émerger, propres à chaque État. Une de ces mesures, en cas d’interdiction totale dans l’État de recourir à l’avortement, pourrait être de condamner une femme ayant voyagé vers un autre État pour avoir accès à l’acte.

De nombreuses inquiétudes émergent également concernant l’accès à la contraception d’urgence, l’accès à la pilule d’urgence ou aux pilules abortives par exemples. D’autres menaces plus modernes émergent également, comme la peur de la vente des données privées des applications liées à la santé contraceptive ou sexuelle par les entreprises aux États, leur permettant de repérer les personnes ayant pu avoir recours à un avortement après une période sans menstruations.

 

Un droit depuis longtemps menacé, ainsi que d’autres acquis progressistes. Le Texas avait, en 2021, fortement diminué la période prévue pour pouvoir accéder à l’avortement. Passé de 10 semaines à 8 semaines, cette mesure avait déjà engendré de vives protestations, mettant notamment en lumière l’impossibilité pour beaucoup de femmes de se rendre compte d’une éventuelle grossesse et de recourir à l’acte dans ce délai si court.

Les différentes associations et militants craignent que cette décision ne soit que le commencement d’une série de mesures conservatrices, notamment concernant l’accès à la contraception à l’échelle fédérale. Plus indirectement les droits liés aux personnes LGBTQ+, comme l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, sont vus comme étant sur la sellette.

 

En France et en Corse, mobilisations pour l’avortement. Le droit à l’avortement, conféré par la loi Veil de 1975, n’est aujourd’hui pas ouvertement menacé en France. Cependant, avec la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale offrant pas moins de 89 sièges à l’extrême droite, il est nécessaire de rester fortement sur ses gardes. Marine Le Pen avait déclaré, en 2012 être « contre les avortements de confort ». Une posture qui met en lumière l’ignorance du sujet de la part de l’ex-ex-candidate à la présidentielle, l’avortement dit « de confort » étant une invention des détracteurs de l’acte pour caricaturer les situations complexes et personnelles des femmes y ayant recours.

Cependant, ce qui pourrait se jouer à l’Assemblée nationale ces prochaines années concernerait les modalités effectives de l’acte, dans son remboursement, sa durée ou son application. Une volonté a émané de la part des députés de la NUPES et de la majorité pour faire inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. Cependant, cette inscription aura avant tout valeur de symbole, n’empêchant pas des limitations financières ou temporelles…

En Corse, plusieurs dizaines de personnes se sont réunies à Aiacciu et Bastia devant les préfectures pour protester contre cette décision Outre-Atlantique. La Corse est la deuxième région de France en termes de recours à l’IVG, avec plus de 1200 interruptions annuelles. Une décision de restriction ou de limitation du remboursement de l’acte en Corse impacterait gravement des milliers de femmes, dans la région la plus pauvre de la métropole. •

Léa Ferrandi.